Après 4,5 ans de prison pour contrebande de khat, un Israélien rentre de Turquie
Danny Aweke a déclaré qu'il ne savait pas que cette plante, dont l'usage est légal en Israël, était une drogue interdite à l'étranger
Un Israélien emprisonné en Turquie depuis quatre ans et demi pour trafic de drogue est arrivé à l’aéroport Ben Gurion samedi, après avoir bénéficié d’une libération anticipée.
Danny Aweke, 35 ans, a été arrêté en 2019 parce qu’il était soupçonné de faire passer des feuilles de khat en contrebande dans le pays, et a ensuite été reconnu coupable et condamné à 10 ans de prison. Au cours des derniers mois, sa santé mentale s’est détériorée, entraînant l’intervention du ministre des Affaires étrangères Eli Cohen et du président Isaac Herzog dans le but d’obtenir sa libération.
Après son arrestation, Aweke, qui n’avait jamais eu de démêlés avec la justice, a déclaré à la police turque que les trafiquants qui l’avaient convaincu de transporter du khat lui avaient dit que les feuilles étaient légales. Bien que son usage soit autorisé en Israël, cette plante est considérée comme une drogue illégale dans de nombreux pays en raison de son léger effet narcotique.
Aweke a passé plus de trois ans en prison et a été transféré dans un autre établissement pénitentiaire après avoir été harcelé par des détenus syriens et iraniens qui avaient découvert qu’il était israélien. Il a été assigné à résidence et transféré dans un centre de réinsertion il y a 18 mois afin de réduire la surpopulation carcérale, mais il lui a été interdit de quitter le pays.
« Je tremble d’excitation ; la lutte a été longue et éreintante », a déclaré Aweke à la Treizième chaîne lors de son atterrissage. « J’ai attendu le moment de retrouver ma famille et mes amis. »
Il a remercié Cohen et Herzog, tout en ajoutant : « Je suis personnellement reconnaissant à la députée Pnina Tamano-Shata [du parti d’opposition HaMahane HaMamlahti] qui ne nous a pas abandonnés, ma famille et moi, et qui s’est efforcée de faire en sorte que les fonctionnaires de l’État interviennent en ma faveur. Je remercie l’ensemble du peuple israélien et lui demande de me permettre de me reposer et de me rétablir tranquillement avec ma famille. »
Le ministre des Affaires étrangères Cohen, a déclaré jeudi que « le réchauffement des relations entre Israël et la Turquie a grandement contribué à l’avancement de l’affaire vers sa fin heureuse ».
Selon le ministère des Affaires étrangères, Cohen a récemment intercédé en faveur de Aweke en envoyant à son homologue turc nouvellement nommé, Hakan Fidan, une lettre demandant sa libération pour des raisons humanitaires.
Dans un communiqué conjoint publié jeudi, Herzog et Cohen avaient fait des progrès significatifs, ce qui a conduit les autorités turques à accepter de libérer Aweke le week-end prochain.
« C’est une nouvelle preuve des efforts suprêmes du ministère des Affaires étrangères pour aider les citoyens israéliens », a déclaré Cohen. « Il s’agit d’un cas humanitaire sensible, et je remercie le président Isaac Herzog pour son travail conjoint avec mon ami, le ministre turc des Affaires étrangères Fidan, qui a compris qu’il était urgent de faire avancer la libération de Danny Aweke. »
Selon le site d’information Ynet, c’est un cabinet d’avocats local engagé par un philanthrope juif américain qui a découvert une faille dans le code juridique turc permettant à l’Israélien d’être expulsé du pays au lieu d’y purger le reste de sa peine.
Après plusieurs années de tension entre les deux pays, les relations entre la Turquie et Israël se sont améliorées au cours de l’année écoulée, en partie grâce aux canaux diplomatiques ouverts par Herzog pour obtenir la libération d’autres Israéliens emprisonnés par Ankara. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait se rendre à Ankara en juillet, ce qui aurait été la première visite d’un Premier ministre israélien depuis 2006, mais il a dû repousser le voyage pour des raisons de santé.
En mars 2022, Herzog avait rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan en Turquie, et le Premier ministre de l’époque, Yaïr Lapid, avait rencontré Erdogan à New York il y a un an.
Les relations entre les deux pays s’étaient tendues en 2010 après l’assaut meurtrier des forces israéliennes contre le navire turc Mavi Marmara, qui tentait d’acheminer de l’aide dans la Bande de Gaza, et qui avait fait 10 morts parmi les activistes turcs qui avaient attaqué les soldats israéliens à bord du navire.
Après plusieurs années de relations tendues, les liens ont fini par s’améliorer modérément, mais les deux pays avaient retiré leurs ambassadeurs en 2018 après qu’Erdogan a accusé Israël de « terrorisme d’État » et de « génocide » lorsque des dizaines de Palestiniens ont été tués lors d’émeutes à Gaza le 14 mai de cette année-là, le jour où le président américain de l’époque, Donald Trump, avait transféré de manière controversée l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem.
En 2021, un couple d’Israéliens soupçonnés d’espionnage a été détenu pendant une semaine par les autorités turques après avoir pris des photos de la résidence du président turc Recep Tayyip Erdogan à Istanbul. Le couple a été libéré à la suite d’efforts diplomatiques considérables déployés par Herzog et Lapid, qui était alors ministre des Affaires étrangères.
La semaine dernière, un Israélien aurait été arrêté en Turquie après que des fonctionnaires de l’aéroport d’Antalya eurent trouvé dans ses bagages une cloche ornementale qui, selon eux, était un artefact ancien.
L’homme, qui réside à Akko , affirme qu’il s’agit d’un article fabriqué en série qu’il a acheté sur un marché local pour 100 dollars, en présentant un reçu. Selon les médias israéliens, les autorités turques ont repoussé toutes les tentatives israéliennes d’intervenir dans cette affaire et prévoient de porter plainte pour contrebande.