Israël en guerre - Jour 349

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Analyse

Après avoir fait campagne pour l’immigration d’URSS, Avi Maoz s’apprête à la combattre

En tant que chef du programme Nativ, ce nationaliste d'extrême-droite pourrait rendre l'immigration beaucoup plus difficile pour ceux qui ne sont pas juifs selon la halakha

Judah Ari Gross

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Le chef du parti Noam, Avi Maoz, à la Knesset à Jérusalem, le 19 juillet 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le chef du parti Noam, Avi Maoz, à la Knesset à Jérusalem, le 19 juillet 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Avi Maoz, aujourd’hui à la tête du parti homophobe Noam, dont il est le seul membre, s’était d’abord fait un nom dans la lutte en faveur de la libération du prisonnier légendaire Natan Sharansky de la prison soviétique où il avait été incarcéré dans les années 1980.

Travaillant en étroite collaboration avec Avital, la femme de Sharansky, Maoz avait fait le tour du monde et il avait correspondu avec les dirigeants internationaux pour les convaincre de faire pression sur Moscou afin que les Juifs soviétiques puissent émigrer dans le cadre du mouvement « Laissez partir mon peuple ».

Il est resté proche de la famille Sharansky après que Natan a été autorisé à immigrer en Israël en 1986 – il a été son porte-parole et son bras droit – et il sera resté à ses côtés pendant les 15 années suivantes, nommé adjoint-général aux ministères de l’Intérieur et de la Construction quand Sharansky menait une carrière politique avec le parti de centre-droit Yisrael BaAliyah.

Mais l’homme qui s’est tant battu pour l’immigration en Israël en provenance de l’ancienne Union soviétique sera bientôt en mesure de la ralentir et de rendre encore plus tortueux le processus déjà difficile de prouver, pour les éventuels candidats, leur éligibilité à la Loi israélienne du retour.

Maoz s’est fermement prononcé contre la Loi du retour, qui accorde la citoyenneté automatique à toute personne ayant au moins un grand-parent juif à condition qu’elle ne pratique pas d’autre religion. Le mois dernier, par exemple, Maoz a prétendu à tort, dans un article publié sur le site Web religieux de droite Israel National News, que « des centaines de milliers de non-Juifs immigrent en Israël ». Le véritable nombre est tout au plus de quelques milliers chaque année, selon les données du Bureau central des statistiques (CBS). Jusqu’à présent, en 2022, moins de 100 000 personnes ont immigré en Israël, ce qui constitue un record sur 30 ans.

Dimanche, Maoz, dont le parti Noam s’est séparé de HaTzionout HaDatit après avoir fait front commun avec lui pendant la campagne électorale, a signé un accord de coalition avec le Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu, en vertu duquel il deviendra un vice-ministre au sein du bureau du Premier ministre. Il prendra en outre le contrôle de Nativ, un programme gouvernemental chargé de faciliter l’immigration en provenance de l’ancienne Union soviétique.

L’ancien prisonnier soviétique et refuznik, politicien israélien, défenseur des droits de l’homme et auteur Natan Sharansky avec sa femme Avital, après sa libération des prisons d’URSS, en février 1986. (Crédit : Moshe Shai/Flash90)

Le programme Nativ du cabinet du Premier ministre – à ne pas confondre avec le programme de conversion au judaïsme principalement utilisé pour les soldats de l’armée israélienne, également appelé Nativ – est chargé d’évaluer si un candidat peut prétendre à la citoyenneté israélienne en vertu de la Loi du retour.

Ce processus peut s’avérer compliqué pour les personnes originaires de l’ancienne Union soviétique, en raison de décennies de mauvaise tenue des registres et de l’effondrement des communautés juives officielles dans ces pays qui avaient subi le joug du régime soviétique.

En prenant le contrôle de ce bureau, Maoz pourrait rendre le processus visant à apporter la preuve de l’éligibilité à la citoyenneté beaucoup plus lourd qu’il ne l’est déjà et imposer une barrière à l’entrée plus élevée qui empêcherait certains candidats d’entrer dans le processus en cas d’ambiguïté ou d’incertitude.

Il ne pourra toutefois pas modifier unilatéralement la Loi du retour afin d’empêcher les enfants et petits-enfants non juifs de Juifs d’immigrer. Et le Likud aurait signalé son opposition à la révocation de la clause dite « des petits-enfants », une révocation demandée par les partis haredi et HaTzionout HaDatit, ses partenaires présumés de coalition.

Maoz a laissé entendre qu’il comptait sur une application plus stricte des règles existantes au début de sa réunion de faction, lundi.

« L’entrée en Israël doit être conforme à la loi. Nous agirons conformément à la loi. Tous les Juifs peuvent immigrer », a déclaré Maoz. Mais, a-t-il ajouté, « nous veillerons à ce que les personnes qui, selon la loi, ne sont pas autorisées à immigrer ne le fassent pas ».

L’unique député de Noam, Avi Maoz, prenant la parole lors de la réunion de faction de son parti à la Knesset, le 28 novembre 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Lors de la réunion, Maoz a souligné son lien avec l’immigration soviétique en Israël et a déclaré qu’il « bouclait la boucle » en prenant le contrôle du programme Nativ.

Cette prise de contrôle a suscité de nombreuses mises en garde alarmantes de la part de militants et de politiciens russophones en Israël.

« Ils auraient pu simplement fermer la boutique [Nativ] et en finir avec tout ça », a déploré l’analyste russe Ksenia Svetlova, une ancienne politicienne.

Avigdor Liberman, le chef du parti de droite laïc Yisrael Beytenu, qui représente largement les Israéliens russophones, a également averti que Maoz limiterait l’immigration en provenance de l’ancienne Union soviétique.

« C’est un obstacle sur la route de l’immigration pour tous ceux qui viennent de l’ancienne Union soviétique », a déclaré Liberman, qui a immigré en Israël depuis la Moldavie soviétique, au début de la réunion de sa faction dans la journée de lundi.

Nativ a évolué au fil des ans, agissant initialement comme une organisation clandestine pour relier Israël aux dirigeants sionistes soviétiques et aux communautés juives. Outre la vérification de l’éligibilité à l’immigration, Nativ gère aujourd’hui des programmes culturels et éducatifs dans les pays de l’ancienne Union soviétique.

L’ancien prisonnier de Sion Natan Sharansky embrasse le premier ministre Shimon Peres après sa libération de prison en Union soviétique à son arrivée en Israël, le 11 février 1986. À leur droite, l’épouse de Sharansky, Avital. (Crédit : Moshe Shai/FLASH90)

Ses activités se sont considérablement intensifiées en Russie et en Ukraine après l’invasion russe de l’Ukraine en février, qui a provoqué l’une des vagues d’immigration les plus importantes et les plus soudaines vers Israël depuis la chute du Rideau de Fer.

En dehors de l’ancienne Union soviétique, la vérification de l’éligibilité à la citoyenneté est généralement confiée à l’Agence juive, un organisme quasi-gouvernemental qui examine les documents nécessaires des candidats – lettres de rabbins, copies des documents de mariage de leurs parents, etc. – avant de recevoir l’approbation officielle du consulat ou de l’ambassade israélienne locale.

Pour diverses raisons – certaines historiques et d’autres politiques – le Nativ est resté responsable de cette tâche en Russie, en Ukraine et dans de vastes zones d’Europe de l’Est.

Même au cours d’une année normale, l’Europe de l’Est est la région dont provient le plus grand nombre de nouveaux immigrants en Israël, bien plus que toute autre région du monde. En 2021, plus de 7 700 Russes ont immigré en Israël, soit plus que le nombre d’Américains (4 038) et de Français (3 568) réunis. À la suite de l’invasion de Moscou en février, le nombre d’immigrants de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie est monté en flèche, plusieurs fois plus nombreux à s’installer en Israël l’année dernière par rapport à la précédente – la plupart avec l’approbation de Nativ. (Certains sont venus en Israël avec des visas de tourisme, puis ont demandé la citoyenneté et ont entamé le processus pour prouver leur éligibilité).

Si Maoz devait véritablement mettre un terme aux activités de Nativ, il serait difficile de trouver un remplaçant. En raison des procédures judiciaires en cours du gouvernement russe contre l’Agence juive – liées à son rôle de soutien et de facilitation de l’immigration en Israël – cette organisation ne serait probablement pas en mesure de servir de substitut.

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