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Avi Maoz, en charge de « l’identité juive » : la coalition sortante fustige Netanyahu

Cet accord de coalition est une "gifle au visage des Israéliens laïcs ou traditionalistes, des femmes et des homosexuels," a résumé Gilad Kariv

Le député Avi Maoz, à gauche, et le chef du Likud, Benjamin Netanyahu, après avoir signé un accord de coalition, le 27 novembre 2022. (Crédit : Likud)
Le député Avi Maoz, à gauche, et le chef du Likud, Benjamin Netanyahu, après avoir signé un accord de coalition, le 27 novembre 2022. (Crédit : Likud)

La perspective de la nomination d’une personnalité ultra-nationaliste, ultra-conservatrice, anti-pluraliste et ouvertement homophobe au poste de futur responsable en charge de « l’identité juive » en Israël dans le cadre du prochain gouvernement a été – vivement – critiquée par les politiciens de la coalition sortante, dimanche.

Les députés ont éreinté cette désignation décidée par le Premier ministre désigné, Benjamin Netanyahu, en dénonçant « une folie » et une démarche « raciste » et « surréaliste ».

Avi Maoz, seul député de Noam, une formation anti-LGBT marginale, est l’un des politiciens les plus extrêmes de la Knesset, opposé farouchement au pluralisme dans le judaïsme et revendiquant ouvertement son idéologie anti-LGBT et anti-Arabe.

Il sera nommé vice-ministre et chef d’une administration – qui n’a pas encore été créée – en charge de « l’identité juive », un bureau qui sera placé sous l’autorité du Premier ministre, selon les dispositions d’un accord de coalition qui a été signé dimanche avec Netanyahu.

Des publicités du parti religieux d’extrême droite Noam présentent des messages anti-gays sur des panneaux en banlieue de Tel Aviv. (Crédit : parti Noam)

Si le Likud de Netanyahu n’a partagé que des détails partiels de l’accord, la formation a indiqué que l’organisation Nativ – qui a la responsabilité de l’immigration juive en Israël des populations en provenance de l’ex-Union soviétique – serait transférée et placée sous l’autorité de Maoz.

Maoz a fait savoir qu’il voulait revoir à la baisse les critères d’éligibilité à la citoyenneté des Juifs désireux d’immigrer en Israël en supprimant notamment la clause dite « des petits-enfants ». Il s’agit de supprimer la possibilité, pour les petits-enfants de grands-parents Juifs qui ne sont pas pour autant Juifs eux-mêmes, de venir s’installer dans le pays en vertu de la Loi du Retour.

Un grand nombre d’immigrants en provenance de l’ex-Union soviétique obtenaient la citoyenneté grâce à cette clause dite « des grands-parents » et le transfert de ce bureau particulier en charge de leurs dossiers sous la responsabilité de Maoz pourrait avoir des conséquences sur un éventuel avenir en Israël pour eux.

Maoz et ses alliés politiques religieux veulent également que les conversions non-orthodoxes au judaïsme ne soient plus des preuves acceptables de judéité à des fins d’immigration.

Le député de Noam Avi Maoz arrive à la résidence du président à Jérusalem pour un entretien avec le président Isaac Herzog, le 10 novembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Son parti Noam a comparé, dans le passé, les Juifs réformés aux nazis.

Maoz a aussi dit qu’il voulait renforcer l’éducation juive dans les écoles publiques israéliennes et il veut que les « programmes d’études progressistes » – il n’a pas donné de détail – soient abandonnés, notamment « les études de genre ».

Maoz a récemment appelé à l’interdiction de la Gay Pride, à réintroduire les termes de « mère » et de « père » dans les formulaires gouvernementaux à la place de l’onglet « Parent » qui a été récemment adopté, et il a réclamé le retour des soi-disantes « thérapies de conversion » pour les homosexuels, considérées comme dangereuses et qui ont été bannies.

« C’est un jour sombre pour Israël », a déclaré à l’AFP Hila Peer présidente de l’Aguda, la plus importante organisation de défense des droits LGBT du pays.

L’Etat hébreu fait figure de meilleur élève du Moyen-Orient au regard des droits LGBTQ (lesbienne, gay, bi, trans, queer). Il reconnaît notamment les mariages gays conclus à l’étranger.

Des militants craignent un retour en arrière sur ces sujets, ainsi que « sur le combat des femmes pour l’égalité », dit Hila Peer. « C’est une personnalité homophobe, misogyne et xénophobe aux positions connues de tous et à laquelle on confère un pouvoir, une autorité », fustige-t-elle.

Le Premier ministre sortant Yair Lapid a affirmé que l’accord signé entre Netanyahu et Maoz n’était « rien de moins qu’une folie ». « Chaque jour qui passe, il semble qu’il soit en train de se former ici non pas un gouvernement totalement de droite, mais un gouvernement totalement insensé », a écrit Lapid sur Twitter.

Le Premier ministre Yair Lapid, portant un ruban rose pour la sensibilisation au cancer du sein, dirigeant la réunion hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 2 octobre 2022. (Crédit : Amos Ben Gershon/GPO)

« Cet homme s’oppose au recrutement des femmes dans l’armée, il s’oppose à ce que des femmes soient à des postes à responsabilité, il soutient la thérapie de conversion pour les LGBT et toutes sortes d’autres initiatives obscurantistes inimaginables », a-t-il ajouté.

S’adressant aux électeurs du Likud, Lapid a écrit : « C’est cela que vous voulez ? Que ce nationaliste obscurantiste prenne des décisions pour la vie que vous voulez vivre ? C’est ce que vous voulez pour vos filles ? Pour votre neveu qui est homosexuel ? C’est à ça que vous voulez que l’État d’Israël ressemble ? »

Le parti centriste de Yesh Atid, dirigé par Lapid, a déclaré dans un communiqué que « dorénavant, il y a, selon Netanyahu et Avi Maoz, des Juifs de catégorie A et des Juifs de catégorie B. »

Le parti Noam de Maoz avait présenté une campagne d’affichage, avant le scrutin du 1er novembre, qui affirmait que les enseignants arabes dans les écoles juives contribuaient à l’effacement de l’identité juive.

Une soldate vote pour la 24e Knesset, dans une base militaire le 17 mars 2021. (Crédit : armée israélienne)

Maoz a réclamé la fermeture « immédiate » de l’unité chargée de promouvoir la place des femmes au sein de l’armée israélienne.

La faction d’extrême droite s’oppose à la présence de soldates dans les unités de combat.

La formation extrémiste a par ailleurs réclamé l’abandon de la zone mixte au mur Occidental de Jérusalem et elle soutient une proposition, présentée par les partis religieux, qui réclame la légalisation de la séparation entre les deux sexes lors des événements subventionnés par l’État.

Maoz a fait campagne sur le renforcement du monopole du rabbinat orthodoxe sur la vie juive, l’application de la loi religieuse sur la société au sens large et la promotion « des valeurs familiales ».

Le ministre sortant de la Défense, Benny Gantz, lors d’une cérémonie commémorative pour les soldats tombés lors de la guerre du Kippour, au mont Herzl, le 6 octobre 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90/Dossier)

Le ministre sortant de la Défense, Benny Gantz, a écrit dimanche soir sur Twitter : « Ce n’est pas l’identité juive – c’est l’identité raciste ». Il s’est engagé à « combattre le gouvernement extrémiste de Netanyahu à l’aide de tous les moyens disponibles ».

Le parti laïc de droite Yisrael Beytenu, qui fait partie du gouvernement sortant et qui représente majoritairement les immigrants russes de l’ex-Union soviétique, n’a pas été en reste.

« Seule une personnalité elle-même en proie à des problèmes d’identité nationale a besoin d’une autorité chargée, pour ses propres besoins, de l’identité juive », a écrit sur Twitter Yulia Malinovsky, députée de Yisrael Beytenu, tandis qu’un autre législateur de la formation, Vladimir Beliak, a affirmé que donner le contrôle de Nativ à Maoz « revient à bloquer l’alyah en provenance de l’Union soviétique, un crachat au visage de tous les immigrants en provenance de ces pays et de tous ceux qui veulent immigrer depuis ces États ». « Autrefois, les dirigeants soviétiques interdisaient aux Juifs d’émigrer en Israël. Aujourd’hui, nous avons de nouveaux Soviétiques – Netanyahu et ses partenaires », a-t-il ajouté.

Nachman Shai, le ministre de la Diaspora sortant, a estimé que la formation de cette nouvelle instance consacrée à l’identité juive « déprécie ces mots et leurs signification ». « Comme un chat qui boit son petit lait, le député Avi Maoz, futur vice-ministre, va contrôler les immigrants potentiels en provenance de Russie et d’Ukraine », a-t-il dit. « C’est surréaliste ».

Le ministre des Affaires de la diaspora Nachman Shai assiste au Lobby du peuple juif, à la Knesset, à Jérusalem, le 15 novembre 2021. (Crédit: Yonatan Sindel/Flash90)

Merav Michaeli, chef d’Avoda, le parti auquel appartient Shai, a estimé qu’Israël devait affronter « une période sombre ».

Postant la photo de Netanyahu et de Maoz en train de se serrer la main après la conclusion de leur accord, Michaeli a écrit : « Le Premier ministre désigné à côté d’un homophobe raciste et chauvin. Mal au cœur. Nous nous battrons par tous les moyens possibles. Nous ne les laisserons pas plonger Israël dans les abysses ».

Le député d’Avoda Gilad Kariv, rabbin réformé, a qualifié cette nomination de « gifle au visage » des Israéliens laïcs ou traditionnalistes, des femmes et des homosexuels.

« Le député Maoz va découvrir que la majorité des Israéliens se dressera contre les tentatives de prosélytisme de son parti, contre ses initiatives qui visent à semer la haine », a écrit Kariv sur Twitter.

Le député travailliste Gilad Kariv prend la parole lors d’une réunion du Comité Constitution, Droit et Justice de la Knesset, le 7 février 2022. (Crédit : Noam Moskowitz/Knesset)

Le mouvement réformé en Israël a aussi fait part de son indignation face à l’accord de coalition.

« Nous rappelons au responsable présumé de l’autorité de l’identité juive qu’il y a plus d’une manière d’être Juif, ou de vivre sa judéité. Avi Maoz, qui vient d’obtenir un poste avec des financements excessifs de la part du Premier ministre désigné, ne décidera pas pour des millions de Juifs et de Juives en Israël et dans la Diaspora quelles sont ces manières », a écrit le mouvement dans un communiqué.

« Cet individu va être en charge de Nativ…C’est un barrage pour tous ceux qui viennent des pays de l’ex-Union soviétique », a dit Avigdor Liberman. Le chef du parti de la droite laïque a indiqué qu’environ 5 500 soldats israéliens n’étaient actuellement pas considérés comme Juifs selon la loi juive (halakha), ajoutant que « à mon avis, ils sont plus Juifs que tous les étudiants de yeshiva… combinés ». « Apparemment, Avi Maoz veut les empêcher d’entrer dans la société israélienne », a-t-il continué, notant que le bureau de Maoz défendra « la pureté du sang ».

« L’entrée en Israël se fait conformément à la loi. Nous agirons conformément à la loi. Tous les Juifs sont en capacité d’immigrer », a répondu plus tard Maoz. « Nous nous assurerons que les personnes qui, selon la loi, ne sont pas autorisées à immigrer » ne le feront pas, a-t-il ajouté. Maoz a de même refusé de dire s’il avait un programme politique concret à mettre en œuvre contre la communauté LGBT dans le pays, en accord avec le positionnement ouvertement homophobe de son parti Noam. « Quand je condamne quelque chose, je ne condamne pas un individu spécifiquement, je m’exprime contre des idées et contre un phénomène », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’avait pas placé sa demande d’interdiction de la Gay Pride dans ses demandes au cours des négociations de coalition avec le Likud.

Le ministre des Finances Avigdor Liberman s’exprime lors d’une conférence de presse dans les bureaux du ministère des Finances à Jérusalem, avant la grève prévue d’un syndicat d’enseignants, précisant ce que le ministère des Finances exige dans les négociations avec le syndicat, le 29 mai 2022. (Crédit: Olivier Fitoussi/Flash90)

L’inclusion de Maoz dans la coalition naissante n’était pas nécessaire pour la majorité de Netanyahu – le chef du Likud et ses alliés ayant remporté 64 sièges sur 120 lors des élections du 1er novembre. Mais Netanyahu a aidé Maoz à intégrer le Parlement lors des scrutins de l’année dernière et de cette année en négociant des alliances avec l’extrême-droite politique.

Cet accord de coalition conclu avec Noam a été annoncé quelques jours seulement après que le Likud a accepté de confier au provocateur d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, chef d’Otzma Yehudit, le poste de ministère de la Sécurité nationale, une version élargie du poste de ministre de la Sécurité intérieure.

Hatzionout HaTorah, Yahadout HaTorah et le Shas n’ont pas encore signé d’accord avec le Likud.

Carrie Keller-Lynn, Judah Ari Gross, Jacob Magid et l’équipe du Times of Israel ont contribué à la rédaction de cet article.

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