Israël en guerre - Jour 431

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Après l’éviction de Gallant, Netanyahu s’assurerait du soutien apporté à l’exemption militaire des Haredim

Le secrétaire de cabinet aurait déclaré que le départ du chef de la défense, qui s'opposait au projet de loi accordant aux ultra-orthodoxes une dispense de service militaire, permettra de faire avancer une "bonne législation"

Un Juif ultra-orthodoxe protestant contre l'enrôlement des Haredim dans l'armée israélienne tenant une pancarte sur laquelle on peut lire « Nous ne nous enrôlerons pas dans une armée ennemie », devant le centre de recrutement de l’armée israélienne, à Tel HaShomer, dans le centre d'Israël, le 2 septembre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
Un Juif ultra-orthodoxe protestant contre l'enrôlement des Haredim dans l'armée israélienne tenant une pancarte sur laquelle on peut lire « Nous ne nous enrôlerons pas dans une armée ennemie », devant le centre de recrutement de l’armée israélienne, à Tel HaShomer, dans le centre d'Israël, le 2 septembre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu se serait préparé, lundi, à faire revivre un projet de loi controversé qui officialiserait de manière définitive l’exemption de service militaire des jeunes hommes issus de la communauté ultra-orthodoxe, moins d’une semaine après le renvoi du ministre de la Défense qui s’opposait à cette initiative.

Le Premier ministre devait ainsi s’entretenir, lundi soir, au sujet de l’avancée du texte avec le nouveau ministre de la Défense, Israel Katz, et avec le président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense Yuli Edelstein – alors que des informations ont indiqué que l’un de ses proches collaborateurs avait confié aux leaders de la coalition que le départ de Gallant allait enfin ouvrir la voie à l’adoption de la législation.

Les partenaires haredim de coalition de Netanyahu prônent l’adoption d’un projet de loi consacré à la question de l’exemption de service militaire obligatoire des étudiants en yeshiva et autres membres de la communauté – depuis que la Haute-cour a estimé, au mois de juin dernier, que ces dispenses, qui existent depuis des décennies, étaient parfaitement illégales.

L’armée israélienne a depuis envoyé des ordres de recrutement à plusieurs milliers d’hommes ultra-orthodoxes, entraînant l’indignation et l’opposition féroce des partis politiques et des leaders haredim. La majorité des Israéliens qui n’appartiennent pas à cette catégorie de la population, pour leur part, sont largement défavorables à ces exemptions généralisées et lundi, ce sont des centaines de femmes qui ont défilé à Jérusalem pour dénoncer ce texte de loi en scandant « trop c’est trop ».

Des femmes religieuses manifestent en faveur de la conscription des juifs ultra-orthodoxes, à l’entrée de Jérusalem, le 11 novembre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg / Flash90)

Gallant – qui a été limogé par Netanyahu mardi dernier – était considéré comme l’un des principaux obstacles à l’avancée du projet de loi qui, disait-il, était « discriminatoire et corrompu ». Il a depuis affirmé que cette opposition à l’exemption militaire des jeunes ultra-orthodoxes avait été l’un des facteurs déterminants ayant motivé son renvoi, un renvoi survenu alors même que l’État juif est en train de mener une guerre sur deux fronts et que l’armée israélienne doit faire face à un problème grave de pénurie de personnel.

Netanyahu, de son côté, a démenti que des raisons politiques avaient été à l’origine de la mise à l’écart de Gallant, citant les désaccords sur des questions relatives à la prise en charge de la guerre entre les deux hommes.

Le ministre de la Défense Israël Katz, à droite, et le politicien Yahadout HaTorah Uri Maklev lors d’une séance plénière à la Knesset le 11 novembre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Mais lors d’une réunion des leaders de la coalition qui a eu lieu lundi, le secrétaire de cabinet Yossi Fuchs a fait remarquer que le remplacement par Katz de Gallant offrait « une nouvelle opportunité » de faire avancer « une bonne législation », selon les médias israéliens qui se sont appuyés sur des paroles qui ont fuité.

Pendant la rencontre, le chef de Yahadout HaTorah, Yitzhak Goldknopf – l’un des principaux promoteurs du texte – a répété que les jeunes hommes ultra-orthodoxes devaient être massivement dispensés de service militaire.

Selon des informations, Goldknopf a expliqué que s’il était d’accord, en principe, avec le fait que « ceux qui n’étudient pas la Torah à plein temps doivent servir », il estimait que le service militaire « ne doit pas être imposé » mais qu’il devait pouvoir se faire « sur la base d’un accord consensuel ».

Yitzchak Goldknopf à la Knesset, le 11 ovembre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le ministre des Affaires religieuses Michael Malchieli, qui s’exprimait au nom du chef du Shas, Aryeh Deri, a pour sa part attribué à Gallant la responsabilité du gel du projet de loi, affirmant que le député du Likud « a torpillé toutes les initiatives visant à mettre en place » une solution viable.

Selon la loi initialement soumise, les membres de la communauté haredi pouvaient, dès l’âge de 21 ans, réclamer une exemption permanente de service militaire, avec un quota d’ultra-orthodoxes entrant au sein de Tsahal qui aurait augmenté « graduellement ».

La législation est actuellement bloquée à la commission des Affaires étrangères et de la Défense alors qu’Edelstein a juré qu’il ne la ferait avancer que dans le cadre d’un « large consensus » des députés sur le sujet.

Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense Yuli Edelstein (Likud) lors d’une réunion, à la Knesset, à Jérusalem, le 16 juillet 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

C’est la Treizième chaîne qui a fait part des réunions prévues entre Netanyahu, Katz et Edelstein. Aucun des bureaux des trois politiciens n’ont confirmé cette information.

Après le renvoi de Gallant, Edelstein avait établi qu’il continuerait à s’opposer « à tout texte tentant de contourner les efforts que nous menons, sans relâche, pour élargir la base de la conscription militaire au sein de l’État d’Israël ».

Peu après, le chef de la coalition, Ofir Katz, avait entrepris des actions disciplinaires à l’encontre d’Edelstein et d’un autre député du Likud, Dan Illouz, qui est aussi un opposant à l’exemption des haredim.

En plus de promouvoir l’enrôlement des ultra-orthodoxes à des fins d’égalité et en tant que moyen d’aider la communauté à s’intégrer de manière plus large dans la société israélienne, les officiels soulignent le manque de recrues au sein de Tsahal, qui lutte entre lassitude et pénurie de main-d’œuvre après plus d’un an de guerre à Gaza, avec un conflit qui s’est étendu dorénavant au Liban également.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir lors d’une audience à la Cour suprême, à Jérusalem, le 11 septembre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Lors de la réunion des chefs de la coalition, le chef de la faction Hatzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, qui est ministre des Finances, a fait remarquer que les membres de la communauté issue du mouvement national-religieux, qui constitue une large partie de sa base électorale, « se sacrifie immensément avec de nombreux soldats qui sont tombés au combat ».

Il a appelé les responsables haredim à faire « une déclaration positive… au sujet du service militaire ».

Itamar Ben Gvir, de la formation d’extrême-droite Otzma Yehudit, a suggéré que les hommes ultra-orthodoxes devaient être enrôlés parmi les gendarmes de la police des frontières, qu’il supervise lui-même en tant que ministre de la Sécurité nationale.

« Je sais comment recruter les Haredim« , a-t-il dit, ajoutant qu’il avait fait part de ce projet à Gallant à plusieurs reprises « mais il ne m’a pas répondu ».

Selon une enquête qui avait été réalisée, au mois de mars, par l’Institut israélien de la Démocratie, environ 64% des Israéliens sont favorables à un changement du système de dispense du service militaire dont bénéficient les ultra-orthodoxes depuis des décennies.

Des femmes religieuses manifestent en faveur de la conscription des juifs ultra-orthodoxes, à l’entrée de Jérusalem, le 11 novembre 2024. (Chaim Goldberg / Flash90)

Par ailleurs, à Jérusalem, ce sont des centaines de femmes religieuses qui ont manifesté contre le projet de loi proposé. Elles ont brandi des panneaux dénonçant l’exemption de service militaire des jeunes haredim, sur la base des valeurs juives.

Marchant aux abords du pont des Cordes, certaines portaient des civières militaires symbolisant les soldats qui assument le fardeau du service.

D’autres portaient des pancartes avec des slogans tels que « Croulant sous le fardeau », « Vos frères iront à la guerre et vous resterez assis ici » et « Celui qui croit [en la Torah] n’échappe pas à la conscription militaire ».

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