Architectes et scientifiques créent un nid d’oiseau vivant
Une équipe israélienne, comptant le Nobel de chimie Dan Shechtman, construit “Life Object”, une installation coopérative pour une exposition italienne
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Il y a de la science dans l’architecture, mais il est rare que ces deux corps de métier travaillent ensemble, mélangeant leurs disciplines pour créer quelque chose de nouveau.
A la 15e Exposition d’architecture internationale en Italie – Biennale di Venezia, un groupe de scientifiques et d’architectes israéliens, comprenant le prix Nobel de Chimie Dan Schechtman, a créé « Life Object : mélanger l’architecture et la biologie », une structure à grande échelle inspiré d’un scan 3D d’un nid d’oiseau.
C’est une idée « expérimentale » qui était « courageuse ou folle », a déclaré Arielle Blonder, l’une des architectes qui a travaillé depuis août dernier avec ses autres équipiers scientifiques et architectes du projet.
C’est une grande équipe, qui comprend Blonder, Ido Bachelet, Bnaya Bauer, Yael Eylat Van-Essen, Noy Lazarevich, Dan Shechtman, Einat Kalisch Rotem, Ronit Satchi-Fainaro, Tagit Klimor, David Elad, Moti Bodek et Farah Farah, Uri Shavit, Boaz Tadmor and Dan Eytan, Ruth Lahav, Oded Soseyov, Guy Austern, Erez Livneh et ShaGa Shyovitz.
Ce n’est pas un nid d’oiseau classique, mais plutôt une sculpture vivante autonome faite de composite, des matériaux biologiques et intelligents qui répondent à l’environnement.
L’idée de cette sculpture est d’incarner l’expérience israélienne, puisqu’elle est conçue pour examiner le concept de résilience, en étudiant les systèmes biologiques et leur capacité à gérer le traumatisme et le choc, des éléments fondamentaux de la vie et de la société israéliennes.
L’équipe israélienne a visé une nouvelle sorte de collaboration qui apporterait la recherche scientifique au rendu architectural et enfin, au produit final, a déclaré Blonder.
Chaque membre de l’équipe a apporté ses propres recherches et expériences précédentes pour créer un produit final qui est proche en concept de ce qu’ils avaient envisagé, a-t-elle expliqué, bien que la forme finale soit assez différente de ce qu’ils avaient prévu.
« Quand vous concevez quelque chose, vous l’avez dans l’esprit et ensuite vous le représentez, et cela devient du matériel pendant que vous le construisez », a-t-elle dit, au téléphone depuis Venise, où l’exposition a lieu. « C’est toujours très proche et très loin de ce que vous imaginez. »
Pour l’équipe, il y a eu le succès d’avoir produit Life Object, mais il y a aussi eu le processus compliqué d’apprendre le langage, l’habitude et l’échelle de temps des autres, a dit Blonder.
Blonder a travaillé au laboratoire du Technion du professeur Oded Shosayov, et se rappelle avoir été frustrée quand son idée n’a pas fonctionné après deux jours de travail de laboratoire.
« Je travaillais avec une de ses post-doc, et quand je n’ai pas réussi le deuxième jour, j’ai été très frustré, a-t-elle déclaré. Elle a dit ‘Tu plaisantes ? Je fais ça depuis un an’. Pour nous dans la conception, le taux de progrès est si différent, alors nous avons appris à nous ajuster à différents cadres temporels, et à un taux différent d’idées et de ressources.”
Pour le groupe israélien d’architectes et de scientifiques, le processus de collaboration a été aussi difficile que le projet lui-même. Blonder a parlé d’une sorte d’agence matrimoniale.
Leur espoir est que le projet, qui ouvre à Venise le 26 mai et sera ouvert jusqu’en novembre, ne soit que le début d’un projet plus long, avec des recherches, des conférences et des découvertes, ainsi que la présentation d’une exposition en Israël.
« Nous voulons que cela soit bien plus grand que cette exposition, a-t-elle dit. Il s’agit d’infuser l’architecture avec des matériaux scientifiques. La science israélienne va au-delà de l’architecture israélienne en termes de standard et d’attention, et j’aimerais que l’architecture s’aligne là-dessus. »