Armes chimiques : l’OIAC échoue (encore) à adopter une feuille de route
La Russie a accusé les Occidentaux de chercher à "politiser" l'organisation notamment dans le dossier syrien
L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), divisée en raison des tensions entre Occidentaux, Russes et Syriens, a échoué à se mettre d’accord vendredi sur une feuille de route commune pour les cinq prochaines années.
« Vous avez fait de votre mieux pour parvenir à un consensus mais ce n’était pas possible », a déclaré son directeur Fernando Arias. « En conséquence, nous n’aurons pas le document final tant souhaité », a-t-il ajouté.
C’est la deuxième fois que l’OIAC, lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2013 et comptant 193 pays membres, ne parvient pas à adopter un document final fixant les priorités de l’organisation pour les cinq prochaines années.
L’ambassadrice britannique aux Pays-Bas et auprès de l’OIAC, Joanna Roper, a « regretté » que les pays membres n’aient pas pu se mettre d’accord.
« Une nouvelle fois, une poignée d’Etats ont fait preuve de mépris pour ces négociations multilatérales en refusant un compromis », a déploré de son côté l’ambassade d’Irlande.
La Russie avait accusé lundi les Occidentaux de chercher à « politiser » l’organisation notamment dans le dossier syrien.
Depuis la Convention sur les armes chimiques, le traité qui interdit l’utilisation d’armes chimiques mis en œuvre en 1997, l’OIAC a détruit 72 118 tonnes de stocks déclarés par des pays du monde entier, soit 99%.
Le régime du président syrien Bashar al-Assad a accepté en 2013 de rejoindre l’organisation et de renoncer à toutes les armes chimiques, à la suite d’une attaque présumée au gaz neurotoxique sarin qui a tué 1 400 personnes dans la banlieue de Damas à Ghouta.
Mais le régime syrien a été accusé à plusieurs reprises d’attaques à l’arme chimique depuis lors.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a accru la menace d’utilisation d’armes chimiques, a déclaré en novembre le chef de l’OIAC.
La Russie est membre de l’OIAC et a déclaré ne plus posséder d’arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l’utilisation présumée d’armes toxiques.
En 2020, l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny, aujourd’hui emprisonné, a été victime d’un grave empoisonnement en Sibérie, dont il accuse les autorités russes.
En 2018, l’ancien agent du KGB Sergueï Skripal a été empoisonné au Novitchok au Royaume-Uni. Moscou a toujours nié toute implication dans les deux incidents.