Aux Etats-Unis, des dizaines d’attaques antisémites sont liées à Kanye West
L'ADL a signalé au moins 30 incidents visant des Juifs liés au rappeur au cours des derniers mois, ainsi qu'une vaste campagne en ligne amplifiant son message
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
Des dizaines d’incidents antisémites liés à Kanye West ont eu lieu aux États-Unis depuis son offensive contre les Juifs à la fin de l’année dernière, notamment des agressions, des discours de haine, du harcèlement ciblé et du vandalisme, selon un rapport d’enquête publié lundi.
Le Center on Extremism de l’Anti-Defamation League (ADL) a recensé au moins 30 crimes de haine faisant référence au rappeur, désormais connu sous le nom de « Ye », ainsi qu’une importante campagne de réseaux sociaux amplifiant son message.
Selon l’ADL, les références à Ye, souvent accompagnées de croix gammées ou d’insultes antisémites, sont devenues un raccourci pour exprimer sa haine des Juifs.
Peu après le début de la tirade de Ye en octobre, le slogan « Ye is right » est apparu en ligne, à peu près au moment où Elon Musk a pris le contrôle de Twitter. Cette prise de contrôle a coïncidé avec un pic de contenus antisémites et une baisse de la modération.
Il y a eu plus de 10 000 mentions sur Twitter faisant référence au slogan « Ye is right », touchant au moins six millions d’utilisateurs.
À partir du mois dernier, des suprémacistes blancs du groupe Groypers ont commencé une série d’apparitions sur des campus universitaires sous le slogan « Ye is right, change my mind » (« Ye a raison, faites-moi changer d’avis »).
Au cours de ces événements, les suprémacistes blancs ont fait l’apologie du négationnisme, du régime nazi et des conspirations anti-juives, sous couvert de défendre Ye.
Les événements ont eu lieu dans cinq universités de Floride et d’Alabama.
La discussion sur les réseaux sociaux à propos du rappeur antisémite s’est intensifiée après les événements survenus dans deux des universités. Certains messages invitent les autres à diffuser le message ou renvoient à des sites extrémistes, à des boutiques en ligne proposant des produits dérivés de Ye et à une enquête visant à recueillir les coordonnées de ses partisans.
Certains comptes partagent du contenu lié au suprémaciste blanc, Nick Fuentes, qui a rencontré l’ancien président américain Donald Trump aux côtés de Ye en novembre.
Le discours de haine s’est également manifesté sur le terrain avec des attaques et du harcèlement à travers les États-Unis.
Quelques exemples : un vandale a tagué « Kanye West a raison » et « Tuez tous les Juifs » à côté de trois croix gammées dans les toilettes d’un lycée en Californie ; quelqu’un a peint à la bombe « Kanye 2024 » sur une école juive de Californie ; un homme a harcelé et menacé des Juifs à l’extérieur d’une synagogue dans le Michigan, notamment en leur disant « Kanye avait raison » ; des élèves ont malmené un camarade de classe juif dans le Connecticut avec des blagues sur la Shoah et des déclarations sur Ye ; et un individu a physiquement agressé un homme juif à New York en criant « Allez vous faire foutre, les Juifs » et « Kanye 2024 ».
Des groupes extrémistes, dont la Goyim Defense League, White Lives Matter et NatSoc Florida, ont également adopté la rhétorique de Ye.
Ces groupes ont disposé des banderoles soutenant Ye en Californie, à New York et en Floride, et ont utilisé un projecteur pour afficher le message « Kanye a raison à propos des Juifs » sur des bâtiments lors d’un match de football en Floride. Les groupes ont également distribué de la propagande antisémite faisant référence à Ye dans un certain nombre de villes.
Une enquête distincte publiée lundi par l’American Jewish Committee (AJC) a révélé que plus de quatre Juifs américains sur dix se sentent moins en sécurité qu’il y a un an.
L’ADL a enregistré 2 717 incidents antisémites aux États-Unis en 2021, soit une augmentation de 34 % par rapport à l’année précédente, et le chiffre le plus élevé depuis le début de l’enquête en 1979.