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Ayman Odeh se propose d’aider Kakhol lavan pour battre Netanyahu

Le chef de Hadash-Taal veut aider Benny Gantz à former la prochaine coalition et dit que la campagne du Premier ministre est une stratégie pour délégitimer les partis arabes

Le dirigeant de Hadash, Ayman Odeh, à la Knesset, le 28 janvier 2015. (Yonatan Sindel/Flash90)
Le dirigeant de Hadash, Ayman Odeh, à la Knesset, le 28 janvier 2015. (Yonatan Sindel/Flash90)

Le dirigeant de l’un des plus grands partis à majorité arabe de la Knesset est disposé à soutenir la formation d’un gouvernement de centre-gauche en soutenant Benny Gantz au poste de Premier ministre.

Mais le chef de Hadash-Taal Ayman Odeh a déclaré qu’il ne soutiendra l’ancien chef de Tsahal que si lui et son co-leader Yair Lapid s’engagent fermement en faveur de certaines positions de sa formation.

Le soutien de Hadash-Taal à l’égard de Kakhol lavan aiderait ce dernier à évincer le Premier ministre Benjamin Netanyahu après une décennie au pouvoir.

« Nous espérons influencer la prise de décision et souhaitons empêcher la création d’un autre gouvernement extrémiste dirigé par Netanyahu qui incite constamment à nous attaquer », a déclaré Odeh au Times of Israel lors d’une interview au siège de son parti à Jérusalem, dans un vieil appartement du centre-ville.

« Nous serions prêts à recommander Gantz et Lapid à Rivlin pour empêcher la formation d’un gouvernement de droite, mais ils doivent nous montrer qu’ils sont prêts à négocier la paix avec la direction palestinienne [basée à Ramallah] et à soutenir l’égalité pour tous les citoyens, y compris les Arabes, d’augmenter les budgets des autorités locales dans les villages arabes et d’annuler la loi de l’État-nation », a-t-il dit, se référant à la législation controversée adoptée en juillet 2018 qui fait d’Israël le « foyer national du peuple juif, » mais omet de mentionner l’égalité de tous les citoyens israéliens, à l’instar de celle qui figure dans la Déclaration d’indépendance d’Israël.

Les dirigeants du parti Kakhol lavan, Benny Gantz (G) et Yair Lapid, s’embrassent après avoir fait une déclaration aux médias à Tel Aviv, le 21 février 2019. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

Dans les jours qui suivront les élections, chaque parti qui remportera des sièges à la Knesset informera le président Reuven Rivlin des candidats qu’il recommande comme Premier ministre. Par la suite, Rivlin accordera très probablement à la personne soutenue par la plupart des députés l’autorisation de former une coalition.

Après les dernières élections de 2015, la Liste arabe unie – l’alliance des partis arabes dirigée par Odeh à la Knesset sortante – n’avait pas préconisé la nomination d’Isaac Herzog, qui était alors le principal rival de Netanyahu, ni personne d’autre.

Odeh a assuré que ni Gantz ni Lapid ne l’ont contacté, ni le président de Taal, le député Ahmad Tibi, ni personne d’autre sur leur liste.

Le parti Kakhol lavan devra peut-être compter sur la recommandation de Hadash-Taal s’il veut avoir une chance de former une coalition – même si cela ne s’avère pas toujours suffisant. Un certain nombre de partis de droite et de partis Haredi ont dit ou suggéré qu’ils ne recommanderaient pas Kakhol lavan, ce qui signifie qu’une recommandation Hadash-Taal en sa faveur pourrait être un facteur crucial. Cependant, de nombreux sondages suggèrent actuellement que Netanyahu serait mieux placé pour former une coalition, avec plus de partisans dans les petits partis, même si le Likud obtient trois à cinq sièges de moins que Kakhol lavan, comme le prévoient des sondages.

Odeh a également précisé que si Gantz et Lapid consentent aux demandes de son parti et décident finalement de former un gouvernement minoritaire, Hadash-Taal, en tant que membres de l’opposition, ne votera pas pour des résolutions visant à le faire tomber.

« S’ils œuvrent pour la paix et l’égalité, pourquoi voudrions-nous faire tomber leur gouvernement ? » a-t-il demandé.

Si Kakhol lavan forme un gouvernement composé de moins de 60 membres de la Knesset, il aura besoin de l’assurance de certains députés de l’opposition qu’ils ne voteront pas en faveur des motions visant à dissoudre la coalition.

Dans les années 1990, alors qu’il négociait les accords d’Oslo, le Premier ministre de l’époque, Yitzhak Rabin, à la tête d’un gouvernement minoritaire, comptait sur les partis arabes de l’opposition pour bloquer de telles résolutions.

Odeh a qualifié de raisonnables les exigences de Hadash-Taal à l’égard de Kakhol lavan, soutenant qu’il était réaliste que le parti dirigé par Gantz les accepte, tout en notant qu’il pensait qu’il n’était toujours pas prêt à le faire.

Une vue de la ville arabe israélienne de Sakhnin. (Capture d’écran YouTube)

« Nous ne leur demandons pas de reconnaître la Nakba ou de soutenir le ‘droit au retour’ des réfugiés palestiniens, » a-t-il dit, employant un terme arabe qui fait allusion à la dépossession des Arabes après la création d’Israël en 1948 et la guerre subséquente entre l’Etat juif et les pays arabes. « Cela dit, je ne pense toujours pas que Lapid et Gantz aient mûri au point d’accepter nos positions ».

Gantz et Lapid n’ont pas indiqué qu’ils seraient prêts à répondre à toutes les demandes évoquées par Odeh. Par exemple, tous deux se sont engagés à « corriger » la loi de l’État-nation, mais ont évité d’utiliser des termes liés à son abrogation.

Le candidat centriste a également laissé entendre la semaine dernière qu’il ne comptait pas faire appel aux partis à majorité arabe pour former un gouvernement.

« Nous appelons à un gouvernement d’unité », avait déclaré M. Gantz lors d’une visite dans le nord d’Israël, précisant qu’il souhaiterait qu’il comprenne des membres du Likud et tous ceux « qui sont raisonnables et sionistes ».

L’avocat originaire de Haïfa est un membre de longue date de Hadash. Père de trois enfants, marié à Nardine Asesli, gynécologue, il a été élu au conseil municipal de Haïfa à la fin des années 1990 et a fait sa première incursion en politique nationale en 2015 sur la Liste arabe unie. Il s’agissait d’une coalition de quatre formations à majorité arabe, aujourd’hui scindée en deux listes pour les prochaines élections – Hadash-Taal et Balad-Liste arabe unifiée (LAU). (La commission centrale électorale a disqualifié Balad-LAU mercredi ; la liste prévoit de faire appel devant la Cour suprême pour faire annuler cette décision).

Les députés Ayman Odeh et Ahmad Tibi se réjouissent après avoir soumis une liste commune de candidats de leurs partis Hadash et Taal à la commission centrale électorale de la Knesset, le 21 février 2019. (Hadash)

Le député a confié avoir insisté en vain pour que la Liste arabe unie reste en place. « Je tenais à maintenir la Liste arabe unie parce que je croyais qu’il valait mieux pour nous tous de rester unis », a-t-il dit. « Malheureusement, après de nombreuses discussions sur sa sauvegarde, nous n’avons pas été en mesure de le faire ».

La Liste arabe unie avait remporté 13 sièges aux élections de 2015, ce qui en faisait l’un des plus grands partis de l’opposition.

Odeh a éludé la question de savoir pourquoi la Liste arabe unie s’est effondrée. Il y a deux semaines, Mtanes Shihadeh, un haut responsable politique de Balad, a attribué la désintégration à des désaccords sur la répartition des sièges.

Odeh a également décrit le discours de campagne de Netanyahu, qui a, à plusieurs reprises pointé du doigt les partis à majorité arabe, comme une stratégie visant à les délégitimer.

« Netanyahu connaît très bien le poids politique des citoyens arabes. Il était à la tête de l’opposition lorsque Rabin, dans les années 1990, a compté sur nous pour maintenir son gouvernement à flot. Il a également perdu de justesse contre Barak en 1999, que beaucoup d’entre nous ont soutenu », a-t-il dit, faisant référence à l’ancien Premier ministre Ehud Barak, qui avait battu Netanyahu dans un face-à-face lors des élections directes au poste de Premier ministre de 1999, par huit points de pourcentage. (Cette année-là, Israël avait organisé des élections séparées mais simultanées pour la Knesset et le poste de Premier ministre.)

« Il sait que nous pouvons faire la différence. Il a donc conclu sa dernière campagne électorale en s’en prenant à nous », a-t-il dit, rappelant que Netanyahu avait averti de manière infâme les électeurs juifs le jour du scrutin de 2015 que les Arabes se rendaient « en masse » dans les isoloirs.

« Et aujourd’hui, il a décidé de commencer cette campagne électorale en nous provoquant et en tentant de nous délégitimer », a accusé Odeh.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors du lancement de la campagne électorale de son parti le Likud à Ramat Gan, le 4 mars 2019. (Aharon Krohn/Flash90)

Au cours des dernières semaines, Netanyahu et ses alliés ont affirmé à plusieurs reprises que Gantz comptait sur le soutien des partis à majorité arabe d’Israël pour former un gouvernement, insinuant qu’une telle décision devrait lui faire perdre tout soutien.

Netanyahu a également fait campagne contre Gantz avec le slogan « Bibi ou Tibi », suggérant qu’un parti arabe participant au gouvernement ne serait pas de bon augure pour Israël.

Le député arabe s’est engagé, s’il est élu, à étudier la possibilité de se lever pour chanter la Hatikva, l’hymne national israélien, lors de la prochaine cérémonie d’investiture de la Knesset.

« Le moment venu, j’examinerai la question », a-t-il dit. Mais il a souligné que « la Hatikva ne me représente pas. Elle parle d’une âme juive. Si j’ai une âme, elle n’est pas juive. Je préférerais donc que nous ayons un hymne civil qui incarne tout le monde ici ».

La Hatikva, poème du poète juif ukrainien Naftali Herz Imber, fait référence à « l’âme juive » et à « son ardent désir pour Sion ».

Lors de la cérémonie de prestation de serment de la Knesset en 2015, Odeh, contrairement à la plupart des membres de la Liste arabe unie, est resté dans la salle principale du Parlement et est resté debout en silence pendant le chant de la Hatikva. « Je l’ai fait pour agir comme un homme d’État », a-t-il dit. « Je ne voulais pas non plus permettre à quiconque d’utiliser cette situation pour me délégitimer ».

Il a également fait remarquer qu’il ne s’oppose pas par principe à l’auto-détermination des Juifs.

« Je crois que les Juifs d’ici sont un peuple et que chaque peuple, y compris eux, a le droit à l’auto-détermination. Mais cela ne peut se faire au détriment de nos droits civils et nationaux », a-t-il dit, ajoutant qu’il croyait en une solution à deux États avec la création d’un État palestinien sur la base des frontières d’avant 1967.

Les sondages réalisés par le Centre palestinien de recherche politique ont toujours montré que les Israéliens arabes soutiennent massivement une solution à deux États et un accord de paix largement fondé sur les paramètres proposés précédemment.

Interrogé sur les soldats israéliens, le candidat à la Knesset a adopté un ton moins hostile que celui utilisé par certains autres responsables politiques arabes.

« Un soldat de 18 ans est victime de l’occupation », a-t-il dit. « Les Palestiniens sont la première victime, mais les soldats sont la deuxième victime. Il est vrai qu’il y a des soldats qui tuent des mineurs et causent des destructions, mais c’est aussi parce que l’occupation les y pousse. L’endroit naturel où l’on devrait voir les soldats est à l’université pour construire leur avenir, pas pour occuper un autre peuple ».

Une poignée de dirigeants de Balad, qui se définissent eux-mêmes comme membres du mouvement national palestinien, ont fait des commentaires très virulents au sujet des soldats. Par exemple, la députée sortante de Balad, Hanin Zoabi, a assimilé l’armée israélienne au groupe terroriste de l’État islamique. « Les deux sont des armées d’assassins », avait-elle déclaré dans une interview accordée à la télévision israélienne en 2014.

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