Baharav-Miara : l’armée doit immédiatement recruter 7 000 hommes haredim
La procureure-générale a expliqué que 4 500 des avis de recrutement devaient être émis indépendamment du fait que leurs destinataires étaient - ou non - des étudiants en yeshiva ; les partis ultra-orthodoxes se plaignent
La procureure-générale Gali Baharav-Miara a indiqué aux plus hauts responsables juridiques, politiques et militaires que 7 000 ordres de recrutement militaire devaient être immédiatement émis en direction des hommes de la communauté ultra-orthodoxe – l’armée avait fait savoir, mardi, qu’elle prévoyait de le faire au début de la semaine prochaine – afin que le pays se conforme à la loi et que les engagements qui ont été pris par l’État devant les tribunaux soient respectés.
Selon les médias israéliens, Baharav-Miara a tenu ces propos lors d’une réunion qui était organisée mardi, affirmant que toute limitation ou retard des ordres de recrutement seraient illégaux.
Elle a aussi expliqué que 4 500 de ces avis de recrutement devaient être émis indépendamment du fait que leurs destinataires étaient – ou non – des étudiants en yeshiva.
Au cours des dernières semaines, l’armée a transmis 3 000 ordres de recrutement à des hommes haredim, principalement à de potentielles recrues qui ont par ailleurs un emploi et qui ne sont pas étudiants à plein temps dans un séminaire religieux. Seuls 273 de ces hommes se sont présentés dans les centres de recrutement de l’armée israélienne et ils ont été encore moins nombreux – 48 – à s’être enrôlés depuis, ce qui témoigne de l’intense opposition de la communauté au service dans l’armée.
Les instructions de Baharav-Miara ont été données alors que l’armée israélienne se prépare à envoyer les 7 000 nouveaux ordres – que l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant avait approuvés seulement vingt-quatre heures avant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne le limoge, la semaine dernière.
Le nouveau ministre de la Défense, Israel Katz, n’a pas annulé cette décision. Par conséquent, l’armée israélienne prévoit toujours de faire parvenir les ordres à leurs destinataires au début de la semaine prochaine.
L’annonce de l’armée israélienne a irrité les deux partis ultra-orthodoxes de la coalition – Yahadout HaTorah et le Shas. Selon la chaîne publique de télévision Kann, ils ont fait savoir qu’elle allait à l’encontre d’une promesse qui leur avait été faite la semaine dernière par Netanyahu.
La chaîne a précisé que lorsque Netanyahu avait confirmé le remplacement de Gallant par Katz, il avait assuré aux factions haredim – qui s’opposent farouchement à l’enrôlement des ultra-orthodoxes dans l’armée – que le nouveau ministre annulerait la décision prise de délivrer les nouveaux ordres de recrutement militaire.
Kann a rapporté que le bureau de Netanyahu avait nié avoir transmis un tel message, notant toutefois que les partenaires ultra-orthodoxes de la coalition insistaient sur le fait que la promesse leur avait été faite.
Les partis haredim de la coalition de Netanyahu exercent d’intenses pressions en faveur de l’adoption d’une loi réglementant les exemptions militaires pour les étudiants en yeshiva et pour d’autres membres de la communauté haredi – après que la Haute Cour a statué, au mois de juin, que ces dispenses, en place depuis des décennies, étaient parfaitement illégales. La plupart des Israéliens n’appartenant pas à cette communauté veulent supprimer les larges exemptions de service dans l’armée israélienne qui sont accordées aux hommes appartenant à cette catégorie de population.
Gallant était considéré comme l’un des principaux obstacles au projet de loi sous sa forme actuelle – qui consacrerait l’exemption de la communauté ultra-orthodoxe du service au sein de l’armée israélienne et d’autres services nationaux depuis des décennies – avant d’être limogé par Netanyahu. Après son licenciement, il a estimé que le projet de loi était une législation « discriminatoire et corrompue » et il a affirmé que son opposition à cette dernière avait été en grande partie à l’origine de son renvoi, qui est intervenu alors qu’Israël mène des guerres sur deux fronts et que l’armée est confrontée à une grave pénurie d’effectifs dans ses rangs.
Netanyahu a nié avoir écarté de ses fonctions Gallant pour des raisons politiques, évoquant leurs désaccords sur la manière de prendre en charge l’effort de guerre.
Selon les médias israéliens, Netanyahu s’apprête à relancer le projet de loi controversé. L’un de ses principaux collaborateurs aurait déclaré aux dirigeants de la coalition que le licenciement de Gallant ouvrait la voie à l’avancée du projet de loi. La Haute-Cour avait statué, au mois de juin, que les exemptions massives de service dont bénéficient les hommes ultra-orthodoxes étaient illégales et elle avait ordonné que les Haredim soient enrôlés.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.