Baisse de 17 % des demandes d’admission anticipée à Harvard par rapport à 2022
Sur fond d'antisémitisme et suite à une décision explosive de la Cour suprême interdisant la discrimination positive, 7 921 personnes ont demandé leur inscription à Harvard, contre 9 553 l'an dernier
En pleine tourmente, Harvard a reçu 17 % de moins de demandes d’admission anticipée par rapport à l’an dernier.
Selon les chiffres de la Harvard Gazette, 7 921 personnes ont postulé cette année à la prestigieuse université au titre des pré-inscriptions, possibles jusqu’au 1er novembre dernier. Il y en avait eu 9 553 l’année dernière, soit une baisse de 17 % en 2023.
Toutefois, ces chiffres fluctuent d’une année à l’autre sans que l’on sache précisément quels sont les facteurs en jeu.
En 2021, il y a eu 9 406 demandes de pré-inscription, contre 10 087 un an plus tôt, toujours selon la Harvard Gazette.
En 2019, l’université avait reçu 6 424 demandes de pré-inscription, soit moins encore que cette année, et ce qui constituait à l’époque une légère baisse par rapport à 2018, avec 6 958 demandes de pré-inscription. En 2017, ils n’avaient été que 6 630 à faire une demande de pré-inscription.
Cette année, l’université n’a pas su se positionner publiquement face aux accusations d’antisémitisme sur le campus et dans le sillage de la décision explosive de la Cour suprême des États-Unis remettant en cause la discrimination positive – le fait de tenir compte de l’origine ethnique des candidats – dans le processus d’admission à l’université.
Rien ne permet à ce stade de savoir si l’un ou l’autre de ces problèmes a contribué à la baisse du nombre de demandes de pré-inscription cette année. Les demandes d’admission à l’université ont grimpé en flèche pendant la pandémie de COVID, ce que les experts ont analysé comme une sorte d’effet d’aubaine pour les candidats, à un moment où les critères traditionnels – notes et résultats aux tests standardisés – étaient moins importants après une scolarité passée pour l’essentiel du temps à la maison.
La date butoir du 1er novembre fixée pour le dépôt des demandes de pré-inscription suivait de trois semaines le massacre du Hamas du 7 octobre dernier, qui a déclenché une série de manifestations et un débat sur l’antisémitisme sur les campus américains en raison des manifestations pro-palestiniennes.
L’université a fait l’objet de critiques, à la mi-octobre, en raison de son silence suite à l’assaut du Hamas, au cours duquel le groupe terroriste a tué près de 1 200 personnes et fait 240 otages. Ce silence a conduit la Fondation Wexner à rompre toute relation avec l’université et dire que ses membres « se sentent abandonnés » suite à « l’échec lamentable » de l’institution.
L’université a ensuite fait face à des réactions difficiles suite à l’audition par le Congrès de sa présidente, Claudine Gay – la date limite de dépôt des demandes de pré-inscription était alors dépassée –, laquelle a refusé de dire que les appels à la violence contre les Juifs relevaient du harcèlement, se bornant à affirmer : « Lorsque les actes suivent la parole, alors nous agissons ».
Gay a par la suite présenté ses excuses pour ces propos, assurant qu’il aurait été préférable de dire « que les appels à la violence contre notre communauté juive – les menaces contre nos étudiants juifs – n’ont pas leur place à Harvard, et ne resteront jamais lettre morte ».
Malgré les appels au limogeage, Harvard a annoncé la semaine dernière qu’elle resterait à son poste.