Belloubet : « Pour moi, l’antisémitisme, c’est l’exacte négation du projet républicain »
Avec la fin de l'année qui approche à grands pas, beaucoup de personnel de l'éducation se plaignent des consignes du gouvernement pour évoquer le viol antisémite de Courbevoie
Tous les chiffres le montrent : depuis l’attaque du 7 octobre par le Hamas sur Israël, l’antisémitisme a explosé en France. Un rapport du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) publié en janvier montre une augmentation de plus de 1 000 % des actes antisémites à partir du 7 octobre, par rapport à l’année précédente.
Cette vague antisémite touche la plupart des départements français, les établissements d’enseignement supérieur, mais aussi les écoles. Invitée lundi sur BFMTV, la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet a révélé que pas moins de 650 actes antisémites ont été recensés dans les établissements scolaires français depuis le 7 octobre.
« La singularité de l’antisémitisme, c’est qu’il peut prendre différentes formes en fonction des circonstances extérieures. Nous avons le 7 octobre dernier connu cet attentat gravissime qui a redonné une nouvelle forme à l’antisémitisme », explique-t-elle.
La ministre s’est également exprimée sur le viol à caractère antisémite d’une enfant de 12 ans par trois jeunes de son âge le 18 juin dernier à Courbevoie : « J’entends l’inquiétude de nos compatriotes de confession juive. […] Pour moi, l’antisémitisme, c’est l’exacte négation du projet républicain ».
Face à cette recrudescence de l’antisémitisme à l’école, Nicole Belloubet affirme qu’un « signalement systématique » est effectué par « le professeur, le proviseur, l’élève » et que l’Education nationale y répond par des « sanctions systématiques et, en amont de tout cela, dans les programmes d’enseignement […] il y a vraiment une prise en charge de ce combat ».
« On ne met pas la poussière sous le tapis, » assure-t-elle.
Emmanuel Macron a par ailleurs demandé mercredi 19 juin qu’un « temps d’échange » sur le racisme et l’antisémitisme soit organisé dans tous les établissements scolaires. La ministre confirme avoir instruit les chefs d’établissements de prévoir « une séquence de dialogue et d’explication » avec les élèves autour de la lutte contre l’antisémitisme d’ici la fin de l’année.
La demande s’est accompagnée de « ressources pédagogiques » censées faciliter le travail des professeurs. De leur côté, des enseignants ont exprimé leurs doutes face à la réponse de la ministre, expliquant qu’un certain nombre d’élèves au collège et lycée sont déjà en vacances, quand d’autres n’ont en tête que leurs examens.
Une professeure de français interrogée par Europe 1 accuse le gouvernement de prendre une « posture, […] je trouve que c’est encore plus humiliant et encore plus blessant pour la communauté juive que cette tragédie soit traitée de la sorte ».
Toujours selon Europe 1, des enseignants du primaire confient qu’il est trop délicat pour eux d’aborder le viol de l’enfant.