Ben Gvir : La réorganisation de la Police des frontières ne créerait pas une milice
Le ministre de la Sécurité nationale affirme que le projet vise à renforcer le maintien de l'ordre, et non à créer une armée privée comme l'affirment les critiques
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a rejeté lundi les mises en garde de l’opposition et des responsables de la Défense, affirmant qu’il « n’essayait pas de créer une armée privée » avec son plan visant à réorganiser la Police des frontières au sein de la Sécurité.
Le ministre d’extrême droite a déclaré que son projet d’intégrer la force dans une garde nationale permettra de renforcer les effectifs dans les zones où la police est peu présente, comme dans le sud du Neguev.
Les membres de l’opposition politique et de l’establishment de la Défense se sont prononcés contre l’idée de donner à Ben Gvir le contrôle de la Police des frontières, soulignant que ce dernier pourrait s’en servir pour constituer une milice relevant directement de son cabinet ministériel, plutôt que des chaînes de commandement de l’armée israélienne ou de la police.
En janvier, Ben Gvir a indiqué que la Garde nationale serait placée sous le commandement du commissaire de police Kobi Shabtai, plutôt que sous son autorité directe comme le proposait l’accord de coalition conclu en décembre par Otzma Yehudit.
Néanmoins, Ben Gvir fait actuellement pression pour faire adopter une législation controversée qui subordonnerait officiellement le commissaire de police au ministre de la Sécurité nationale.
Lundi, Ben Gvir a confirmé au Times of Israel qu’il envisageait encore d’incorporer l’ensemble de la Police des frontières dans une nouvelle Garde nationale, dans le cadre d’un effort visant à renforcer le pouvoir de maintien de l’ordre d’une force en sous-effectif, même si la manière dont cette mesure permettrait de réaliser cet objectif reste floue.

Cela impliquerait de placer les unités de la Police des frontières actuellement déployées en Cisjordanie sous commandement opérationnel militaire au-delà de la Ligne verte, en Israël, pour qu’elles se joignent aux opérations de la Garde nationale.
Au début de l’année, Aviv Kohavi, alors chef d’état-major de Tsahal, avait averti que le retrait des unités de la Police des frontières de leur rôle en Cisjordanie obligerait Tsahal à recourir davantage aux troupes de réserve pour les remplacer.
Si la Police des frontières joue effectivement un rôle dans la surveillance des frontières du pays, elle participe également à un grand nombre de missions, dont la lutte contre le terrorisme, le contrôle des émeutes et les opérations sous couverture.
Elle fait officiellement partie de la police et relève en dernier ressort du commissaire de police, bien que certaines de ses composantes soient placées sous le commandement opérationnel de l’armée.
Une grande partie du travail de la Police des frontières comprend le maintien de l’ordre des Palestiniens, ce qui suscite d’autres inquiétudes si cette venait à se retrouver sous le contrôle du chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit.
Ben Gvir doit encore fournir des informations d’informations détaillées sur le budget, la structure de commandement, les domaines d’autorité spécifiques ou les capacités prévues de sa Garde nationale.

Le ministre a fait pression pour obtenir des pouvoirs élargis dans le cadre de son ministère de la Sécurité nationale rebaptisé. Au-delà de sa volonté de modifier la ligne de commandement par rapport au ministre de la Police, il veut également s’octroyer de larges pouvoirs pour définir la politique en matière d’enquêtes et de poursuites policières. Le bureau du procureur général s’y est opposé, estimant que cela porterait atteinte à l’indépendance des forces de police. Le débat en commission sur ces dispositions a repris début février.
En décembre, la nouvelle coalition a fait adopter une loi établissant que la police israélienne est assujettie au gouvernement, et a inscrit dans la loi que le ministre de la Sécurité nationale pourrait définir la politique générale de la police.
En janvier, Ben Gvir a présenté un plan pour la Garde nationale. Ce document présentait certaines similitudes avec un arrangement proposé par son prédécesseur, l’ancien ministre de la Sécurité intérieure Omer Barlev, et le Premier ministre de l’époque Naftali Bennett. Le plan précédent envisageait toutefois que la Police des frontières opère aux côtés de la Garde nationale, et non pas qu’elle fasse partie de celle-ci.
Le plan qui avait été approuvé par Barlev et Bennett prévoyait la création d’une « Garde israélienne » composée d’officiers en service actif et de réserve et de volontaires formés par des professionnels de la Police des frontières.
Depuis son annonce en juin dernier, l’idée a du mal à trouver un écho.