Benzène « 100 fois supérieur à la normale » après les frappes iraniennes sur Haifa
Des émissions cancérigènes ont été relevées près d’une raffinerie et d’un lycée ; Bazan affirme que ses capteurs internes affichent des valeurs conformes aux normes
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Des niveaux de benzène 100 fois supérieurs à la normale auraient été mesurés dimanche autour du complexe de la raffinerie Bazan, à Haïfa, dans le nord d’Israël, après la reprise partielle des activités du conglomérat. Les pipelines et les lignes de transmission avaient été endommagés par des missiles iraniens qui ont coûté la vie à trois employés.
L’Association des villes de la baie de Haïfa pour la protection de l’environnement a relevé ces niveaux alarmants via ses stations de surveillance, notamment sur la clôture du complexe et dans un lycée de Kiryat Ata, une ville voisine.
Des représentants de l’association et du ministère de l’Environnement ont effectué une inspection surprise sur le site de Bazan. Selon l’association, les émissions élevées de benzène, un cancérigène avéré, proviendraient des travaux de remise en état des installations endommagées par les frappes.
Dans un communiqué, le ministère a indiqué que la ministre de l’Environnement, Idit Silman, son directeur Rami Rosen et les équipes techniques « considèrent l’événement inhabituel survenu chez Bazan avec le plus grand sérieux ». L’équipe du district de Haïfa s’est installée temporairement dans les bureaux de l’association pour se rapprocher du site et suivre la situation de près. Elle a également ordonné à l’entreprise de mener une enquête interne.
Bazan soutient de son côté que les stations de surveillance situées à l’intérieur du complexe ont enregistré dimanche et lundi des niveaux de benzène conformes aux « exigences strictes » de l’État.
Depuis des années, des habitants, des associations environnementales et d’autres parties prenantes réclament la fermeture du complexe Bazan et l’importation des produits qu’il fabrique, en raison de la pollution importante dans la région – où les taux de cancer et d’asthme sont élevés – et de la crainte de conséquences catastrophiques en cas d’attaque.
La brève guerre entre Israël et la République islamique d’Iran et les frappes sur le complexe ont ravivé ces appels à la fermeture.

L’entreprise, déjà condamnée à plusieurs reprises pour des infractions à son permis de pollution de l’air, avait temporairement cessé ses activités après les tirs de missiles et prévoit une reprise complète d’ici octobre.
Il y a trois ans, le gouvernement avait décidé de fermer les raffineries et les installations pétrolières associées dans un délai de dix ans. Une direction dédiée au développement de la baie de Haïfa, rattachée au cabinet du Premier ministre, a depuis élaboré une feuille de route jusqu’en 2030.
« Les constatations faites lors de l’inspection surprise prouvent une fois de plus à quel point la présence de Bazan dans la baie de Haïfa est dangereuse et nuisible, et combien la sécurité et la santé des habitants sont en péril », a déclaré le maire de Haïfa, Yona Yahav. « Le message est clair, écrit en lettres majuscules : l’État d’Israël doit œuvrer sans délai à l’évacuation de Bazan de la baie de Haïfa. J’invite les dirigeants de Bazan à se joindre à cet effort essentiel. »

Lihi Shahar Berman, directrice générale de l’Association des villes de la baie de Haïfa pour la protection de l’environnement, a ajouté que « les niveaux record mesurés aujourd’hui démontrent concrètement que les affirmations des dirigeants de Bazan, selon lesquelles l’attaque au missile n’aurait pas d’impact environnemental, sont totalement déconnectées de la réalité. En situation d’urgence comme en temps normal, Bazan nuit à la santé des habitants. »
Le plan de l’État pour les 20 prochaines années est de transformer la baie de Haïfa en une zone durable, comprenant des quartiers résidentiels, des espaces commerciaux et industriels propres, des pôles touristiques et des espaces verts.
Mais cette transformation reste conditionnée à la fermeture de Bazan, qui ne pourra intervenir qu’une fois les infrastructures nécessaires à l’importation, au transport et au stockage des produits pétroliers mises en place. La planification de ces infrastructures est en cours, à des stades divers.