Biden en visite éclair à Berlin à un moment crucial pour l’Ukraine
Cette visite souligne l'importance du lien avec un fidèle allié européen, que le président sortant devrait exhorter à rester mobilisé pour aider l'Ukraine
Un voyage transatlantique d’une journée, en pleine campagne électorale américaine : la visite de Joe Biden à Berlin vendredi souligne l’importance du lien avec un fidèle allié européen, que le président sortant devrait exhorter à rester mobilisé pour aider l’Ukraine.
L’élection présidentielle du 5 novembre aux Etats-Unis pourrait constituer une césure en cas de victoire du républicain Donald Trump qui fait redouter à certains une baisse drastique de l’aide militaire américaine à Kiev.
L’Ukraine sera au cœur des entretiens entre Biden et les responsables allemands à un moment où les bombardements russes contre ses infrastructures essentielles redoublent et où son armée recule sur le front oriental.
Biden tiendra également une réunion à quatre avec son homologue français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Keir Starmer, selon le programme de la visite transmis par la Maison Blanche.
Le déplacement intervient alors que le président Biden a annoncé une nouvelle aide américaine à l’Ukraine de 425 millions de dollars lors d’un appel téléphonique mercredi avec le président Volodymyr Zelensky.
Le Démocrate avait repoussé il y a une semaine son déplacement en Allemagne en raison de l’ouragan Milton. Pas question pour autant de renoncer à cette visite d’adieu, même si le président l’a réduite à une journée.
Pour la Maison Blanche, la rencontre séparée entre le président américain et Scholz permettra de « renforcer les liens étroits » entre les deux pays et de « se coordonner sur les priorités géopolitiques, notamment la défense de l’Ukraine contre l’agression russe et les événements au Moyen-Orient ».
Biden va sans doute « adresser un message aux Européens sur l’importance qu’il y a à ce qu’ils se préparent à prendre eux-mêmes plus de responsabilités dans leur aide à l’Ukraine », estime la politologue allemande experte en relations internationales Daniela Schwarzer, de la Fondation Bertelsmann.
Discuter avec Poutine ?
Après plus de deux ans et demi de guerre, un affaiblissement de l’aide occidentale se profile, sur fond d’éclatement d’un autre conflit majeur, au Proche-Orient, après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.
Les opinions publiques se lassent aussi, comme l’ont récemment montré les scores historiques dans trois scrutins régionaux obtenus par le parti d’extrême-droite allemand AfD et un nouveau parti d’extrême-gauche, qui réclament la fin des livraisons d’armes à Kiev.
L’Allemagne est le deuxième plus grand donateur d’aide à l’Ukraine, les Etats-Unis étant le premier. Mais elle a divisé par deux à quatre milliards d’euros son enveloppe budgétaire d’aide à l’Ukraine en 2025.
Scholz a aussi appelé mercredi à « tout faire » pour empêcher la poursuite du conflit, y compris en discutant avec Vladimir Poutine, en concertation avec l’Ukraine et les autres alliés de ce pays.
Au même moment, Zelensky a dévoilé au Parlement ukrainien son « plan de victoire » qui vise à contraindre le président russe à mettre fin à la guerre, un soutien accru des alliés occidentaux étant indispensable à sa mise en œuvre.
Le président ukrainien, qui refuse de céder la moindre zone annexée par la Russie, s’était rendu la semaine dernière à Berlin où il a réclamé, en vain, l’autorisation d’utiliser les missiles fournis par les Occidentaux contre des cibles militaires sur le territoire russe.
« Incroyable amélioration »
Biden sera accueilli dans la capitale allemande par son homologue Frank-Walter Steinmeier qui lui remettra la plus haute distinction de son pays pour « services rendus » à l’amitié germano-américaine et à l’alliance transatlantique.
Devant les députés du Bundestag, Scholz a d’ailleurs salué « l’incroyable amélioration de la coopération » sous le gouvernement Biden entre Berlin et Washington et au niveau européen.
La présidence tumultueuse de Trump (2017-2021) avait mis à rude épreuve les relations entre les Etats-Unis et l’Allemagne, celui-ci reprochant aux Allemands et à d’autres Européens de dépenser trop peu pour la défense commune dans le cadre de l’Otan.
Après l’invasion russe, l’Allemagne, profondément pacifiste depuis les horreurs du nazisme, s’est engagée dans un changement radical de sa politique, avec la mise en place, entre autres, d’un fonds de 100 milliards d’euros pour remettre à flot son armée.
Les discussions entre les quatre principaux alliés transatlantiques devraient également porter sur la situation au Proche-Orient.
Si Washington et Berlin sont les plus fidèles alliés d’Israël, ils ont aussi réclamé à maintes reprises un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et l’ont mis en garde contre une extension de la guerre à toute la région.