Biden menace de représailles des groupes pro-Iran suite à la mort de 3 soldats
Trois militaires américains ont été tués et 34 blessés dans une attaque au drone en Jordanie ; le président va demander des comptes à tous les acteurs au moment opportun
Trois militaires américains ont été tués et 34 blessés dans une attaque au drone en Jordanie, a annoncé dimanche Washington, le président Joe Biden menaçant de représailles les auteurs et désignant des groupes pro-Iran comme responsables.
« Aujourd’hui, l’Amérique a le cœur lourd. La nuit dernière, trois militaires américains ont été tués, et plusieurs blessés dans une attaque de drone sur nos forces basées dans le nord-est de la Jordanie », a déclaré le président américain dans un communiqué.
« N’en doutez pas : nous demanderons des comptes à tous les responsables, quand et comme nous l’aurons décidé », a-t-il ajouté.
Un responsable américain a déclaré à Reuters qu’au moins 34 membres du personnel étaient évalués pour d’éventuelles lésions cérébrales traumatiques, et non 25 comme initialement rapporté par le CENTCOM (Commandement central des États-Unis) qui avait indiqué que 25 soldats avaient été blessés sur cette base, près de la frontière avec la Syrie.
Biden a affirmé qu’à ce stade, « nous savons que cela a été mené par un groupe de combattants radicaux pro-Iran opérant en Syrie et en Irak ».
Ces soldats, a écrit le président démocrate, « risquaient leur propre sécurité pour la sûreté de leurs compatriotes américains et celle de nos alliés et partenaires avec lesquels nous combattons le terrorisme ».
« Bien que nous soyons encore en train de rassembler les éléments, il s’agit très certainement de l’œuvre d’une milice soutenue par l’Iran », a déclaré un second responsable.
Ces décès de militaires américains surviennent dans un contexte explosif. Depuis la mi-octobre, plus de 150 frappes de drones ou tirs de roquettes ont visé les soldats américains et ceux de la coalition, en Irak et en Syrie. Elles sont généralement revendiquées par la « Résistance islamique en Irak ».
Washington avait jusqu’ici répondu par des frappes ciblées en Irak mais ces représailles sont demeurées pour l’instant contenues. L’Iran et les Etats-Unis ont répété ne pas souhaiter une déflagration régionale.
Plus au sud, les Houthis visent depuis plusieurs mois le trafic maritime international au large du Yémen, disant agir en soutien des Palestiniens à Gaza. En réponse, Washington a bombardé à de nombreuses reprises depuis début janvier des positions de ces rebelles soutenus par Téhéran.
Les Etats-Unis ont même demandé à la Chine d’intercéder auprès de l’Iran pour que cessent ces attaques qui ont gravement perturbé le commerce mondial.
Le porte-parole du gouvernement jordanien a indiqué de son côté que l’attaque n’avait pas eu lieu sur son territoire mais plutôt sur une base militaire située en Syrie.
« L’attaque qui a visé les forces américaines n’a pas eu lieu en Jordanie (…) Elle a visé la base d’Al-Tanf en Syrie », une base stratégique de la coalition antijihadiste, près des frontières jordanienne et irakienne, a déclaré Muhannad Mubaidin, qui est aussi ministre de la Communication, à la télévision d’Etat jordanienne.
La Jordanie a ensuite condamné « l’attaque terroriste » contre un poste militaire avancé situé juste à l’intérieur de sa frontière avec la Syrie, et affirme qu’elle coopère avec Washington pour sécuriser sa frontière.
Sur son compte Telegram, la « Résistance islamique en Irak », nébuleuse de combattants issus de groupes armés pro-Iran, a de son côté revendiqué des « attaques menées dimanche à l’aube avec des drones » contre trois bases en territoire syrien, dont celles d’Al-Tanf et de Rukban, toutes proches.
Sami Abou Zahri, un porte-parole du Hamas, a déclaré que la mort des trois soldats « est un message à l’administration américaine » : « la poursuite de l’agression américano-sioniste à Gaza fait risquer une explosion régionale » avec la colère « de l’ensemble » du monde musulman.
L’Iran, qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël, se considère avec le pouvoir en Syrie, le Hezbollah libanais, le mouvement palestinien Hamas, des groupes irakiens et les rebelles yéménites Houthis comme faisant partie de « l’axe de la résistance » face à Israël au Moyen-Orient.
Les appels de Républicains à frapper directement l’Iran se sont ensuite multipliés aux États-Unis.
Le sénateur républicain Tom Cotton de l’Arkansas a déclaré dimanche que « la seule réponse à ces attaques doit être une riposte militaire dévastatrice contre les forces terroristes iraniennes, tant en Iran qu’au Moyen-Orient ». « Toute autre réponse confirmera que Joe Biden est un lâche indigne d’être commandant en chef. »
« Ciblez Téhéran », a écrit sur X John Cornyn, représentant du Texas, tandis que Lindsey Graham, sénateur de Caroline du Sud qui est actuellement en Israël, a écrit : « Frappez l’Iran maintenant. Frappez-les durement. »
L’ancien commandant de l’OTAN Wesley Clark a demandé à Biden de « supprimer leurs capacités et de frapper fort à la source : l’Iran ».