Biden pousse les Palestiniens à coopérer sur les Accords d’Abraham ; Abbas hésite
Les États-Unis soulignent combien la coopération entre Israël et le Maroc a facilité l'accès des Palestiniens au poste d'Allenby, entre la Cisjordanie et la Jordanie
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le président américain Joe Biden a demandé au président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, sa coopération alors qu’il cherche à exploiter les accords d’Abraham, qui ont entraîné la normalisation des liens entre Israël et plusieurs pays arabes, de manière à faire adopter des mesures qui profiteront aux Palestiniens, a confié un haut-responsable de l’administration au Times of Israel.
Jusqu’à présent, l’AP a fait preuve de réticence face aux demandes de ralliement à des initiatives multilatérales établies entre Israël et ses nouveaux alliés arabes, affirmant que les Accords d’Abraham sont une tentative de contourner la question palestinienne.
Abbas ne s’est pas engagé à changer de positionnement pendant sa rencontre avec Biden à Bethléem, au début du mois – c’est là que Biden lui a fait part de cette requête – et son bureau n’a pas encore fait savoir à la Maison Blanche si l’AP était désireuse de se joindre à ce projet, a continué le haut-responsable américain, jeudi.
« Nous avons établi très clairement que la normalisation et la mise en œuvre des Accords d’Abraham étaient bien en cours. C’est une tendance et en ce qui concerne les Palestiniens, tenter de se dresser contre cette tendance n’est dans l’intérêt de personne », a commenté un deuxième officiel. « Nous avons établi que les capitales arabes soutiennent avec force cette idée d’intégrer les Palestiniens dans les efforts livrés dans le cadre des Accords d’Abraham, et nous avons pu constater de plus en plus le même soutien chez les Israéliens ».
Lors du sommet du Neguev, en présence des ministres des Affaires étrangères des nations arabes, qui avait été organisé au mois de mars, le Premier ministre Yair Lapid avait convenu de mettre en place six groupes de travail établis par les États-membres – sur la sécurité nationale, l’éducation, la santé, l’énergie, la sécurité alimentaire et le tourisme – des groupes qui œuvreraient aussi à promouvoir des mesures permettant de dynamiser les Palestiniens dans leurs domaines d’expertise respectifs.
L’idée avait été toutefois proposée après le rejet par Lapid d’une requête soumise par le secrétaire d’État américain Antony Blinken qui avait demandé qu’un groupe de travail supplémentaire soit chargé de promouvoir la question palestinienne, avaient expliqué deux diplomates moyen-orientaux à ce moment-là.

L’un des tout premiers fruits des efforts américains avait été annoncé pendant le déplacement de Biden. Parmi plusieurs initiatives prises par l’État juif, les États-Unis avaient noté qu’Israël allait faire en sorte de maintenir ouvert le poste-frontière Allenby, entre la Cisjordanie et la Jordanie, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept d’ici le 30 septembre.
Le ministère des Transports avait ensuite émis un communiqué qui reconnaissait que cette initiative avait été le résultat d’une coopération avec le Maroc. Le ministre marocain des Transports Mohammed Abdeljalil avait fait part de cette idée lors d’une rencontre avec son homologue israélienne, Merav Michaeli, en marge d’un forum international sur le transport qui était organisé en Allemagne au mois de mai.
Michaeli avait accepté de promouvoir ce dossier et un appel téléphonique avait ultérieurement eu lieu entre la vice-secrétaire d’État américaine Barbara Leaf et le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita pour faire avancer les choses.
Dans les semaines qui avaient précédé le déplacement de Biden, malgré tout, les officiels du ministère israélien de la Défense avaient commencé à émettre des réserves, a raconté le deuxième haut-responsable américain, qui a ajouté que l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Tom Nides, avait joué un rôle déterminant pour concrétiser le projet. La Jordanie avait elle aussi pris part à ces négociations, a souligné l’officiel.

Contrairement à l’annonce faite par la Maison Blanche, toutefois, les propos tenus par Michaeli sur Allenby n’avaient pas précisé de calendrier définitif concernant l’ouverture en continu du poste-frontière.
Un porte-parole de la ministre a expliqué depuis que la date dépendra du moment où le bureau aura suffisamment embauché de personnel pour pouvoir maintenir le poste ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept.
Un responsable palestinien proche du dossier a confié que Ramallah avait l’impression que cette date du 30 septembre n’était pas réaliste. Le scepticisme, a-t-il ajouté, domine par ailleurs au sein de l’AP concernant la véritable mise en œuvre de cette mesure et d’autres qui ont été dévoilées par les États-Unis, dans la mesure où certains de ces gestes avaient d’ores et déjà été annoncés dans le passé.
De son côté, jeudi, le ministre de la Défense Benny Gantz a fait part de son soutien aux initiatives prises par l’administration Biden visant à utiliser les Accords d’Abraham pour promouvoir les efforts de paix israélo-palestiniens.
« Je crois que nous pouvons utiliser les Accords d’Abraham et les liens que nous entretenons avec nos partenaires régionaux pour renforcer l’Autorité palestinienne et pour promouvoir des mesures susceptibles d’établir la confiance », a-t-il déclaré lors d’un entretien accordé en direct depuis le Forum sécuritaire d’Aspen.