Biden s’entretient avec Netanyahu et se dit “favorable à un cessez-le-feu”
Le président américain réaffirme le droit d’Israël de se défendre; Erdogan l’accuse d’avoir du sang sur les mains; les frappes se poursuivent tant que des roquettes sont tirées
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le président américain Joe Biden s’est entretenu lundi avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu au sujet de l’effusion de sang en Israël et à Gaza, et « s’est exprimé en faveur d’un cessez-le-feu ».
C’était le troisième échange téléphonique entre les deux dirigeants depuis que la flambée de violence à Gaza, et il intervient quelques heures après que Netanyahu a déclaré avoir ordonné à Tsahal de continuer à frapper des cibles terroristes à Gaza.
Biden « a réitéré son ferme soutien au droit d’Israël de se défendre contre les tirs de roquettes aveugles », a déclaré la Maison Blanche, ajoutant qu’ils « discutaient des progrès des opérations militaires israéliennes contre le Hamas et d’autres groupes terroristes à Gaza ».
Biden a également appelé Netanyahu à « faire tout son possible pour assurer la protection des civils innocents », indique le communiqué.
Le président a informé Netanyahu de l’engagement des États-Unis avec l’Égypte et d’autres partenaires pour négocier un cessez-le-feu. Il a également salué les « efforts du gouvernement israélien pour lutter contre la violence intercommunautaire et ramener le calme à Jérusalem », a déclaré la Maison Blanche.
Les deux dirigeants ont convenu qu’eux-mêmes et leurs équipes resteraient en contact étroit.
Le bureau du Premier ministre n’a pas immédiatement commenté cet échange téléphonique.
Le choix de Biden d’exprimer son soutien à un cessez-le-feu, mais sans en faire la demande explicite, était intentionnel, selon un responsable de l’Administration au courant de l’appel.
Alors que Biden et ses principaux collaborateurs sont préoccupés par l’effusion de sang et la perte croissante de vies innocentes, la décision de ne pas exiger l’arrêt immédiat des hostilités reflète la détermination de la Maison Blanche à soutenir le droit d’Israël à se défendre contre le Hamas, a déclaré le responsable à l’Associated Press sous condition d’anonymat.
Auparavant, Netanyahu avait ordonné à Tsahal de poursuivre l’opération Gardien des murs.
« Nous continuerons d’agir selon les besoins pour rétablir la paix et la sécurité pour tous les résidents d’Israël », a-t-il ajouté.
Cependant, une source diplomatique familière avec les efforts de l’Égypte pour négocier un cessez-le-feu a déclaré au Times of Israel : « Nous y sommes presque », ajoutant qu’il pourrait être atteint en « deux jours au maximum ».
La Douzième chaîne a rapporté que l’Égypte avait affirmé au Hamas lundi soir que s’il veut un cessez-le-feu, il doit cesser de tirer sur Israël. La chaîne a émis l’hypothèse que c’est peut-être pour ça que le Hamas n’a pas tenu sa promesse de tirer sur Tel Aviv dans la soirée.
Lundi également, le chef d’état-major de Tsahal, Aviv Kohavi, a déclaré aux chefs des gouvernements locaux autour de la bande de Gaza que les combats dans l’enclave se poursuivraient non seulement pendant les deux prochains jours, mais « aussi longtemps qu’il le faudra ».
« Le Hamas a commis une erreur en tirant ces roquettes sur Jérusalem il y a huit jours. Ils ne pensaient pas que ce qui s’est passé depuis pouvait arriver », a déclaré Kohavi.
« Le Hamas a été surpris par notre puissance, par nos techniques et nos réalisations. Ils ont été frappés très durement. L’opération se poursuivra aussi longtemps que nécessaire », a-t-il déclaré.
Pendant ce temps, le ministre de la Défense Benny Gantz et le ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi ont tous deux fait des déclarations après s’être entretenus avec leurs homologues américains.
Gantz a exprimé ses « sincères remerciements » à l’administration et au secrétaire à la Défense Lloyd Austin pour « avoir bloqué, à juste titre, la déclaration inique du Conseil de sécurité de l’ONU critiquant les actions d’Israël à Gaza ».
Ashkenazi a remercié le secrétaire d’État Antony Blinken sur le même sujet, et a réaffirmé qu’« Israël continuerait d’agir contre l’organisation terroriste du Hamas jusqu’à ce que la paix soit rétablie dans les communautés du sud et du centre du pays».
En parallèle, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré lundi que Biden avait « du sang sur les mains » en raison de son soutien à Israël dans le conflit qui fait rage dans la bande de Gaza.
Ces commentaires du président turc lors d’une allocution télévisée diffusée à l’échelle nationale représentent l’une de ses plus fortes attaques contre Biden depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier.
Erdogan avait passé les derniers mois à essayer de restaurer les relations avec Washington et à tendre la main à d’autres alliés occidentaux, après une année de profonds différends.
« Vous nous avez forcés à dire ça. Parce que nous ne pouvons plus rester silencieux sur ce sujet », a-t-il déclaré.
Erdogan a accusé Israël la semaine dernière de « terrorisme » et a promis de rallier le monde à la défense de Gaza.
Lundi, le sous-secrétaire d’État américain adjoint aux affaires israélo-palestiniennes, Hady Amr, était à Ramallah pour rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et d’autres responsables.
Israël a déclaré avoir l’intention de poursuivre, pour l’instant, ses attaques contre le Hamas, le groupe terroriste qui dirige Gaza. Blinken a signalé lundi que les États-Unis ne se joignaient toujours pas aux appels à un cessez-le-feu immédiat entre Israël et les dirigeants du Hamas de Gaza.
« Nous avons clairement indiqué que nous sommes prêts à apporter notre soutien et nos bons offices aux parties concernées si elles recherchent un cessez-le-feu », a déclaré Blinken lors d’une visite à Copenhague.
« Nous soutiendrons toute initiative diplomatique qui ferait avancer les choses dans cette direction », a-t-il ajouté. « Et je répète, nous sommes disposés et prêts à le faire. Mais en fin de compte, il appartient aux parties d’indiquer clairement qu’elles veulent parvenir à un cessez-le-feu. »
Ces commentaires contrastent quelque peu avec ceux tweetés dimanche par le plus haut diplomate américain : « toutes les parties doivent désamorcer les tensions – la violence doit cesser immédiatement. »
Pour la troisième fois en une semaine, les États-Unis ont bloqué une déclaration conjointe du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hamas, ont déclaré dimanche deux diplomates impliqués dans ces négociations.
Le projet de déclaration ne faisait aucune mention explicite des tirs de roquettes du Hamas depuis Gaza sur Israël.
L’Union européenne a déclaré lundi qu’elle redoublerait d’efforts pour mettre fin à la flambée de violence et pour chercher une solution lors d’une réunion spéciale de ses ministres des Affaires étrangères mardi.
Lors de la réunion publique du Conseil de sécurité de dimanche, l’ambassadrice américaine à l’ONU Linda Thomas-Greenfield a déclaré que les États-Unis « travaillaient sans relâche par les voies diplomatiques pour essayer de mettre fin à ce conflit ».
Selon le ministère de la Santé de Gaza dirigé par le Hamas, quelque 200 Palestiniens sont morts depuis le début des combats, dont 59 enfants. Israël a déclaré qu’il ne visait pas les civils et qu’un grand nombre de morts étaient des terroristes ou avaient été tués par des roquettes égarées du Hamas.
Dimanche, 42 Palestiniens auraient été tués lors de la frappe la plus meurtrière depuis le début des violences il y a une semaine. L’armée israélienne a déclaré qu’elle avait ciblé les infrastructures du Hamas sous les maisons de civils palestiniens.
En Israël, dix personnes, dont un garçon de 5 ans et une ado de 16 ans, ont été tuées dans les tirs de roquettes, et des centaines ont été blessées.
Judah Ari Gross a contribué à cet article