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« Brides », plongée intime dans la radicalisation des épouses de jihadistes

Comment en arrive-t-on un jour à quitter le Royaume-Uni en secret, pour partir en Syrie et épouser un combattant jihadiste ?

Un extrait du film "Brides" de Nadia Fall (Crédit : capture d'écran YouTube)
Un extrait du film "Brides" de Nadia Fall (Crédit : capture d'écran YouTube)

Avec « Brides », la réalisatrice Nadia Fall s’inspire de faits réels pour proposer une perspective unique sur la radicalisation.

Cette directrice de théâtre vient de présenter son film au festival de Sundance, où elle aborde la polémique qui dure depuis dix ans en Grande-Bretagne, autour des jeunes exilées parties rejoindre le groupe Etat islamique (EI).

« Nous n’arrêtions pas de nous dire qu’il s’agissait de filles et même légalement d’enfants », explique à l’AFP cette artiste musulmane. « L’histoire n’a jamais vraiment été racontée de leur point de vue. »

Le long-métrage s’inspire du destin de Shamima Begum, une Londonienne qui s’est enfuie en Syrie à l’âge de 15 ans avec deux amies, pour épouser un combattant de l’EI.

Déchue de sa nationalité, ce qui l’empêche de rentrer au Royaume-Uni, la jeune femme a provoqué des débats enflammés sur la question délicate du rapatriement des familles de jihadistes, depuis l’effondrement du « califat » de l’EI en Syrie et en Irak en 2019.

Le résultat est un road-movie imprégné de politique, qui suit deux adolescentes fictives à travers la Turquie, pour atteindre la Syrie. L’occasion d’offrir une plongée intime dans les raisons capables de motiver une telle odyssée.

Doe et Muna sont victimes de brimades racistes à l’école. Dans leur quartier, des graffitis appellent à « décapiter tous les musulmans ». Leurs parents les maltraitent, émotionnellement ou physiquement.

Les deux jeunes filles se convainquent mutuellement que les hommes qui les attendent en Syrie les traiteront avec plus de respect que leur patrie.

« Il ne s’agit pas d’une apologie », précise Mme Fall.

« Les cerveaux adolescents sont câblés pour prendre des risques », observe-t-elle, en expliquant avoir voulu raconter l’histoire d’adolescentes « dupées » par des prédicateurs malhonnêtes prétendant représenter l’islam.

« Empathie »

Dans la vraie vie, le sujet reste hautement inflammable.

L’année dernière, l’appel de Shamima Begum contre sa déchéance de nationalité a été rejeté. Aujourd’hui âgée de 25 ans, la jeune femme vit actuellement dans un camp en Syrie et se dit victime d’un trafic.

Les tabloïds britanniques la qualifient de « vile fanatique » qui n’a « rien à faire sur notre sol ». Mais les associations de défense des droits de l’homme aimeraient qu’elle soit rapatriée au Royaume-Uni pour y être jugée.

La jeune femme a eu trois enfants, morts en bas âge. En 2019, une interview lors de laquelle elle arborait un voile intégral et n’exprimait aucun regret avait suscité la polémique.

Son destin n’apparaît pas entièrement dans « Brides », mais son influence sur les personnages du film est évidente.

(G à D) Ebada Hassan et Nadia Fall assistent au Brunch with the Brits 2025 au High West Saloon le 26 janvier 2025 à Park City, Utah. (Crédit : Leon Bennett / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)

L’actrice Ebada Hassan, qui prête ses traits à Doe, s’est ainsi plongée dans un podcast où la BBC interviewait longuement Shamima Begum.

« Pour moi, c’était impératif d’avoir le point de vue d’une personne qui avait vécu cela, au lieu de me contenter de ce que j’ai vu dans les médias », explique la comédienne. « J’ai essayé d’avoir de l’empathie pour elle. »

Mais « je ne prétends absolument pas essayer de l’incarner », précise-t-elle.

Toujours d’actualité

Pour Mme Fall, les jeunes filles comme Shamima Begum ont pâti d’un traitement d’exception infligé par le gouvernement, la justice et les médias britanniques, en raison de leur foi et de leur couleur de peau.

« Nous ne voulions pas régurgiter d’énièmes histoires sur la radicalisation », insiste la réalisatrice. « Mais nous avons pensé que c’était une histoire à raconter. »

Son film doit encore trouver un distributeur, comme de nombreuses productions présentées lors de la grand-messe du cinéma indépendant de Sundance.

Pour la Britannique, la portée de cette fiction est plus que jamais d’actualité, car les raisons qui ont poussé les adolescentes à fuguer demeurent.

« Cette idée de ‘nous contre eux’, ‘ces gens sont différents’ et d’essayer d’exploiter d’autres personnes qui se sentent marginalisées n’a pas disparu », juge-t-elle. « Pas besoin que la destination soit la Syrie. »

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