Ce que l’on mangeait dans la vallée du Jourdain il y a 7 500 ans
Une nouvelle recherche basée sur des preuves archéologiques du site préhistorique de Tel Tsaf montre que les habitants de la région suivaient déjà un régime alimentaire
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Les racines du très populaire régime méditerranéen remontent à 7 500 ans, selon des nouvelles preuves trouvées sur le site de fouilles préhistoriques de Tel Tsaf, dans la Vallée du Jourdain d’Israël.
Des archéologues ont récemment découvert des restes de nourriture, principalement des haricots, des olives, du blé, de l’orge et de la viande d’élevage.
Les restes de viande ont été découverts dans un emplacement pour barbecue lors de fouilles à l’été 2018.
Selon le professeur Danny Rosenberg de l’Institut d’Archéologie Zinman de l’Université d’Haïfa, ce « barbecue » pourrait bien être une preuve d’événements festifs communs au cours desquels la viande était rôtie.
Assurément, les gens présents avaient de l’appétit : le squelette presque complet d’un cochon entier a aussi été découvert, indiquant qu’il faisait aussi partie du régime local.
Selon Rosenberg, le développement du régime méditerranéen coïncide avec la formation d’une nouvelle classe sédentaire d’élite, tout comme avec l’arrêt de la chasse.

« Mille ans plus tôt, la viande des animaux chassés constituait toujours l’élément principal du régime de nos ancêtres. Quelques centaines d’années plus tard, nous avons trouvé des preuves que la chasse est devenue plus marginale », a-t-il déclaré.
« Ici, à Tel Tsaf, nous avons découvert le moment, il y a 7 500 ans, où, dans les communautés rurales en développement, la chasse a perdu de l’ampleur – juste avant l’émergence des cultures les plus importantes dans la région », a déclaré Rosenberg.
Les chercheurs n’ont pas trouvé de restes de viande à travers la chasse, mais ils ont bien trouvé des preuves, y compris des graines d’olives, de blé, d’orge et d’autres légumes.
« Alors que les communautés se sont de plus en plus développées, elles ont commencé à produire leur propre nourriture, et à ne plus dépendre de la chasse et la cueillette », a déclaré Rosenberg.

Le site de Tel Tsaf, à proximité de la Rivière de Jourdain et de l’état moderne de Jordanie, remonte à environ 5200-4700 avant l’ère chrétienne. Le site a été mis en évidence en 1940 lors d’une fouille archéologique dans la vallée de Beit Shean.
Les premières fouilles importantes se sont déroulées entre 1978 et 1980. Les chercheurs ont pu observer lors du creusage de tranchées profondes qu’il y a eu deux périodes d’occupations sur le site : la période de Poterie néolithique et la période du premier Chalcolithique. Une autre période de fouilles a été menée entre 2004 et 2007 et a permis de mettre en évidence une implantation de la période du Premier et du Moyen Chalcolithique.
La fouille actuelle a commencé en 2013 dans le cadre d’un projet commun entre l’Institut d’Archéologie Zinman de l’Université d’Haïfa et le Département Eurasien de l’Institut achéologique allemand de Berlin, sous la direction de Rosenberg et du Dr. Florian Klimsha.

Lors des premières années, ces fouilles ont permis de mettre à jour une grande variété d’objets impressionnants, voire parfois mystérieux. On a pu y trouver des reliques composées d’obsidienne – une pierre volcanique d’Anatolie ou d’Arménie – des coquillages du Nil en Egypte et de l’ensemble du bassin méditerranéen, des figurines de personnes et d’animaux, et des poteries qui n’avait jamais été retrouvées ailleurs dans la région.
En 2014, des archéologues ont mis à jour un poinçon de cuivre vieux de
7 000 ans, l’un des plus anciens objets en métal jamais trouvés au Moyen-Orient. Selon un article du Times of Israël sur ces fouilles, « la découverte d’un poinçon minuscule dans les ruines d’un ancien village à proximité de la frontière jordanienne repousse de plusieurs centaines d’années la date à laquelle de personnes du Levant méridional auraient commencé à utiliser du métal ».

En 2017, Rosenberg a présenté la découverte d’un objet de culte. Il a affirmé qu’il était utilisé pour des rituels agricoles et pouvait représenter un lieu de stockage pour de la nourriture.
La vaisselle en poterie unique en son genre témoigne d’une dimension religieuse – et peut-être même politique – jamais encore découverte concernant le stockage de la nourriture à cette époque dans l’ancien Proche Orient, avait déclaré Rosenberg l’année dernière.
« Les preuves retrouvées à Tel Tsaf témoignent du développement d’une société dans notre espace, a déclaré Rosenberg. Tel Tsaf boucle la boucle qui avait commencé il y a 1 000 ans, quand l’homme a cessé de dépendre de son environnement, et qu’il a cherché de plus en plus à produire sa propre nourriture ».