Israël en guerre - Jour 373

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Ce que l’on sait des explosions des bipeurs des terroristes du Hezbollah

Le groupe terroriste accuse Israël et jure de se venger ; au moins 9 morts et près de 3 000 blessés, dont l'envoyé d'Iran ; les hôpitaux libanais sont submergés

Au moins neuf personnes ont été tuées et des milliers d’autres ont été blessées lorsque des bipeurs utilisés par des membres du Hezbollah dans tout le Liban ont simultanément explosé mardi après-midi, dans ce qui semble être une attaque coordonnée à grande échelle attribuée à Israël.

Cette vague d’explosions sans précédent, qui aurait également fait plusieurs morts et blessés en Syrie, a semé le chaos dans une région déjà en état d’alerte face au déclenchement d’hostilités de grande ampleur.

Elle est intervenue quelques heures après qu’Israël a fait de l’arrêt des attaques du Hezbollah l’un de ses principaux objectifs de guerre et a annoncé qu’il avait déjoué une tentative d’assassinat par le groupe mandataire iranien contre un ancien haut fonctionnaire.

Le ministre de la Santé, Firass Abiad, a déclaré mercredi à la presse que plus de 200 personnes étaient hospitalisées en soins intensifs. Il a par ailleurs fait état de personnes blessées à l’œil et « de nombreux cas d’amputations », notamment de bras.

Parmi les morts figurent le fils d’un législateur du Hezbollah, le député libanais Ali Ammar, et la fille de 10 ans d’un membre du groupe terroriste, selon des sources libanaises.

La fillette a été tuée lorsque le bipeur de son père a explosé alors qu’elle se tenait à ses côtés, ont indiqué sa famille et une source proche du Hezbollah.

L’ambassadeur d’Iran au Liban, Mojtaba Amani, a été légèrement blessé par l’explosion d’un bipeur, ont indiqué les médias publics iraniens.

Quatorze membres du Hezbollah en Syrie ont également été blessés par l’explosion de leurs bipeurs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, n’a pas été blessé dans les explosions, a déclaré le groupe.

Les ambulances transportant des membres du Hezbollah et d’autres personnes aux membres et aux visages ensanglantés ont afflué vers les hôpitaux pendant des heures après les explosions, submergeant les services de santé.

Le Hezbollah a annoncé la mort de 12 membres du groupe terroriste mardi, dont certains ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes distinctes dans le sud du Liban, et a accusé Israël d’être à l’origine de la série d’explosions de bipeurs. Le groupe terrorise a promis de riposter.

Un secouriste de la Défense civile porte un blessé dont le bipeur a explosé, à l’hôpital al-Zahraa de Beyrouth, au Liban, le 17 septembre 2024. (Crédit : Hussein Malla/AP)

« Nous tenons l’ennemi israélien entièrement responsable de cette agression criminelle », a déclaré le groupe dans un communiqué, ajoutant qu’Israël « recevra certainement son juste châtiment pour cette agression criminelle ».

En Syrie, sept personnes ont été tuées dans l’attaque coordonnée, selon Saberin News, affilié au Corps des Gardiens de la révolution islamique d’Iran.

Les victimes se trouveraient dans le quartier de Seyedah Zeinab à Damas, un bastion chiite.

Un officier de police inspecte une voiture dans laquelle un bipeur du Hezbollah a explosé, à Beyrouth, au Liban, le 17 septembre 2024. (Crédit : AP Photo/Hussein Malla)

Accuser Israël

Le ministre libanais de l’Information, Ziad Makary, a déclaré que son pays condamnait « l’agression israélienne ». Il a été le premier responsable libanais à mettre directement en cause Israël.

Israël n’a pas répondu aux allégations selon lesquelles il était à l’origine de l’attaque ; l’armée israélienne a déclaré que le chef d’état-major, le lieutenant-général Herzi Halevi, avait rencontré les hauts gradés pour des réunions « centrées sur la préparation à l’attaque et à la défense dans tous les domaines ».

Les médias israéliens ont rapporté que le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et d’autres responsables de la sécurité se sont réunis au siège du ministère de la Défense sur la base de Kirya à Tel-Aviv à la suite de l’attaque.

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant général Herzi Halevi, rencontre des officiers supérieurs au QG de l’armée à Tel Aviv, le 17 septembre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Vers 15H45 (12H45 GMT), des centaines de bipeurs, un système de radiomessagerie, portés par des membres du Hezbollah, ont explosé simultanément dans des bastions de la formation islamiste libanaise, en banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l’est du Liban.

Lorsque la nouvelle des explosions s’est répandue, des témoins ont déclaré que des membres du Hezbollah avaient reçu des appels téléphoniques ou des messages d’avertissement et qu’ils avaient pu se débarrasser rapidement de leurs bipeurs.

Au cours de l’attaque, certains membres du Hezbollah ont senti leur bipeur chauffer et s’en sont débarrassés avant qu’il n’explose, a déclaré un responsable du Hezbollah sous couvert d’anonymat au Wall Street Journal.

Le responsable a ajouté que des centaines de membres du Hezbollah disposaient de ces appareils de communication, ce qui laisse supposer qu’ils ont pu chauffer et exploser à cause d’un logiciel malveillant.

Les chaînes de télévision régionales ont diffusé des images de vidéosurveillance montrant ce qui semblait être un petit appareil portable placé à côté de la caisse d’un magasin d’alimentation où une personne effectuait un paiement et qui a spontanément explosé.

Sur d’autres images, une explosion a semblé projeter en arrière une personne qui se tenait à un stand de fruits dans un marché.

D’autres photos et vidéos de la banlieue sud de Beyrouth circulant sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux montrent des personnes allongées sur la chaussée, avec des blessures aux mains ou près des poches de leurs pantalons.

Nouveaux bipeurs

Les appareils de communication du Hezbollah qui ont explosé au Liban et en Syrie étaient des modèles récents, introduits par le groupe terroriste au cours des derniers mois, ont déclaré trois sources de sécurité à l’agence Reuters.

Des personnes donnent du sang pour ceux qui ont été blessés par l’explosion des bipeurs du Hezbollah, une attaque attribuée à Israël, dans un centre de la Croix-Rouge, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, le 17 septembre 2024. (Crédit : AP Photo/Mohammed Zaatari)

Une source proche du Hezbollah a indiqué à l’AFP que « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1 000 appareils », qui semblent avoir été « piratés à la source ».

S’exprimant sous le couvert de l’anonymat car il n’est pas autorisé à parler aux médias, un responsable du Hezbollah a déclaré que les explosions étaient le résultat d’une « opération de sécurité qui visait les appareils ». Il a ajouté que les nouveaux bipeurs que portaient les membres du Hezbollah étaient équipés de piles au lithium, qui peuvent fumer, fondre et même s’enflammer en cas de surchauffe.

Illustration : Des roquettes tirées depuis le sud-Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien « Dôme de fer » au-dessus de la Haute-Galilée, dans le nord d’Israël, le 9 août 2024. (Jalaa Marey/AFP)

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déjà averti les membres du groupe de ne pas utiliser de téléphones portables, affirmant qu’ils pourraient être utilisés par Israël pour suivre leurs mouvements et effectuer des frappes ciblées.

Le ministère libanais de la Santé a demandé aux personnes possédant des bipeurs de s’en débarrasser. Il a également demandé aux professionnels de la santé d’éviter d’utiliser des appareils sans fil.

Des ambulances conduisant des blessés après l’explosion des bipeur des membres du Hezbollah, une attaque attribuée à Israël, à l’entrée du centre médical de l’université américaine de Beyrouth, au Liban, le 17 septembre 2024. (Crédit : Anwar AMRO / AFP)

À l’hôpital Mount Lebanon, un journaliste de Reuters a vu des motos se précipiter aux urgences, où des personnes aux mains ensanglantées hurlaient.

Le directeur de l’hôpital public de Nabatieh, dans le sud du pays, Hassan Wazni, a déclaré à Reuters qu’une quarantaine de blessés étaient soignés dans son établissement. Les blessures comprennent des lésions au visage, aux yeux et aux membres.

Comment l’attaque a-t-elle été menée ?

« D’après les enregistrements vidéo (…), un petit explosif a certainement été dissimulé à côté de la batterie (des bipeurs) pour un déclenchement à distance via l’envoi d’un message », a estimé sur X Charles Lister, expert au Middle East Institute (MEI).

Pour lui, « le Mossad (service de renseignement extérieur israélien, chargé des opérations spéciales, ndlr) a infiltré la chaîne d’approvisionnement ».

Citant des responsables américains et d’autres nationalités, le New York Times a affirmé que les services secrets israéliens étaient parvenus à intercepter les bipeurs avant leur arrivée au Liban et à cacher de petites quantités d’explosifs et un détonateur à côté de la batterie.

Plus de 3 000 exemplaires, essentiellement du modèle AR924, avaient été commandés par le Hezbollah à l’entreprise Gold Apollo de Taïwan, affirment ces sources.

Gold Apollo a affirmé mercredi que les bipeurs, portant sa marque, avaient été produits et vendus par son partenaire hongrois BAC.

Israël muet ; les directives civiles inchangées

Israël n’a pas fait de commentaire, mais avait annoncé auparavant qu’il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.

Alors que l’on craint que le rôle présumé d’Israël dans l’attentat n’entraîne une riposte du Hezbollah, le commandement du Front intérieur de l’armée israélienne a déclaré aux autorités locales qu’il existait un risque d’escalade à la suite de la série d’explosions des bipeurs, ont rapporté les médias israéliens.

Toutefois, aucun changement n’a été annoncé en ce qui concerne les directives relatives aux civils, y compris dans le nord d’Israël, où les roquettes et les drones du Hezbollah terrorisent les communautés depuis des mois, amenant les deux parties au bord de la guerre.

Ces derniers jours, les dirigeants israéliens ont exprimé leur conviction que seule une action militaire pouvait mettre fin aux affrontements le long de la frontière nord. Le Hezbollah a commencé à lancer des attaques quasi-quotidiennes sur le nord le 8 octobre, mais affirme qu’il n’est pas intéressé par la guerre et a déclaré qu’il cesserait ses attaques, destinées à soutenir le groupe terroriste Hamas à Gaza, lorsque la guerre prendrait fin dans cette région. Les deux groupes terroristes soutenus par l’Iran cherchent ouvertement à détruire Israël.

Une ambulance conduit des blessés à l’hôpital à Beyrouth le 17 septembre 2024, après l’explosion des bipeur des membres du Hezbollah, une attaque attribuée à Israël (Crédit : Anwar AMRO / AFP)

Bien que l’hypothèse d’une implication d’Israël dans l’attentat ait été largement répandue, le bureau de Netanyahu a rapidement pris ses distances avec un proche collaborateur du Premier ministre qui a laissé entendre sur les réseaux sociaux que Jérusalem était responsable de l’attentat.

« Ça a mal vieilli », a commenté Topaz Luk, porte-parole du Likud, sur un post X qui affirmait que Netanyahu ne ferait aucun geste majeur au Liban avant son voyage à New York la semaine prochaine. Luk, qui était auparavant le porte-parole de Netanyahu, a supprimé le commentaire peu de temps après.

« Topaz Luk n’est plus le porte-parole du Premier ministre depuis quelques mois et ne fait plus partie du cercle étroit de discussion », a déclaré le bureau du Premier ministre.

Les médias israéliens ont également rapporté que le bureau de Netanyahu avait ordonné à tous les ministres d’éviter les apparitions dans les médias.

Une maison dans la ville de Kiryat Shmona, endommagée par un missile du Hezbollah, le 4 septembre 2024. (Crédit : Ayal Margolin/Flash90)

Jusqu’à présent, les escarmouches à la frontière ont causé la mort de 26 civils du côté israélien, ainsi que celle de 20 soldats et réservistes de l’armée israélienne. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés.  Près de 60 000 Israéliens ont été contraints de quitter leurs maisons situées près de la frontière nord en raison des tirs de roquettes incessants du Hezbollah, et ont été relogés plus au sud au cours des 11 derniers mois.

Le Hezbollah a nommé 443 membres qui ont été tués par Israël au cours des combats, principalement au Liban mais aussi en Syrie. Soixante-dix-neuf autres agents d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et des dizaines de civils ont également été tués.

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