Chypre interpelle 2 ressortissants iraniens soupçonnés de complot contre des Israéliens
Les services du Premier ministre et le Mossad ont confirmé l'intervention d'Israël ; les suspects seraient des réfugiés politiques liés au Corps des gardiens de la révolution islamique
Les autorités chypriotes ont interpellé deux ressortissants iraniens soupçonnés de complot présumé contre des Israéliens dans cette île de la Méditerranée, ont annoncé dimanche les services du Premier ministre par voie de communiqué conjoint avec l’agence de renseignement du Mossad et le Conseil de sécurité nationale.
Selon les termes de ce communiqué, les forces de l’ordre chypriotes ont découvert et déjoué le complot début novembre, en collaboration avec le Mossad. Les deux suspects, Mohammad Reza Ebadi Arablu et Said Ebadi, sont détenus depuis lors.
Arablu est un terroriste connu et est soupçonné d’avoir pris part à la tentative d’assassinat, commanditée par l’Iran, d’un éminent homme d’affaires israélo-géorgien de Tbilissi, en 2022. La branche étrangère du Corps des Gardiens de la Révolution islamique d’Iran, la Force Qods, a été impliquée dans ce complot d’assassinat en Géorgie.
L’enquête chypriote a permis de découvrir un certain nombre de faux documents d’identité utilisés par les deux suspects iraniens, qui seraient des réfugiés politiques en lien avec le Corps des Gardiens de la Révolution islamique. Ils en étaient manifestement au stade de la collecte de renseignements sur des cibles israéliennes et occidentales en dehors de Chypre. L’enquête se poursuit.
L’attaque qui vient d’être déjouée est « une nouvelle preuve du fait que le travail par procuration ne réussit pas aux organisations terroristes iraniennes », explique le communiqué des services du Premier ministre, ajoutant qu’elle témoigne d’une forte hausse des tentatives d’actions terroristes – soutenues par l’Iran – contre Israël et ses ressortissants depuis le 7 octobre.
La guerre d’Israël contre le Hamas a éclaté suite au massacre perpétré sous le feu des roquettes par 3 000 terroristes entrés par la force en Israël depuis la bande de Gaza, le 7 octobre dernier, qui a coûté la vie à 1 200 personnes sans oublier les 240 otages, presque tous civils.
Israël s’est donné pour mission d’éliminer le Hamas suite au massacre, en lançant une campagne qui a détruit de vastes pans de la bande de Gaza. Le nombre de civils gazaouis tués par ces combats suscite de vives critiques au sein de la communauté internationale, assorties de pressions sur Israël, sans oublier la forte hausse des incidents et attaques antisémites de par le monde.
Le Conseil de sécurité nationale a souligné dans le communiqué que de nombreux Israéliens étaient partis pour Chypre, ces deux derniers mois, pour échapper aux tensions de la guerre entre le Hamas et Israël. Aucune mise en garde n’a été émise s’agissant des déplacements à Chypre, mais « la présence iranienne dans le nord de Chypre » est préoccupante, a-t-il ajouté.
« Le Mossad, ainsi que ses partenaires en matière de sécurité et de renseignement, utilisent tous les moyens à leur disposition pour éliminer les menaces terroristes venues d’Iran ou de ses mandataires, et pour protéger l’État d’Israël, les Israéliens et le peuple juif dans le monde entier », a conclu le communiqué publié dimanche.
En juin, la police chypriote avait déjà déjoué une attaque terroriste contre des Juifs et des Israéliens, liée au Corps des Gardiens de la Révolution islamique, branche de l’armée iranienne considérée comme une organisation terroriste par plusieurs pays, notamment les États-Unis.
Selon les services de renseignement chypriotes, dans cette affaire, un ressortissant iranien nommé Yousef Shahbazi Abbasalilo avait été appréhendé grâce à des informations fournies par des « services de renseignement amis », allusion à peine voilée à l’agence d’espionnage du Mossad. Abbasalilo avait semble-t-il tenté d’établir une base et de recruter des hommes dans le nord chypriote turc séparatiste de l’île, où les autorités chypriotes internationalement reconnues n’ont pas accès.
L’enquête sur les activités d’Abbasalilo aurait permis d’établir qu’une personne au moins figurait sur la liste des cibles.
L’Iran a nié toute implication dans ce complot présumé.
Chypre a été séparée en deux entités en 1974 lorsque la Turquie l’a envahie suite au coup d’État des partisans de l’union avec la Grèce. Aucun pays n’a reconnu la déclaration d’indépendance chypriote turque, à l’exception de la Turquie, qui stationne en permanence 35 000 de ses soldats dans le tiers nord de l’île.
Le Conseil de sécurité nationale d’Israël avait fait savoir cette année que l’Iran était susceptible de s’en prendre à des Juifs ou des Israéliens à Chypre ou en Grèce, deux pays très appréciés des touristes israéliens qui y retrouvent en outre des communautés d’expatriés relativement importantes.
Ces dernières années, l’Iran a à plusieurs reprises tenté de tuer des Israéliens à Chypre, en Turquie, en Géorgie et en Grèce. Le Times of Israël a été informé que d’autres attaques ont été déjouées sans que cela ne s’ébruite.