Chypre propose une alliance contre les incendies à la Grèce et à Israël
Selon Nicosie, cette initiative améliorera la lutte contre les incendies estivaux ; cette proposition a été faite pendant une réunion sur Zoom en présence d'Anthony Blinken
NICOSIE, Chypre – Le ministre chypriote des Affaires étrangères a proposé, lundi, à ses homologues grec et israélien la création d’un pôle de lutte contre les incendies à l’Est de la méditerranée, dont l’objectif serait de pouvoir rapidement s’attaquer aux importants feux estivaux qui touchent les trois pays et qui mettent en difficulté les équipes de sapeurs-pompiers des trois nations au niveau individuel. Cette proposition survient alors que la Grèce, Chypre et Israël tentent de maintenir et de consolider leur alliance malgré le réchauffement des liens entre Jérusalem et Ankara.
Le ministre chypriote des Affaires étrangères, Ioannis Kasoulides, a suggéré cette initiative pendant une visioconférence qui a réuni les chefs de la diplomatie des trois pays ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken, une rencontre visant à renforcer la coopération économique mais aussi dans les secteurs de l’énergie, de l’action climatique, de la préparation aux situations d’urgence et de la lutte contre le terrorisme.
Kasoulides a aussi annoncé que sa nation insulaire souhaitait accueillir une réunion de ministres pour discuter des moyens à mettre en place pour protéger l’Est de la mer Méditerranée, par le biais du développement de ports et autres infrastructures côtières respectueuses de l’environnement.
La Grèce, Chypre et Israël partageaient encore récemment la même animosité à l’égard de la Turquie, qui tente d’élargir sa présence à l’Est de la Méditerranée.
Mais il y a eu, ces derniers mois, un rapprochement entre Israël et la Turquie alors qu’Ankara est actuellement en quête de solutions énergétiques. Le président Isaac Herzog s’est rendu le mois dernier en Turquie en réponse à l’invitation de Recep Tayyip Erdogan et le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlüt Çavuşoğlu, est attendu en Israël à la fin du mois.
Israël a promis que ce réchauffement des relations entre les deux nations n’affecterait pas sa relation stratégique croissante avec Athènes et Nicosie.
Chypre, la Grèce et Israël se sont souvent entraidés, ces dernières années, en envoyant des équipes de sapeurs-pompiers, des équipements et des canadairs pour aider à lutter contre les incendies. La proposition chypriote cherche à renforcer et à accélérer le déploiement de ces assistances.
Blinken s’est joint, lors de la visioconférence, à Kasoulides ainsi qu’à ses homologues grec et israélien, Nikos Dendias et Yair Lapid, pour afficher le soutien apporté par Washington au pacte de coopération tripartite que les pays ont développé au cours de ces dernières années.
Dans un communiqué conjoint, les ministres ont indiqué avoir décidé « d’intensifier la coopération économique, dans les secteurs de l’énergie, de l’action climatique, de la préparation aux situations d’urgence et de la lutte contre le terrorisme », contribuant ainsi « à la résilience, à la sécurité énergétique et à l’interconnectivité dans la région ».
Les quatre pays ont aussi fait part de leur soutien au récent Sommet du Néguev qui a réuni au mois de mars les ministres des Affaires étrangères israélien, américain, émirati, bahreïni, marocain et égyptien, qui ont évoqué ensemble la dynamisation des liens.
Les ministres des Affaires étrangères ont condamné la récente vague d’attentats qui a récemment endeuillé Israël et qui a fait 19 morts, a noté le communiqué, et les parties ont convenu de se rencontrer encore une fois avant la fin de l’année.
Chypre, la Grèce et Israël œuvrent depuis six ans à renforcer leurs liens sur la base des champs de gaz qui se trouvent dans les eaux chypriotes et israéliennes, et ils veulent explorer les moyens qui permettraient d’amener ces hydrocarbures sur le marché européen, ce qui serait une alternative au gaz russe.
De plus, l’Union européenne a convenu, au début de l’année, d’investir 657 millions d’euros dans la construction d’un câble électrique souterrain de 2 000 mégawatts qui relierait les réseaux d’électricité des trois pays.
Les responsables ont fait savoir que, quand ce câble appelé « l’Interconnecteur Eurasie » serait terminé, de nouveaux investissements seront alors réalisés dans les ressources renouvelables, ce qui permettra d’améliorer le bouquet énergétique de la Grèce, de Chypre et d’Israël.
L’idée de la construction d’un pipeline qui transporterait du gaz a été mise de côté en raison d’incertitudes trop fortes sur son coût et sur son impact environnemental.