Comment se finance l’UNRWA, agence controversée de l’ONU pour les réfugiés palestiniens
L'agence est financée presque entièrement par des contributions internationales volontaires, avec pour plus grand donateur les États-Unis (344 millions de dollars en 2022)
L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), vivement critiqué par Israël et seule agence de l’ONU qui soit consacrée à un groupe spécifique de réfugiés, est financé presque entièrement par des contributions internationales volontaires. Seule exception : une subvention très limitée issue du budget ordinaire des Nations unies, qui est utilisée exclusivement pour les frais administratifs.
Quelque 5,9 millions de réfugiés palestiniens sont enregistrés auprès de l’UNRWA, créée en 1949. Au-delà des écoles et des cliniques, l’agence fournit également une aide alimentaire à plus de 1,7 million de Palestiniens, en majorité dans la bande de Gaza.
L’agence ne pourrait ainsi fonctionner sans les contributions soutenues de gouvernements, de l’Union européenne et d’autres partenaires gouvernementaux, qui représentaient 94,9 % de toutes les contributions en 2022.
En 2022, les promesses de dons à l’agence s’élevaient à 1,17 milliard de dollars. 44,3 % de ces dons provenaient d’États membres de l’UE, qui ont contribué à hauteur de 520,3 millions de dollars, notamment par l’intermédiaire de la Commission européenne.
Les États-Unis (344 millions de dollars), l’Allemagne (202 millions de dollars), l’UE (114 millions de dollars) et la Suède (61 millions de dollars) étaient les principaux donateurs individuels, contribuant au total à hauteur de 61,4 % au financement global de l’agence.
Les autres principaux donateurs individuels en 2022 étaient ensuite la Norvège (34 millions de dollars), le Japon (30 millions de dollars), la France (29 millions de dollars), l’Arabie saoudite (27 millions de dollars), la Suisse (25,5 millions de dollars) et la Turquie (25 millions de dollars).
L’agence fournit des mises à jour régulières aux donateurs et aux autres parties prenantes au sujet de ses finances. Le détail sur les donateurs en 2022 est disponible sur le site de l’UNRWA.
En 2023, seules les promesses de dons jusqu’au 30 avril ont été publiées pour le moment. En janvier 2023, l’agence avait lancé un appel de 1,6 milliard de dollars pour l’année, dont la majorité (848 millions) pour le financement de services de base tels que les centres de santé et les 700 écoles qu’elle gère, et le reste pour des opérations d’urgence à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, en Syrie et au Liban.
En juin dernier, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait expliqué que l’UNRWA est « au bord de l’effondrement financier ». « À des besoins en hausse répondent des fonds qui stagnent » et « certains des donateurs les plus importants et les plus fiables ont récemment indiqué à l’UNRWA qu’ils pourraient réduire leurs contributions », avait-il déploré.
En 2018, Washington avait décidé de suspendre, puis de supprimer complètement la contribution américaine au budget de l’agence, la privant ainsi de sa principale source de revenus. L’arrivée de Joe Biden au pouvoir a néanmoins rétabli ce soutien financier.
Selon la Douzième chaîne, citant un document de haut niveau et classifié du ministère des Affaires étrangères, Israël espère pousser l’UNRWA hors de la bande de Gaza après la guerre actuelle.
Israël accuse depuis longtemps l’agence de perpétuer le conflit israélo-palestinien en étendant le statut de réfugié à des millions de descendants de Palestiniens qui ont fui ou ont été chassés de leurs maisons dans l’actuel Israël au moment de la création de l’État juif en 1948, au lieu de limiter ce statut aux seuls réfugiés d’origine, comme c’est le cas pour la plupart des populations réfugiées dans le monde.
Israël et d’autres groupes regrettent également depuis longtemps que le matériel pédagogique de l’UNRWA fait l’apologie du terrorisme et incite à la haine anti-Israël.
En outre, une étude publiée en novembre dernier par l’organisation Institute for Monitoring Peace and Cultural Tolerance in School Education (IMPACT-se) a révélé que certains membres du personnel de l’UNRWA à Gaza avaient fait l’éloge des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont lancé une invasion meurtrière, tuant 1 200 personnes – pour la plupart des civils – et prenant en otage au moins 240 personnes de tous les âges.
L’ancien commissaire général de l’UNRWA, Pierre Krahenbuhl, avait démissionné en 2019 sur fond d’enquête interne diligentée suite à des allégations de mauvaise gestion et d’abus au sein de l’organisation controversée. Il avait dirigé l’organisation à partir de 2014 – le ministère des Affaires étrangères israélien avait accusé l’UNRWA de s’être politisé davantage sous la direction de Krahenbuhl.
Krahenbuhl a été récemment nommé à la tête du Comité International de la Croix Rouge.
En comparaison au budget de l’UNRWA de 1,17 milliard de dollars en 2022, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), qui alloue des budgets pour les autres crises de réfugiés à travers le monde, a lui bénéficié d’un budget total de 10,7 milliards de dollars en 2022. Parmi quelques exemples : les réfugiés ukrainiens ont bénéficié d’un budget de 1,4 milliard de dollars sur 2022, ceux de Syrie 465 millions, ceux d’Afghanistan 340 millions.
29,4 millions de réfugiés se trouvent placés sous le mandat de l’UNHCR. La population totale que le HCR protège et/ou assiste s’élève à 110,8 millions de personnes déplacées de force : des réfugiés, des demandeurs d’asile, d’autres ayant besoin d’une protection internationale et des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays.
Glenn Cloarec a participé à la rédaction de cet article.