Israël en guerre - Jour 589

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Opinion

Le problème avec l’UNRWA

Israël considère en privé que l’organisation de réfugiés palestiniens des Nations unies est biaisée, hostile et ne devrait pas exister. Pourquoi Israël ne veut-il pas l’abolir ?

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Des Palestiniens à une école de l'UNRWA après avoir fui leurs maisons suite à une opération terrestre israélienne à Rafah dans le sud de la bande de Gaza le 18 Juillet, 2014 (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)
Des Palestiniens à une école de l'UNRWA après avoir fui leurs maisons suite à une opération terrestre israélienne à Rafah dans le sud de la bande de Gaza le 18 Juillet, 2014 (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

Trois fois au cours des deux dernières semaines, l’UNRWA, l’Agence de Nations unies pour le Soutien et le Travail, a reconnu avoir trouvé des stocks de roquettes dans ses écoles de Gaza. La première fois, selon Isräel, l’agence a rapidement rendu les roquettes au Hamas.

« Totalement faux », a déclaré le porte-parole de l’UNRWA, Chris Gunness dans un entretien avec la deuxième chaîne israélienne jeudi soir. Comme n’importe où dans le monde, « les experts en déminage sont appelés et les armes sont emportées », a-t-il expliqué.

Ce que l’UNRWA a fait avec des armes trouvées dans ses locaux est pourtant loin d’être le pire des problèmes d’Israël avec l’agence onusienne.

L’ampleur du problème est enraciné dans le fait que le véritable nom de l’UNRWA n’est pas, comme beaucoup le croient, l’Agence des Nations unies pour le Soutien et le Travail, un surnom qui caractériserait une organisation avec des responsabilités mondiales. Le nom complet de l’UNRWA est « l’Agence des Nations unies pour le Soutien et le Travail des réfugiés palestiniens au Proche Orient ».

Elle existe depuis 1949, et doit veiller sur les réfugiés palestiniens. Seulement, l’échelle et le but de son mandat, ce qui est unique pour une organisation de réfugiés des Nations Unies, se sont étendus continuellement jour après jour, grâce à la définition que constitue un réfugié palestinien.

De manière générale, partout ailleurs, mais pas ici, les Nations unies définissent un réfugié comme une personne qui, craignant de façon crédible des persécutions pour des raisons de race, de religion, de nationalité et ainsi de suite, est en dehors de son pays ou de son ancien lieu de résidence habituel.

Si la définition normale a été appliquée à environ 650 000 Palestiniens qui ont fui ou ont été expulsés de ce qui est devenu Israël à la fin des années 1940, le problème des réfugiés palestiniens concernerait aujourd’hui très peu de personnes parmi ses 650 000, un chiffre estimé dans une fourchette basse de dizaines de milliers.

Si le problème se trouvait là, une des questions clés du « statut final » de la profonde dispute entre Israël et les Palestiniens serait immédiatement gérable, dégageant l’obstacle central à la solution de deux Etats que certains Palestiniens, beaucoup en Israël, et les Nations unies cherchent avec tellement d’urgence.

L’UNRWA travaille selon une définition différente que le principal Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies. L’organisation fournit une assistance, non seulement à ceux qui sont encore en vie parmi les réfugiés de 1940, et pour ceux qui ont perdu leur foyer et des moyens pour vivre après la guerre de 1967, mais aussi, et c’est là le point crucial, pour leurs descendants.

Ainsi, plutôt qu’un problème de réfugiés dans la fourchette basse de dizaine de milliers, on compte aujourd’hui cinq à six millions de réfugiés palestiniens, attendant en vain un « retour » en Israël. Leur soins de santé, leurs services sociaux et leur éducation sont financés grâce à l’UNRWA.

Du point de vue israélien, une organisation précisément conçue pour résoudre le problème est devenue l’organisation qui alimente le problème.

Des officiels israéliens déclarent en privé que l’UNRWA ne devrait tout simplement pas exister. Ils expliquent que les réfugiés palestiniens devraient être définis et traités comme n’importe quel groupe de réfugiés autour du monde. Ils expliquent que l’UNRWA soutient un récit palestinien fondamentalement intolérant à l’existence d’Israël. Ils considèrent que l’UNRWA propage un message biaisé, problématique et émotionnel qui est implicitement anti-Israël.

Gunness dans son entretien jeudi à la TV israélienne était catégorique que des bombes israéliennes ont frappé toutes les installations des Nations unies où les Gazaouis sont morts au cours de derniers jours, même si Israël a nié son rôle dans certains des incidents, et que les militants de Gaza étaient responsables.

Interrogé sur comment Israël devrait répondre à la terreur du Hamas, il a répondu : « Faire la paix est l’unique solution ». La veille, Gunness, bouleversé, avait pleuré sur les écrans à la fin d’un entretien sur Al-Jazeera concernant la situation dans Gaza et la mort de 15 personnes dans le pillonage israélien d’une école des Nations unies à Jabaliya. Il avait déclaré : « Les droits des Palestiniens, même de leurs enfants, sont massivement bafoués. C’est affligeant ».)

Les soutiens d’Israël ont a plusieurs reprises critiqué le programme enseigné dans les écoles de l’UNRWA. Israël a accusé dans le passé les ambulances de l’UNRWA d’être utilisées par des combattants du Hamas. Israël a mis en avant que l’UNRWA employait des membres du Hamas sur ses larges fiches de paie (30 000 personnes, soit cinq fois le personnel de l’UNHCR, avec ses responsabilités mondiales), une allégation qu’un ancien commissionnaire général de l’UNRWA semblait reconnaître.

Le plus pertinent dans la guerre entre Israël et le Hamas, c’est l’affirmation que le travail de l’UNRWA facilite indirectement à la fois le règne du Hamas sur Gaza et son effort de guerre. Avec l’UNRWA sur place pour gérer tellement des besoins basiques des Gazaouis, le Hamas est beaucoup plus libre pour rediriger ses ressources vers la construction de tunnels et la fabrication de roquettes, et tous les autres aspect des équipement mécaniques militaires pernicieux et sophistiqués dont les troupes israéliennes essaient maintenant de se débarrasser.

Les officiels israéliens se plaignent en privé que le dialogue actuel que Jérusalem poursuit avec la communauté internationale sur tout cela est contre productif. Il n’y a aucune volonté de traiter la problématique de l’UNRWA, pas de l’UE, pas du Japon et même pas des Etats-Unis. L’unique exception est le Canada qui fournissait autrefois 10 % du budget de l’UNRWA, mais qui a redirigé le financement, il y a quatre ans, à ce qu’il a appelé « des projets spécifiques dans l’Autorité palestinienne qui assureront la responsabilité et feront la promotion de la démocratie dans l’Autorité palestinienne ».

On pourrait penser, étant donné la litanie de plaintes et de frustrations, qu’Israël fait tout ce qui est en son pouvoir (limité) pour faire fermer l’UNRWA. On se tromperait. Israël ne fait rien du tout dans ce sens. Politiquement, il ne demanderait pas mieux. Dans la pratique, c’est une toute autre histoire.

Après plus de trois semaines de guerre entre le Hamas et Israël, l’UNRWA est en crise et Israël est préoccupé. Les installations de l’UNRWA sont impliquées dans le conflit presque inévitablement étant donné que le Hamas place ses lance roquettes, ses ouvertures de tunnels de terreur et le reste de ses infrastructures militaires dans les quartiers résidentiels de Gaza.

Même si Israël est mis en cause, puis diabolisé, pour n’importe quel dommage subi par les installations de l’UNRWA, le personnel et ceux qui s’y sont abrités, dommage qui prend sa source dans la stratégie de guérilla urbaine du Hamas, Israël est aussi préoccupé au sujet de l’UNRWA.

Israël prend en compte que l’UNRWA, comme toutes les organisations internationales opérant à Gaza, est étroitement surveillée par le Hamas qui guette tout signe pouvant montrer que l’organisation n’est pas assez critique d’Israël.

Plus important encore, l’UNRWA a 225 000 Palestiniens déplacés à l’intérieur sous sa protection. Israël s’inquiète qu’il ne puisse pas tous les gérer.

Car c’est l’autre partie de l’histoire de l’UNRWA.

Oui, israël pense que l’UNRWA ne devrait pas exister. Que l’organisation entretient le problème des réfugiés palestiniens. Qu’elle facilite l’existence et le renforcement de plaintes qui pourraient autrement être traitées avec beaucoup plus d’efficacité en réduisant ainsi la possibilité de meilleures relations israélo-palestiniennes.

Pourtant, si l’UNRWA n’existait pas, qui prendrait soin de tous ceux qui sont déplacés à Gaza actuellement ? Qui, même dans les moments de calme, fournirait une assistance humanitaire à la vaste communauté de ‘réfugiés’ à Gaza et en Cisjordanie ? Oui, d’autres pays et d’organisations pourraient s’investir. Mais qui le ferait ? Et si la réponse est personne, alors dans quelle situation Israël se trouverait-il ?

Pour l’heure, Israël a choisi de ne pas prendre le risque de découvrir la réponse à cette question. Alors il continue de se plaindre en privé de l’UNRWA et de se plaindre au sujet de l’échec de la communauté internationale d’abolir l’UNRWA et de reformuler son mandat. Il ne s’est pourtant jamais lancé dans un effort à tout prix pour faire fermer l’UNRWA. Il n’a pas impliqué toutes ses forces dans la poursuite de cet objectif. Il n’a pas choisi de briser l’UNRWA.

Un microcosme, pourrait-on dire, de la position incertaine d’Israël en ce qui concerne le gouvernement terroriste de Gaza et sous les yeux vicieux duquel l’UNRWA opère : le Hamas.

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