Commerce à Shabbat : Netanyahu rencontre les ultra-orthodoxes
Les partis haredis veulent faire fermer les magasins durant le jour de repos juif, mais le ministre des Finances s'y oppose et prépare le terrain pour des tensions au sein de la coalition
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rencontré des personnalités politiques ultra-orthodoxes mercredi pour étudier la proposition de loi qui vise à faire fermer les supermarchés de Tel Aviv durant Shabbat, en opposition à une décision récente de la Cour suprême. Cette rencontre laisse présager des tensions dans la coalition dans les jours à venir.
Le ministre de la Santé Yaakov Litzman (Yahadout HaTorah), le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri (Shas) et le président de la Commission des finances Moshe Gafni (Torah VeYahadout) étaient réunis au bureau du Premier ministre à Jérusalem pour étudier la décision de justice rendue par la Cour suprême il y a deux semaines, autorisant l’ouverture des magasins de proximité à Tel Aviv durant le jour du repos juif.
Une autre rencontre est prévue jeudi.
Le projet de loi rencontrera sans aucun doute un rejet de la part de la coalition. Cette semaine, le ministre des Finances Moshe Kahlon a indiqué qu’il se battrait contre toute mesure législative prise pour contrevenir à la décision de justice.
De plus, le chef du parti Yisrael Beytenu et ministre de la Défense Avigdor Liberman a salué cette décision il y a deux semaines, qui a déclaré qu’il n’y a « aucune raison que le gouvernement intervienne et qu’il perturbe le tissu urbain qui s’est développé à Tel Aviv ».
Kahlon, chef de la coalition du parti Koulanou, a annoncé lundi qu’il s’opposera à tout projet de loi qui tentera de contourner la Cour, et a mis l’accent sur les lois liées au Shabbat.

Aucune loi ne contreviendra à la décision de justice, « ni pour les lois de Shabbat, ni pour aucune loi », avait déclaré Kahlon au quotidien Calcalist. « En ce qui concerne Shabbat, je suis en faveur du statu quo. »
Gafni a déjà rédigé et soumis un projet de loi à la Knesset qui augmenterait l’autorité du Premier ministre dans l’approbation des arrêtés municipaux, autorisant ainsi Deri a empêcher les municipalités à adopter des arrêtés autorisant l’ouverture des commerces pendant Shabbat, comme le stipule l’ordonnance de 2014 du Conseil municipal de Tel Aviv. La Cour suprême a maintenu l’ordonnance du Conseil municipal de Tel Aviv, autorisant les magasins à rester ouvert. La Cour avait alors indiqué que cela préserverait le caractère cosmopolite de la ville côtière la plus laïque du pays.
Le projet de Gafni, déposé la semaine dernière sans le soutien officiel des autres députés ultra-orthodoxes, annulerait rétroactivement tous les arrêtés liés au Shabbat jusqu’en 2014, à moins qu’ils n’aient reçu l’approbation explicite du ministère de l’intérieur, selon le texte de loi publié par le site Bé’hadrei ‘Hadarim.
Bien que le ministère de l’Intérieur détienne déjà l’autorité sur les questions liées au Shabbat dans les municipalités, les politiques ultra-orthodoxes craignent que la récente décision de justice ne fasse jurisprudence et autorise les gouvernements locaux à prendre des décisions concernant les commerces durant Shabbat, indépendamment du ministère de l’Intérieur.
Selon le site d’information Walla, le ministre du Tourisme Yariv Levin, chargé de faire la médiation entre Netanyahu et les ultra-orthodoxes sur cette question, s’est opposé au projet de loi de Gafni durant la rencontre de mercredi.
L’article relaye les propos de membres du Likud qui indiquent que le parti au pouvoir soutiendrait cette loi sur le renforcement des restrictions sur le commerce durant Shabbat, à la condition que Tel Aviv ne soit pas concernée par cette loi.
La position du parti nationaliste orthodoxe Habayit HaYehudi, également membre de la coalition, n’a pas été très clair. Le porte-parole du parti n’a pas souhaité s’exprimer sur la question.
En dépit de l’opposition de Kahlon, les partis ultra-orthodoxes disposent d’une certaine marge de manœuvre.
En effet, Netanyahu a besoin de leurs votes pour la réforme du nouveau diffuseur public (qui devrait être soumis au vote en première lecture jeudi), et Kahlon souhaite faire adopter une réforme de la fiscalité qui profiterait à la classe moyenne israélienne.
La semaine dernière, Deri a demandé au procureur général Avichai Mandelblit de tenir une nouvelle audience à la Cour suprême de Justice, Mandelblit n’a pas encore réagi.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.