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Connecticut : Enquête sur l’enseignant qui a montré une photo de « l’adorable » bébé Hitler

A Atlanta, une école privée a demandé à ses élèves d'évaluer les compétences du dictateur "pour trouver des solutions" et "prendre des décisions éthiques"

Hitler bébé (Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images via la JTA)
Hitler bébé (Hulton-Deutsch Collection/CORBIS/Corbis via Getty Images via la JTA)

JTA – Un enseignant d’un collège du Connecticut aurait été suspendu suite à un cours sur la Shoah au cours duquel il aurait demandé à ses élèves de dessiner une croix gammée dans leurs cahiers, énumérer les choses positives qu’Adolf Hitler avait faites pour l’Allemagne et commenter une photo du dirigeant nazi, bébé, qualifiée par lui d’ « adorable ».

Et cette semaine, un autre collège des environs d’Atlanta a fait l’objet de critiques après avoir demandé aux élèves d’évaluer les compétences d’Hitler « pour trouver des solutions » et « prendre des décisions éthiques ».

Ces incidents sont les derniers en date d’une série de problèmes survenus dans des écoles, au moment de cours sur la Shoah, ayant consisté à demander aux élèves de manifester leur sympathie envers les nazis. Ils se sont produits en pleine guerre entre Israël et les terroristes palestiniens du Hamas, et suscitent des inquiétudes quant à la montée de l’antisémitisme dans toutes les écoles du pays, quelle que soit la classe.

L’enseignant de la Middlesex Middle School à Darien, dans le Connecticut, présenté comme un professeur d’études sociales « confirmé », n’a fait aucun commentaire en faveur d’Hitler ou du nazisme pendant son cours, la semaine dernière. Mais ses élèves se sont sentis mal à l’aise après le cours, sait-on de source locale.

« Garantir un environnement scolaire protégé, exempt d’antisémitisme et d’autres formes de haine est notre priorité absolue au sein du réseau des écoles publiques de Darien », a écrit le surintendant Alan Addley dans un courriel adressé aux parents d’élèves la semaine passée et publié par des sites d’information locaux.

Addley n’a rien dit de plus sur ce qu’il a qualifié de « leçon de collège sur la Shoah », et dont les détails viennent de sources anonymes citées dans le Connecticut Examiner. Il a dit : « Ce sont des accusations graves », ajoutant que le district allait mener l’enquête.

La fédération juive locale et du Conseil des relations de la communauté juive de Stamford, New Canaan et Darien, dans le Connecticut, n’ont pas souhaité faire de commentaires, pas davantage qu’Addley.

Dans la gare de Darien, on a retrouvé il y a peu une croix gammée dans les toilettes et plusieurs croix gammées dans un lycée de Stamford, dans le Connecticut.

« Je réaffirme l’engagement du conseil et du surintendant à faire en sorte que nos élèves et personnels puissent apprendre et enseigner dans un environnement sécurisé, exempt d’antisémitisme et de toute autre forme de haine », a déclaré Jill McCammon, présidente du conseil scolaire de Darien, par voie de communiqué.

Diane Sloyer, PDG de la fédération, a déclaré au Darien Times que les parents étaient « choqués » par ces accusations.

« Si cet enseignant a fait ce qui lui est reproché, c’est proprement épouvantable et justifie un renvoi immédiat du système scolaire », déclare Sloyer au journal. « Nous suivons tout ça de très près : je suis persuadée que les écoles de Darien vont faire le nécessaire. »

Le roi Boris de Bulgarie, en habit civil, avec le chancelier allemand Adolf Hitler et le ministre des Affaires étrangères Joachim Von Ribbentrop, à droite, lors d’une visite au quartier-général de Hitler, le 14 mai 1941. (Crédit : AP Photo)

Par ailleurs, à l’école Mount Vernon, établissement privé de Sandy Springs, en Georgie, les élèves de Quatrième ont du faire un devoir leur demandant de classer les qualités d’Hitler « pour trouver des solutions » et « prendre des décisions éthiques », selon des captures d’écran du devoir publiées par un journaliste local cette semaine.

Pour chacune des deux catégories, les élèves devaient évaluer des affirmations sur une échelle comprenant notamment les éléments « Manque de preuves », « Proche des attentes », « A répondu aux attentes » ou « A dépassé les attentes », et justifier leurs réponses.

Le devoir demandait aux élèves d’utiliser « la nomenclature de Mount Vernon ». Selon la définition donnée en 2015 de cette nomenclature fournie par la National Association of Independent Schools, la catégorie « Trouver des solutions » comprend « poser des questions pertinentes ; enquêter, évaluer, synthétiser et distinguer connaissances et perspectives interdisciplinaires ; fixer des objectifs, élaborer un plan d’action et tester des solutions. »

La catégorie « prendre des décisions éthiques » est définie comme suit : « Faire preuve d’intégrité, d’honnêteté, d’empathie, d’équité et de respect ; faire preuve de responsabilité sur le plan personnel, social et civique ; s’efforcer de comprendre les questions éthiques émergentes concernant les nouvelles technologies. »

Par voie de communiqué, la section sud-est de l’Anti-Defamation League, à Atlanta, a félicité l’école d’avoir supprimé ce qu’elle qualifie de « devoir mal avisé ».

« Le simple fait de considérer Hitler ou le nazisme comme une réponse raisonnable, une autorité pertinente ou une perspective admissible est non seulement problématique, mais surtout très dangereux », a déclaré ADL Southeast sur les réseaux sociaux. « Ce genre de cours demande aux élèves de considérer l’antisémitisme génocidaire comme un objectif ou un résultat raisonnable pour un dirigeant, indépendamment de toute considération morale. C’est une pédagogie risquée, totalement irresponsable. »

L’école de Mount Vernon n’a pas souhaité faire de commentaires. Selon une chaîne de télévision locale, certains parents d’élèves ont dit leur « indignation » face à un acte jugé antisémite et la direction de l’école a retiré le devoir du programme, disant par voie de communiqué « dénoncer haut et fort » toute forme d’antisémitisme.

« Nous ne tolérons aucune forme de propos positifs sur Adolf Hitler », peut-on lire dans la déclaration de Kristy Lundstrom, la directrice de l’école, mardi, qui assure par ailleurs que la capture d’écran a été « sortie de son contexte » en mars.

« Ce devoir avait vocation à étudier la Seconde Guerre mondiale, renforcer le niveau de connaissance des étudiants sur les événements factuels et les amener à comprendre les mécanismes de manipulation de la peur exploités par Adolf Hitler en relation avec le traité de Versailles », a écrit Lundstrom.

Elle a ajouté s’être entretenue avec le responsable de la diversité, de l’équité et de l’inclusion au sein de l’établissement ainsi qu’avec un « rabbin inquiet », et avoir évoqué la guerre entre Israël et le Hamas.

« En cette période très difficile, où nos élèves juifs et leurs familles endurent le stress supplémentaire lié à ces événements lointains, nous redisons sans ambiguïtés que l’école de Mount Vernon dénonce haut et fort l’antisémitisme », a-t-elle poursuivi.

De la maternelle à la dernière année de lycée, des ouvrages sur la Shoah ont donné lieu à des affrontements, ces derniers mois, et certains Juifs évoluant dans la sphère de l’enseignement public disent faire face à une atmosphère particulièrement tendue.

Les incidents antisémites, dans le cadre scolaire, auraient augmenté depuis le début de la guerre de Gaza, lorsque le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre, particulièrement dans les universités : un établissement de Berkeley, en Californie, a récemment organisé une grève en soutien aux Palestiniens qui, selon les Juifs locaux, leur a donné l’impression d’être visés.

Pour autant, les cours sur la Shoah rendant hommage à Hitler et aux nazis ne datent pas d’aujourd’hui.

En 2013 déjà, on avait demandé aux élèves d’un lycée de New York d’ « expliquer en quoi les Juifs étaient mauvais et d’utiliser les arguments de la propagande gouvernementale pour me convaincre de votre loyauté envers le Troisième Reich ! »

En 2021, une école primaire du New Jersey s’était fait remarquer à cause du devoir d’un de ses élèves – une apologie d’Hitler – et du déguisement de nazi qu’il arborait le jour de la lecture de son devoir. Un peu plus tard cette même année, des enseignants du Texas avaient reçu l’ordre de présenter des points de vue « opposés » sur la Shoah pour illustrer la question des points de vue divergents sur des sujets « largement débattus et controversés ».

L’antisémitisme au sein des établissements publics a fait l’objet d’une récente audience au Congrès, à laquelle ont pris part trois dirigeants de district de tout le pays. Lors de cette audience, l’enseignement de la Shoah a été brièvement évoqué comme possible antidote à l’antisémitisme.

Le Connecticut et la Georgie, comme d’autres États, ont des programmes d’enseignement de la Shoah qui laissent chaque district libre du contenu exact des cours.

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