Coronavirus : Deri appelle à la formation d’un « gouvernement national d’urgence »
Yair Lapid affirme que Netanyahu ne veut pas d'unité : "Il a pris la décision d'aller vers une quatrième élection"
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Alors que l’impasse politique en Israël semble se poursuivre, malgré l’élection de la semaine dernière, le président du parti Shas Aryeh Deri a déclaré jeudi que la crise émergente du coronavirus imposait la formation d’un « gouvernement national d’urgence », qui serait composé des partis rivaux du Likud et de Kakhol lavan.
« Un gouvernement national d’urgence doit être formé à cause du corona[virus] », a déclaré le ministre de l’Intérieur à la radio de l’armée, avertissant Kakhol lavan de « ne pas se livrer à des jeux » alors que des vies sont en danger.
« S’ils remplacent le président de la Knesset et adoptent des lois contre Netanyahu, il sera impossible de parler de gouvernement d’unité », a-t-il dit.
Ni le Likud de Netanyahu ni le parti Kakhol lavan, dirigé par Benny Gantz, n’ont obtenu assez de voix pour prétendre à une majorité de sièges suffisante à la Knesset, et aucun n’est en mesure de former une coalition majoritaire. Netanyahu a le soutien de 58 députés et le Likud détient le plus grand nombre de sièges à la Knesset.

Gantz, de son côté, cherche à former un gouvernement minoritaire composé de Kakhol Lavan (33 sièges), le parti Yisrael Beytenu (7 sièges) et l’alliance pacifiste Travailliste-Gesher-Meretz (7 sièges), et avec le soutien de la majorité des députés de la Liste arabe unie (15 sièges) qui soutiendraient le gouvernement de l’extérieur.
Le Likud a tenté de dépeindre la Liste arabe unie comme étant en marge de la politique israélienne, qualifiant ses membres de « partisans du terrorisme » et citant leur opposition au sionisme et certaines positions anti-israéliennes extrêmes de membres de Balad, l’une des factions constitutives du parti.
Si une coalition minoritaire, basée sur le soutien de la Liste arabe unie, « n’est pas le gouvernement que nous souhaitions », cela reste la façon la plus responsable de faire face à la crise du coronavirus, a déclaré le numéro 2 de Kakhol lavan jeudi matin, en réponse à l’appel de Deri à former un gouvernement d’unité.
« En pleine crise, Netanyahu est celui qui traite de petite politique », a déclaré Lapid. « Il n’a aucun intérêt à former un gouvernement d’unité. Il a décidé d’aller vers une quatrième élection. »

Lapid a déclaré qu’Israël a besoin d’un « gouvernement large pour gérer la crise », mais « la personne qui doit la gérer n’est pas celle dont le procès commence la semaine prochaine ».
En novembre, Netanyahu est devenu le premier Premier ministre en exercice à être mis en examen. Le procureur général a annoncé son intention de l’inculper pour corruption, fraude et abus de confiance. Les charges ont officiellement déposée en janvier, quand le Premier ministre a retiré sa demande d’immunité. Netanyahu nie toute malversation et affirme être victime d’un « coup politique » impliquant l’opposition, les médias, la police et les procureurs.
Son procès doit débuter le 17 mars.
Entre-temps, le ministère de la Santé a annoncé jeudi de nombreux nouveaux cas d’Israéliens porteurs du coronavirus, le nombre de cas confirmés de COVID-19 dans le pays ayant atteint 100.
Afin d’enrayer la propagation du virus dans le pays, tous les Israéliens revenant de l’étranger sont tenus de se mettre en quarantaine chez eux pendant 14 jours. Les ressortissants non-israéliens seront autorisés à entrer dans le pays jusqu’à jeudi à 20 heures, mais après cela, ils se verront interdire l’entrée à moins qu’ils ne puissent prouver qu’ils peuvent se mettre en auto-quarantaine pendant deux semaines.
Ces mesures de quarantaine sont parmi les plus spectaculaires jamais introduites par quelque pays que ce soit dans le cadre de l’intensification de la lutte contre le coronavirus. Le 26 février, Israël est devenu le premier pays au monde à déconseiller à ses citoyens tout voyage non essentiel à l’étranger.
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