Craignant la fin du monde, un Israélien rend un objet volé vieux de 2 000 ans
Pendant 15 ans, le vol de ce boulet de catapulte pesait sur la conscience du voleur qui a choisi de le restituer : avec la pandémie, cet anonyme a rendu l'objet
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Craignant que la fin ne soit proche, un Israélien a restitué un boulet de baliste vieux de 2 000 ans au parc national de la Ville de David – 15 ans après l’avoir dérobé. « Le moment est venu de soulager ma conscience. On a l’impression que la fin du monde est proche », a déclaré le citoyen anonyme dans un communiqué de presse de l’Autorité israélienne des Antiquités (AIA).
Alors que l’on ne sait pas encore si le monde arrive à sa fin – à cause de l’épidémie actuelle de coronavirus ou de toute autre menace existentielle grave – l’AIA a profité de l’opportunité pour appeler tous les citoyens à restituer les découvertes archéologiques au Trésor d’État, afin que l’ensemble du public puisse en profiter, a déclaré l’autorité.
Le citoyen n’a pas ramené lui-même la pierre de la taille d’une boule de bowling. Au lieu de cela, il a utilisé un intermédiaire appelé Moshe Manies, qui a accepté de ne pas divulguer l’identité du voleur. Selon Manies, le vol original a eu lieu quand des jeunes farceurs, qui ont visité le parc il y a 15 ans, ont vu des boulets en pierre exposés. Les pierres avaient été catapultées sur des fortifications.
Le Dr. Yuval Baruch, un archéologue de la région de Jérusalem de l’IAI, a expliqué dans le communiqué de presse que les balistes sont un type d’armes anciennes, qui étaient utilisées par les forces assiégeant une ville. On les utilisait pour lancer des pierres afin de contraindre les forces présentes sur les murs d’une forteresse à fuir.
« Les pierres de balistes qui ont été découvertes dans la Ville de David sont probablement liées aux violentes batailles entre les résidents assiégés de Jérusalem et les soldats de la légion romaine, autour de 70 de l’ère chrétienne – l’année de la destruction de Jérusalem », explique l’archéologue.
Parmi les autres endroits à Jérusalem où des pierres similaires de balistes ont été retrouvées, il y a notamment le Bâtiment russe à proximité du chemin possible du Troisième mur, qui était le mur externe de Jérusalem au moment du Second Temple. « Dans les fouilles de l’Autorité israélienne des antiquités, un champ de bataille a été découvert, avec des dizaines de pierres de balistes éparpillées au sol », commente Yuval Baruch.
Il y a quinze ans dans la Ville de David, en voyant un tas de ces anciens projectiles, « un des garçons a ramené l’une des pierres à la maison », a expliqué l’intermédiaire Manies dans un message publié sur Facebook pour attirer l’attention de l’AIA. « Entre temps, il s’est marié et a fondé une famille, et il m’a dit que ces 15 dernières années la pierre a été un poids sur son cœur. Et maintenant, il est tombé dessus alors qu’il faisait du nettoyage pour Pessah, et avec l’atmosphère d’apocalypse générée par le coronavirus, il a senti qu’il était temps de soulager sa conscience, et il m’a demandé de l’aider à le restituer à l’Autorité israélienne des antiquités », rapporte Manies.
Uzi Rotstein, un inspecteur de l’Unité de prévention des vols à l’IAI, a été tagué dans l’un des commentaires de la publication Facebook de Manies. Ils ont arrangé une restitution rapide de l’objet. Retirer l’objet de son contexte archéologique « a un impact négatif sur la recherche et sur la capacité de reconstituer le puzzle historique », a déclaré Rotstein, qui s’est occupé du retour.
« Ces objets, qui sont vieux de milliers d’années, sont notre trésor national. Ils nous parlent de l’histoire de la terre et de qui a habité ici avant nous, ils devraient être documentés et exposés », explique Uzi Rotstein.