Damas accuse Israël d’avoir mené deux raids près de la capitale
La présumée attaque a été entre autres rapportée par la station de télévision officielle du groupe terroriste chiite du Hezbollah, al-Manar
La Syrie a accusé dimanche Israël d’avoir mené deux raids contre des régions tenues par le régime dans la province de Damas, selon la télévision officielle, qui a précisé qu’ils n’avaient pas fait de victimes.
Le rapport de l’agence de nouvelles officielle syrienne SANA a revendiqué qu’une attaque a eu lieu près de l’aéroport principal de Damas et l’autre sur la frontière syro-libanaise.
« L’ennemi israélien a attaqué la Syrie en visant deux régions sécurisées (gouvernementales) de la province de Damas : le secteur de Dimas et celui de l’aéroport international de Damas », a indiqué la chaîne.
L’Observatoire syrien pour les droits de l’homme basé en Grande-Bretagne, qui surveille le conflit en Syrie, a déclaré que l’un des sites ciblés, Dimas, était une position militaire. Les opérations à l’aéroport international de Damas sont à la fois civile et militaire.
Les responsables israéliens n’ont pas répondu immédiatement aux rapports.
Les avions de chasse de Tsahal auraient frappé des sites en Syrie à plusieurs reprises depuis que la guerre a éclaté entre les rebelles et les forces loyales au président syrien Bashar el-Assad en 2011. Toutefois, les responsables à Jérusalem ont rarement confirmé ces frappes.
Plusieurs vidéos téléchargées sur YouTube dimanche sont censées montrer la frappe israélienne présumée
#Syria Alleged picture of Israeli airstrike near Damascus via @IsraelHatzolah cc @EjmAlrai pic.twitter.com/FzVscsc6Lu
— Green lemon (@green_lemonnn) December 7, 2014
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Les responsables israéliens ont déclaré dans le passé qu’ils prendraient des mesures pour arrêter le transfert de certaines armes de la Syrie au Hezbollah basé au Liban.
Lors d’une réunion du cabinet dimanche, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a souligné qu’Israël était prêt à gérer les « menaces », mais il n’a pas précisé à quelles menaces il faisait allusion.
« Nous suivons de près le Moyen-Orient et ce qui se passe avec les yeux et les oreilles ouverts, et beaucoup de choses s’y passent, » a déclaré Netanyahu.
« Nous allons rester informé et nous allons faire face à ces menaces et à ces inlassables défis. Nous allons les traiter avec la même responsabilité dont nous avons fait preuve jusqu’à présent ».
Le ministère syrien des Affaires étrangères a indiqué dimanche soir qu’il demandait au Secrétaire général Ban Ki-moon et au Conseil de sécurité de l’ONU d’imposer des sanctions contre Israël.
Le ministère a qualifié ces raids de « crime atroce contre la souveraineté de la Syrie », selon l’agence de presse officielle SANA.
« Cette agression directe par Israël a été menée pour aider les terroristes en Syrie après que nos forces eurent remporté d’importantes victoires à Deir Ezzor, Alep et ailleurs », a ajouté l’armée. « Cela apporte la preuve du soutien direct d’Israël au terrorisme en Syrie ».
Dans la terminologie du régime, le mot « terroriste » englobe tous les rebelles, qu’il s’agisse des modérés ou des djihadistes.
L’armée et l’aviation israéliennes ont mené plusieurs attaques contre des positions militaires depuis le début de la révolte contre le régime syrien en mars 2011.
L’aviation israélienne a aussi visé en Syrie des infrastructures appartenant au puissant mouvement libanais chiite Hezbollah ou des armes lui étant destinées. Le Hezbollah – qui soutient militairement le président syrien Bachar al-Assad – et Israël s’étaient livrés une guerre dévastatrice et meurtrière en 2006.
L’annonce de ces raids survient alors que les forces pro-gouvernementales syriennes ont connu plusieurs succès ces dernières 24 heures.
Elles ont réussi dimanche à repousser une attaque de l’EI contre un important aéroport militaire situé à Deir Ezzor, selon l’OSDH, qui a précisé que plus de 100 djihadistes et 59 combattants pro-régime avaient été tués.
D’après l’OSDH, plusieurs djihadistes ont souffert de « suffocation » en raison de l’utilisation par l’armée de chlorite.
L’aéroport militaire de Deir Ezzor est considéré comme la seule voie de ravitaillement alimentaire des forces gouvernementales dans l’Est syrien. C’est de là que les avions et hélicoptères de l’armée décollent pour des raids contre les djihadistes et rebelles dans plusieurs régions de Syrie.
Rencontres diplomatiques
Par ailleurs, l’armée avançait dimanche dans la province d’Alep, selon l’OSDH, qui a précisé qu’au moins 24 rebelles et jihadistes avaient été tués au nord-est de la ville éponyme. « L’armée (…) a pris le secteur de Breij », a déclaré à l’AFP le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane.
Cela signifie que l’armée resserre l’étau sur les rebelles à l’est d’Alep : « il y a une menace très réelle que la route d’approvisionnement de l’opposition soit coupée », a-t-il précisé.
Alep, deuxième ville de Syrie, est divisée depuis juillet 2012 entre secteurs loyalistes à l’ouest et secteurs rebelles à l’est. Ces derniers sont menacés depuis début octobre d’être totalement assiégés par l’armée.
Toujours à Alep, des rebelles ont fait exploser un tunnel près d’une ancienne mosquée, affirmant viser des positions de l’armée, selon l’OSDH.
La télévision officielle a indiqué que les rebelles avaient fait exploser la mosquée de Sultaniyeh. Selon l’OSDH, la mosquée n’a pas été endommagée mais 12 soldats ont été tués dans l’explosion.
Le conflit en Syrie a commencé en mars 2011 par un mouvement de contestation pacifique qui s’est ensuite transformé en rébellion armée. Celle-ci a été largement éclipsée ces derniers mois par la montée en puissance de groupes djihadistes, notamment l’EI.
Alors que les combats ont fait plus de 200 000 morts, le ballet diplomatique a repris pour tenter de mettre un terme aux violences.
L’émissaire de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, discutera dans les prochains jours à Gaziantep, en Turquie, avec les chefs rebelles d’Alep d’un « gel » des combats dans cette ville.
La Russie, qui entend relancer le processus de paix, recevra de son côté mercredi une délégation d’opposants syriens tolérés par le président Assad, après des personnalités du régime fin novembre.
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, se rend lui lundi à Téhéran pour une conférence sur l’extrémisme et la violence à laquelle doit également participer Ibrahim al-Jaafari, son homologue d’Irak où l’EI sévit également.