Dans le désert du Néguev, la population arabe réclame plus d’abris
Une équipe de l'AFP a vu un camion transportant un abri sécurisé entrer dans la localité, avant que des soldats israéliens ne commencent à l'installer ; 13 autres sont en route
À Ararat an-Naqab, dans le désert du Néguev en Israël, des jeunes bédouins se rassemblent près de voitures calcinées par l’explosion d’un missile lancé depuis la bande de Gaza. Inquiets de voir la guerre à leurs portes, ils appellent les autorités à leur fournir des abris.
Alaa Abou Jamaa, un habitant de cette petite ville, était sorti chercher le petit-déjeuner pour ses enfants le 7 octobre lorsque l’attaque meurtrière du groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël a été déclenchée.
Alors qu’il arrivait en voiture devant son domicile, une roquette s’est abattue le projetant « à six mètres », confie à l’AFP ce jeune homme de 30 ans.
« Je ne pouvais pas bouger. Des gens sont intervenus pour m’extraire du véhicule. Ma jambe a été touchée par des éclats et j’ai été emmené à l’hôpital », relate-t-il.
Un enfant de 5 ans « se tenait à la porte de la maison voisine, près d’une autre voiture. Lorsque le missile a explosé, la voiture a été projetée et a pris feu (…) et Yazan a été tué », raconte Abou Jamaa.
« Les maisons ont tremblé, les vitres se sont brisées », dit-il, des témoins affirmant ne pas avoir été alertés par les sirènes d’alarme.
Zakaria, le père de Yazan, chauffeur de profession, se souvient : « J’étais à Eilat samedi matin lorsque j’ai appris que mon fils avait été tué. Je suis rentré au milieu d’un échange de bombardements entre le Hamas et Israël et j’ai vu mon fils à l’hôpital. » Sa voix s’étrangle, l’empêchant de poursuivre.
Villages non reconnus
Ararat an-Naqab, compte plus de 20 000 habitants, majoritairement Arabes.
Dans le village d’Albat-Kahla, non reconnu et édifié au cœur des dunes de sable, cactus et buissons s’épanouissent entre les habitations faites de plaques de tôle, où vivent quelque 1 200 âmes.
Le militant local Ali Abou Sabieh affirme qu’il n’y a « aucun abri » dans le village, ajoutant que quatre personnes, dont deux de ses proches, ont été tuées par les roquettes.
À Ararat an-Naqab en revanche, et sous la pression des populations, l’armée israélienne a distribué des abris préfabriqués.
Une équipe de l’AFP a vu un camion transportant un abri sécurisé entrer dans la localité, avant que des soldats israéliens ne commencent à l’installer.
« Chaque abri peut accueillir 70 personnes, avec une limite fixée à 100. Ces gros cubes seront comblés de sable et des murs en béton seront érigés derrière », indique Gilad, un officier qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.
Selon l’officier, 13 autres abris devraient être installés. « Selon la situation sécuritaire, nous pouvons en installer deux ou trois par jour », ajoute-t-il.
« Sourde oreille »
Walid al-Hawashleh, responsable des secours dans le Néguev, évoque le bilan de 18 morts : « Six par des roquettes ayant frappé leurs habitations et 12 qui travaillaient dans les champs dans la bande de Gaza au début de l’attaque du Hamas. Huit bédouins sont également portés disparus. »
Sur place, on peut voir des avions de chasse israéliens qui revenaient ou se dirigeaient vers Gaza, en proie à d’intenses bombardements depuis le carnage perpétré par le Hamas qui a fait plus de 1 400 morts en Israël, en majorité des civils.
Dans ce contexte, al-Hawashleh a « adressé un message au chef de l’État et aux ministres, exigeant des abris ».
L’Organisation de secours islamique a distribué quelque 100 cylindres en béton armé, habituellement utilisés pour canaliser l’eau, afin qu’ils servent de refuges temporaires. Mais ces abris rudimentaires semblent insuffisants pour la population du Néguev, entourée de zones militaires.
« La population arabe du Néguev compte plus de 300 000 habitants, dont environ 150 000 dispersés dans 45 villages non reconnus. Le gouvernement ne leur fournit ni électricité, ni eau, ni soins médicaux, ni infrastructures », déplore Atiyah al-Asam, chef du conseil régional d’un village non reconnu.
« Chaque fois que nous leur demandons de construire des abris, ils font la sourde oreille en prétextant que ces villages ne sont pas reconnus. »