Davantage de manifestations prévues après la mort de Solomon Tekah
La police avertit qu'elle réagira avec "fermeté" ; une enquête est toujours en cours pour déterminer s'il s'agit d'un acte de légitime défense
Les manifestations devraient s’intensifier mardi sur fond de colère après la mort d’un jeune Israélien issu de la communauté éthiopienne, qui a été abattu par un policier qui n’était pas en service. Les forces de l’ordre ont averti qu’elles réagiraient « fermement » à toute reprise de violence.
Des centaines de manifestants ont brûlé des pneus et bloqué des artères principales de la région de Haïfa dans la journée et la soirée de lundi, alors que des manifestations ont été organisées pour protester contre la mort de Solomon Tekah, 19 ans, dont l’enterrement est prévu mardi à midi, au cimetière Tel Regev de Haïfa.
Les membres de la communauté israélo-éthiopienne ont indiqué qu’ils préparaient d’autres manifestations de grande ampleur dans l’ensemble du pays, et ont promis de reproduire une campagne de 2015, qui a donné lieu à de violents affrontements entre la police et les manifestants sur la place Rabin, à Tel Aviv.
Lundi, la police n’a pas dispersé les manifestations afin d’apaiser les tensions, même si une tentative d’effraction dans le commissariat duquel dépend le policier mis en cause dans la fusillade a donné lieu à des affrontements.
Un haut responsable de la police a averti mardi qu’elle réagira avec « fermeté » à toute violence supplémentaire ou tentative de blesser le policier impliqué, qui a été assigné à résidence,
La mort de Tekah a immédiatement relancé les accusations de violence policière et de racisme à l’encontre de la communauté éthiopienne. Le policier a affirmé qu’il tentait de disperser une bagarre de rue, mais que trois jeunes lui ont lancé des pierres, le mettant en danger.
La militante Rachel Gil Yosef, qui a organisé les manifestations en janvier après la mort de l’Israélo-éthiopien Yehuda Biadga, 24 ans, abattu par la police, qui aurait menacé un policier avec un couteau, a déclaré au site Ynet mardi que « à ce stade, plus rien ne sera plus jamais pareil ».
« Quand les autorités ne s’en soucient pas et que le public ne se rallie pas [à la cause], nous nous retrouvons à compter nos morts. Nous vivons dans la peur, les parents ont peur pour leurs enfants », a-t-elle dit.
Branu Tegene, également israélo-éthiopien et journaliste pour la Douzième chaîne chargé de couvrir ces manifestations en tant que correspondant aux affaires criminelles, a déclaré qu’il reçoit quotidiennement des appels concernant l’interaction entre les membres de la communauté et la police, et s’attend à ce que les protestations prennent de l’ampleur.
« Je crains que nous n’assistions aux mêmes scènes de rage que nous avons vues en 2015, et cette fois-ci, ce sera pire. La communauté va sortir [dans les rues] depuis Rosh HaNikra jusqu’à Eilat », a déclaré Tegene, faisant allusion aux villes les plus au nord et au sud du pays. « Je sais que nous – ma génération et celle en dessous de moi – avons beaucoup à faire. Je ne perds pas espoir. Que vous le vouliez ou nous, c’est notre pays et personne ne nous fait de faveur [en nous laissant vivre ici]. »
Tegene a également demandé si les résultats de la Commission Palmor en 2016, sur la lutte contre le racisme contre les Israéliens d’ascendance éthiopienne avaient été mis en oeuvre. Le rapport proposait 53 recommandations détaillées pour lutter contre le racisme au sein de la société israélienne, principalement par le biais des système éducatifs.
« L’étonnante Commission Palmor, pour la première fois, a gravement inculpé la société israélienne, et notamment la police. Qu’a fait la police en cinq ans ? Nous parlons d’un agent de police, un commandant, qui a fait face à de nombreux incidents, et cette nuit, son système de valeurs ne lui a pas dit d’attendre ? »
Les autorités ont promis une enquête transparente sur la fusillade.
Mais Assaf Govana, un des organisateurs de la manifestation a déclaré à la radio militaire que les politiciens faisaient partie du problème.
« Pourquoi faut-il tuer un gosse ? Pourquoi doit-on en arriver là ? », a-t-il interrogé, la voix brisée. « Arrêtez avec vos belles paroles. J’en ai assez. J’en ai assez des belles paroles. Découvrez la vérité. »