David Strathairn reprend son rôle de Jan Karski à Varsovie
L'acteur nominé aux Oscars joue le rôle du résistant polonais qui a révélé aux Alliés les atrocités commises par les nazis
L’acteur nominé aux Oscars, David Strathairn, est à Varsovie cette semaine pour reprendre le rôle de Jan Karski dans une pièce théâtre qui marque le centenaire de la naissance du résistant polonais, héros de la Seconde Guerre mondiale.
Les représentations de la pièce, qui s’intitule, « Remember This: Walking with Jan Karski » [Souvenez-vous : marcher avec Jan Karski], ont débuté en avril à l’université de Georgetown à Washington, où Karski a enseigné pendant quatre décennies.
Karski, un combattant de la résistance et représentant du gouvernement polonais en exil, a, au péril de sa vie, donné aux Alliés un témoignage direct des atrocités commises par les nazis. Il s’est, par deux fois, infiltré dans le ghetto de Varsovie en se faisant passer pour un garde dans le camp de transit d’Izbica, où il a été témoin de la manière dont les Juifs, tels du bétail, étaient rassemblés dans des trains en direction des camps de la mort.
En urgence, Karski a rapporté ce qu’il avait vu au ministre des Affaires étrangères, Anthony Eden, au président américain, Franklin Roosevelt, et au juge de la Cour suprême américaine, Felix Frankfurter. Aucune de ces personnalités n’ont réagi.
Cette nouvelle production au Teatr Imka, un théâtre de Varsovie connu pour ses productions innovantes, est un événement organisé en marge de la cérémonie d’ouverture de la collection permanente de POLIN : Musée de l’Histoire des Juifs polonais.
Strathaim sera sur scène le 29 et 30 octobre avec six étudiants de l’Académie nationale de l’art théâtral de Cracovie et un étudiant américain. Le script, qui se fonde en grande partie sur le livre de Karski, « Mon témoignage devant le monde – Histoire d’un État secret », qui narre son expérience pendant la guerre et qui a été publié en 1944, a été élaboré, pour sa représentation polonaise, et une traduction polonaise des dialogues anglais sera projetée pour le public.
Strathairn a indiqué au Times of Israel, avant son départ pour Varsovie, qu’il avait hâte de reprendre le rôle de Karski, vu le succès de la première représentation à Georgetown.
« Nous sommes tous sortis [de cette représentation] avec le sentiment que nous avions en quelque sorte réussi à au moins donner une idée de cet homme et montrer ce qu’il a vécu », précise-t-il.
Donner une représentation de « Remember This » dans le pays natal de Karski est excitant mais en même temps intimidant.
« C’est un peu accablant mais en même temps excitant. Nous ne pouvions pas être plus honorés par le fait qu’on nous ait demandé de venir », indique Derek Goldman, le professeur en art dramatique de Georgetown qui a co-écrit la pièce.
Goldman a considéré cette invitation de venir jouer la pièce à Varsovie comme une opportunité d’en apprendre plus sur la vie et l’œuvre de Karski. Il a interviewé des personnes dont la vie a été affectée par son action.
Strathairn, qui a été grandement affecté par cet homme et son héritage, reviendra sur scène dans la peau de Karski.
« Notre représentation à Georgetown a peut-être donné un aperçu de sa vie, mais en ayant beaucoup lu sur ses expériences et répété ses propres mots… cela m’a beaucoup affecté », précise-t-il.
« Il reste [dans notre esprit] comme quelqu’un de très puissant. Il n’est pas l’un de ces personnages que vous pouvez jouer et laisser sur une étagère ensuite. Il reste présent. Ce sera un personnage mémorable [à jouer] ».
Après le spectacle de Varsovie, il y aura un séminaire professionnel de 10 jours qui se tiendra à New York et Washington DC, plus tard dans l’année, avec l’espoir que cela mènera à une production entièrement professionnelle. De plus, le Laboratory for Global Performance and Politics de l’Université de Georgetown étudie la possibilité d’intégrer cette pièce dans un programme éducatif pour présenter l’histoire de Karski au monde entier.
Karski est resté silencieux pendant des décennies après la guerre au sujet de ce qu’il avait vu et ce qu’il a tenté de faire. Ce n’est qu’après le témoignage intitulé « Shoah » de Claude Lanzmann en 1985 que son rôle a été révélé.
« C’est triste. On a de la peine pour lui », précise Strathairn au sujet de la douleur que Karski a dû ressentir pour ne pas avoir réussi à persuader les Alliés d’agir pour empêcher la destruction de la communauté juive européenne.
« C’est étonnant qu’il ne soit qu’un seul homme, il était tellement plus que ça. Ses tentatives, et le mot est faible… ont été ignorées, je ne peux pas imaginer ce que cela a pu être. C’est pourquoi c’est un personnage extraordinaire », explique-t-il.
http://youtu.be/VKj5g_Bgg2c