De Damas à Jérusalem, un roman de 39 ans passe à l’écran
L’écrivain Howard Kaplan était à l’université quand il a été en Syrie en 1971 ; The Damascus Cover et à présent un thriller indépendant

C’était un voyage fortuit à Damas, en Syrie, à la fin des années 1970, qui a entraîné Howard Kaplan, alors étudiant, vers son premier pas pour la gloire littéraire.
A présent, le livre de 1979 The Damascus Cover (La couverture de Damas), un roman d’époque couvrant la Syrie et Israël, est devenu un film d’espionnage en postproduction dans lequel ont joué Jonathan Rhys Meyers, John Hurt, Olivia Thirby, Navid Negahban, et les acteurs israéliens Aki Avni, Tsahi Halevi, Igal Naor et quelques autres.
« Il a bien marché pour un premier livre », a déclaré Kaplan, qui a aujourd’hui 66 ans, pendant une récente visite en Israël. « Il a eu du succès comme roman d’espionnage parce qu’il avait un bon rebondissement à la fin. Mais j’avais abandonné l’adaptation au cinéma. »
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C’est le réalisateur Daniel Berk qui a repéré le roman de 1979 dans la bibliothèque d’un ami à Tel Aviv, puis a écrit à Kaplan pour lui demander les droits d’adaptation de son œuvre. C’était il y a 11 ans.
« Il a dit qu’il voulait le faire, a déclaré Kaplan. Je n’en pensais pas grand-chose, c’est un vieux libre. Je ne l’avais même pas dit à quelqu’un. »
https://youtu.be/PD_FP2wQ_TI
Berk a écrit à Kaplan chaque année pendant huit ans, demandant la permission de renouveler son option, jusqu’à ce qu’il réunisse finalement les fonds nécessaires en 2014, a déclaré Kaplan.
Dans le roman de Kaplan, l’espion israélien lessivé Ari Ben Sion accepte une mission en Syrie pour sauver les enfants d’une famille juive, tout en prétendant être un ancien officier nazi. Ses responsables au Mossad ont d’autres projets pour lui qui se précisent pendant qu’il est à Damas, et ce sont ces rebondissements qui ont fait du livre un roman populaire, a déclaré Kaplan.
Quand le réalisateur Berk a écrit le scénario du film, il a légèrement changé son angle, en utilisant un ancien espion (Rhys Meyers) qui est envoyé sous couverture en Syrie pour faire sortir illégalement de Damas un scientifique spécialiste des armes chimiques et sa famille. Dans les jours suivant l’arrivée de l’espion, sa mission de routine se révèle être une chaîne de conspirations meurtrières, et Rhys Meyers doit sauver sa peau.
Le film, qui a coûté cinq millions de dollars, a été filmé en Israël et au Maroc, car « c’est moins cher là-bas », a déclaré Kaplan, et a connu plusieurs changements de casting avant que le tournage de sept semaines ne démarre l’hiver dernier.
La première équipe d’acteurs comprenait James D’Arcy et Abigail Spencer, mais des changements dans la carrière de D’Arcy l’ont obligé à quitter le film. Berk a alors choisi plusieurs acteurs de l’Union européenne, qui sont souvent moins chers que les acteurs américains pour des raisons d’impôts.
« Ça ne dépend que de combien vous gagnez, a déclaré Kaplan. Plus vous avez d’argent, plus vous pouvez payer. »

L’agent de casting s’est vu remettre une liste de onze acteurs européens qui étaient disponibles pour commencer à travailler pour sept semaines trois semaines plus tard, et sur les onze acteurs, Rhys Meyers a été le seul nom que l’agent a reconnu, « donc il l’a choisi lui », a déclaré Kaplan.
En octobre, Rhys Meyers s’est sectionné le tendon de la main, et le tournage a de nouveau été reporté jusqu’en février. A ce moment, Spencer a accepté une autre offre, et elle a été remplacée par Olivia Thirlby (« Juno », « Dredd ») qui, a précisé Kaplan, a joué le rôle de manière un peu plus « sexy ». Rhys Meyers, a-t-il déclaré, « a vraiment habité le film. »
John Hurt, qui a une maison au Maroc, leur a offert cinq jours de tournage, entre un dimanche et un vendredi, pour qu’il puisse prendre le train de 17h00 et passer le week-end dans sa maison. Avni est venu plusieurs fois, puisqu’il vivait « à côté » en Israël, et pouvait facilement faire des allers-retours quand il devait tourner.

Rhys Meyers, ou « Johnny » comme Kaplan dit qu’il aime être appelé, vivait autrefois au Maroc également, et était plus disponible pour passer du temps avec l’équipe, a déclaré Kaplan, qui a partagé un dîner avec lui à la fin du tournage.
Le film, qui décrit la Syrie à une époque bien différente de la guerre civile actuelle, se déroule à présent en 1989, après la chute du mur de Berlin.
Les temps ont changé depuis qu’il a écrit le roman en 1979, a déclaré Kaplan.
« J’aime dire ce que le réalisateur dit, qui est ‘j’ai gardé la moelle et le muscle de l’histoire’ » a déclaré Kaplan, qui a passé une dizaine de jours au Maroc pendant le tournage.
« Mon roman parle de faire sortir des enfants de Damas ; il y avait 5 000 juifs à Damas à l’époque. L’ingénieur chimique du film vit toujours dans le ghetto. J’ai trouvé que les scènes du film qui étaient identiques au roman étaient difficiles à regarder pour moi. Celles qui sont différentes, je ne m’en occupais pas du tout et je n’ai pas l’impression d’en être responsable. »
C’est en 1971 que Kaplan, né à Los Angeles, a passé une année d’université à l’université Hébraïque de Jérusalem. Un ami « cinglé » a convaincu Kaplan de le rejoindre pour son voyage dans le Moyen Orient, et tous deux ont échangé leur passeport avec un tampon israélien pour une version propre à Chypre. De là, ils ont été à Beyrouth, puis ont pris un taxi pour Damas.
Ils y ont traversé plusieurs aventures, et ont notamment eu l’impression d’être suivis, ce qui les a fait revenir à Beyrouth.

Quand Kaplan a obtenu son diplôme d’histoire du Moyen Orient de Berkeley, il a fait « beaucoup de recherches » pour le livre, souvent salué pour ses précisions sur Damas, une ville qui ne ressemble plus à ce qu’elle était autrefois.
« Le livre est un genre d’artefact parce que beaucoup de choses n’existent plus, a déclaré Kaplan. Tout était avant cette guerre civile. »
Le livre a été sélectionné par Dutton [une maison d’édition américaine], et traduit en sept langues, dont l’hébreu. Il a bien marché pour un premier roman, a déclaré Kaplan, qui a acheté avec ses revenus une petite maison puis a continué à écrire, mais ses deux livres suivants n’ont pas eu le même succès.
A présent, avec le succès latent de « Damas », il retourne à quelques nouvelles idées, dont un autre roman moyen-oriental.
« Ma carrière n’a pas suivi la voie qu’elle avait commencé », a déclaré Kaplan, qui a réédité deux de ses romans précédents. Il pense que le succès de The Damascus Cover était dû à son importance comme roman d’espionnage, pas comme histoire sur le Moyen Orient.
A nouveau en Israël, il cherche de nouvelles idées qui impliquent l’Etat juif, mais n’abandonne aucun indice.
« Je pense que John Le Carré faisait ça, a songé Kaplan. Il avait simplement l’habitude de toquer partout et de parler aux gens. J’ai déjà les grandes lignes d’une histoire depuis que je suis ici. »
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