Découverte d’un village agricole hasmonéen sous un quartier arabe de Jérusalem
Une chambre funéraire multigénérationnelle impressionnante et un vaste pigeonnier révèlent l'existence d'un village nanti dans une zone rurale située près du zoo biblique
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

De nouvelles preuves du lien entretenu par les Juifs à la région de Jérusalem au sens large ont été découvertes lors de fouilles récentes menées pour préparer des travaux dans le quartier Sharafat de la ville sainte. Dans un lieu qui, aujourd’hui, est devenu un quartier musulman et arabe chrétien relativement défavorisé de la municipalité de Jérusalem, les archéologues ont mis la main sur un grand village agricole de l’ère hasmonéenne.
Préparant la construction d’une nouvelle école élémentaire à Sharafat, entre le zoo biblique et Gilo, c’est la corporation de développement Moriah Jerusalem qui a financé les travaux de fouilles pour le compte de la municipalité.
Avant la fin de ces travaux d’excavation, mercredi, les archéologues ont découvert une chambre funéraire de dimension impressionnante, un pressoir à olives et de nombreux fragments de cruches, des bains rituels, une citerne à eau, des carrières de pierre et un pigeonnier, qui remontent tous à l’an 140 environ avant l’ère commune.
Selon le porte-parole de l’Autorité israélienne des Antiquités (IAA) Yoli Schwartz, les terres fouillées ont été remblayées et la possibilité d’exposer au moins une partie du site est actuellement examinée.
Pendant l’ère hasmonéenne, Jérusalem, auparavant modeste, « a assumé son rôle en tant que centre d’un Etat assez considérable », écrit Lee I. Levine de l’université Hébraïque dans « Jérusalem: Portrait de la ville à la période du Second temple ». Cette expansion a élargi le statut, l’économie et la taille de la ville. « Jérusalem s’est multiplié par cinq pendant la période hasmonéenne, passant d’une stature de ville relativement peu importante et concentrée dans la cité de David avec environ 5 000 habitants à une population de 25 000 à 30 000 résidents », note Levine dans son livre.
Il fallait que ces habitants se nourrissent et les récentes fouilles semblent révéler l’existence d’une importante implantation agricole qui a pu contribuer à produire des aliments destinés à la ville voisine.

Des travaux d’excavation réalisés sur le site en 1994 avaient permis de trouver un bain rituel, et d’autres entrepris en 2017 une pièce de monnaie de l’époque.
La découverte d’une chambre funéraire luxueuse et multi-générationnelle lors des fouilles actuelles paraît néanmoins indiquer une implantation bien plus importante que prévu.

« Il semble que cette chambre funéraire ait servi une famille riche ou importante au cours de la période hasmonéenne. Elle a été utilisée pour plusieurs générations, comme cela se faisait communément à ce moment-là », explique Yaakov Billig, directeur des fouilles de l’IAA.
Comme le montrent ces images tournées par un drone et transmises par l’Autorité israélienne des Antiquités, cette chambre comprend un corridor ouvrant sur une large cour intérieure creusée dans la pierre.
Dans cette cour, les archéologues ont découvert un banc de taille imposante. L’entrée dans cette chambre se faisait à travers la façade – derrière laquelle des niches oblongues avaient été creusées dans les murs en pierre pour recevoir les dépouilles.

Parmi les éléments architecturaux les plus intéressants trouvés jusqu’à maintenant sur le site, un grand pigeonnier où les pigeons se juchaient. Comme c’était d’usage à l’ère du Second temple, les pigeons étaient à la fois une offrande au temple et une ressource alimentaire : L’oiseau et ses œufs étaient consommés tandis que ses excréments étaient utilisés comme fertilisant.

Selon un communiqué de l’IAA, « un tel artisanat de qualité dans les éléments architecturaux est rare. On le trouve majoritairement dans les constructions monumentales ou dans les chambres funéraires du secteur de Jérusalem, comme dans la chambre funéraire de la famille de prêtres de Benei Hazir, dans la vallée du Kidron, et dans plusieurs tombes du quartier Sanhedriah ».
Même si seulement une petite partie du site a été fouillée, l’IAA pense qu’elle fait partie d’un village plus important qui avait été découvert au sud.

« Ces découvertes semblent indiquer que le village était de nature agricole et qu’il produisait, entre autres du vin et de l’huile d’olives – et qu’il faisait aussi de l’élevage de pigeons », a précisé l’AAI.