Découvrir Jérusalem autrement – La nuit est le moment rêvé
De nuit, les pierres dorées de la capitale brillent de mille feux et de nombreux sites sont parés de lumières. Jusqu'à fin décembre, une visite guidée en bus raconte leur histoire
La défunte reine Elizabeth n’avait jamais mis les pieds en Terre Sainte.
Ce n’est pas le cas du nouveau roi Charles III, qui a effectué le déplacement en janvier 2020 pour assister au Forum mondial sur la Shoah, événement commémorant le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz.
En 2016 déjà, il s’était rendu sur la tombe de sa grand-mère Alice, qui avait caché une famille juive pendant la Seconde Guerre mondiale. A sa demande, elle a été enterrée aux côtés de sa tante, la grande-duchesse Elizabeth Fiodorovna, dans la crypte de l’église Marie-Madeleine, sur le mont des Oliviers, l’un des plus beaux endroits de la ville.
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Le meilleur moment pour découvrir ce lieu de culte spectaculaire est la nuit, et le moyen le plus simple de le faire est de prendre le tout nouveau bus “Visite en lumière”, exploité par la Société de Développement de Jerusalem Est.
A mesure que le bus serpente à travers la ville, d’est en ouest, du nord au sud, un guide indique, en anglais et en hébreu, les nombreux sites illuminés la nuit.
Le guide décrit également les quartiers et bâtiments importants de la ville, avec des informations inédites, même pour les habitants de Jérusalem les plus blasés.
Les trois plus beaux lieux de cet itinéraire ont droit à leur arrêt. Les touristes sont alors invités à descendre du bus et à se dégourdir les jambes, tout en écoutant les explications détaillées du guide et en admirant de près les beautés de la ville.
Il est possible de monter à bord du bus en plusieurs endroits de son itinéraire mais le meilleur endroit est sans conteste le tout premier arrêt : la gare historique de Jérusalem.
Son nom officiel signifie d’ailleurs “première gare” (HaTahana HaRishona, en hébreu). Elle a été inaugurée le 26 septembre 1892 par un train reliant Jaffa à Jérusalem en quatre heures. L’excitation était à son comble ce jour-là : la foule se pressait le long des voies en s’écriant : « Le train arrive, le train arrive ! »
Abandonnée en 1998, la station est restée à l’abandon pendant plus d’une dizaine d’années, avant que des travaux de restauration ne soient entrepris en 2010.
Aujourd’hui, les touristes peuvent profiter de son ambiance incomparable, dîner dans l’un de ses restaurants, faire du shopping, se promener sur la passerelle longue de sept kilomètres ou admirer des trains d’époque.
Si vous prenez le bus à cette station, venez tôt pour profiter de ce qui est devenu l’un des endroits les plus fréquentés de la ville.
Dans sa traversée de Jérusalem, le bus passe devant le plus ancien quartier – en dehors de la Vieille Ville – Mishkenot Shaananim, où un moulin à vent érigé dans les années 1860 illumine la nuit.
Un peu plus loin, on descend du bus pour admirer l’auberge de jeunesse du YMCA de Jérusalem, la plus belle de toutes.
Le terrain nécessaire à la construction de cette auberge de jeunesse s’est libéré à la fin de la Première Guerre mondiale.
Le secrétaire général du YMCA, le Dr Archibald C. Harte, a souhaité en faire un bâtiment en hommage à la paix, ouvert à toutes les confessions et toutes les nationalités. Lors de la pause pour admirer le bâtiment, le guide explique que les trois grands monothéismes sont représentés sur ses murs, ses plafonds et ses piliers.
De l’autre côté de la rue, s’élève le splendide hôtel King David, construit en 1931 avec de magnifiques pierres roses extraites à Hébron.
L’hôtel le plus élégant du pays à l’époque – et, selon certains, aujourd’hui encore – comptait 200 chambres avec baignoire, certaines avec l’eau chaude courante.
En 1935, les Britanniques ont loué l’hôtel pour en faire leur quartier général, attaqué à la bombe en 1946.
Il y a de cela quelques mois, la municipalité de Jérusalem a inauguré une nouvelle oeuvre d’art, une fontaine située en bas de la rue King David.
Cette oeuvre toute en courbes, avec des cordes lumineuses faites d’eau, porte le nom de Harpe de David. À l’image de la harpe biblique dont jouait David, cette fontaine a un effet merveilleusement apaisant, dans cette rue très fréquentée.
A deux pas, la restauration de la fontaine située Place de Paris est une autre source de satisfaction, après des années d’abandon.
Sur cette place qui existe depuis 1959, une fontaine avait été offerte par la ville de Paris en 2007. Le maire de Jérusalem, Moshe Lion, a inauguré la fontaine restaurée, le 28 mars dernier.
En plus d’un éclairage soigné, d’arbres et de bancs, la place a été rehaussée de granit italien dont la teinte et la forme se fondent parfaitement dans le design original.
La Place de Paris est l’une des places les plus connues de la ville, qui relie quatre grandes artères : King George, Agron, Ramban et Keren Hayesod (du nom hébreu de l’Appel Unifié pour Israël). Elle se trouve à l’entrée du quartier chic de Rehavia, dans lequel vit l’élite sociale et économique de Jérusalem depuis les années 1920, date de sa fondation.
Les résidents célèbres de Rehavia sont nombreux : le président du Fonds national juif pendant 30 ans, Menachem Ussishkin, la pianiste Talma Yellin et celui qui fut l’unique juge juif de la Cour suprême sous le mandat britannique, Gad Frumkin.
On en oublierait presque les Premiers ministres israéliens, qui occupent la résidence officielle, rue Balfour, depuis Yitzhak Rabin en 1974.
Le bus poursuit sa route en surplomb d’un monastère construit au 10e siècle par des moines originaires de Géorgie, pays situé à l’extrémité orientale de la mer Noire.
Bien que dépourvu d’éclairage propre, le monastère est très visible car situé le long d’une des dizaines de pistes piétonnes et cyclables bien éclairées récemment créées par la ville.
Une fois passé le parc Sacher, cher au cœur des habitants, le bus arrive devant le centre culturel Givat Ram, qui abrite le musée d’Israël.
Jusqu’en 1965, les collections d’art, d’archéologie et d’art judaïque de Jérusalem étaient dispersées dans toute la ville. Étonnamment, lorsque toutes ces collections ont été réunies sous le même toit, il est apparu qu’il n’y avait pas tant de choses à voir.
Pour autant, les fondateurs du Musée d’Israël n’ont pas désespéré, tant ils étaient convaincus que dans un avenir proche, leur musée deviendrait une institution mondialement connue… ce qu’il est effectivement devenu.
À bord de l’autobus, la vue est magnifique sur l’architecture extérieure, très originale, du musée composée d’une série de bâtiments avec des murs extérieurs temporaires. Car une fois ouvert, le Musée d’Israël s’est rapidement développé, et il n’a pas fallu longtemps avant que de nouveaux bâtiments ne s’ajoutent au complexe existant. Aujourd’hui, tous les visiteurs passent un moment dans ce musée exceptionnel.
Sous le dôme blanc du sanctuaire du livre se trouvent les célèbres manuscrits de la mer Morte, ainsi que des informations sur la communauté essénienne qui les a enterrés, son mode de vie et son art consommé de la copie de rouleaux.
La plupart de ces rouleaux sont plus anciens – d’au moins 1 000 ans – que le dernier texte biblique connu, le Codex d’Alep, également exposé.
Le dôme est blanc et le corps du sanctuaire, noir, évocation du rouleau du Second temple de la Fin des Jours : La Guerre des Fils de lumière contre les Fils des Ténèbres.
Pendant les heures de visite, on a la sensation que le dôme est arrosé (comme un jardin) depuis les cieux. Il ne s’agit pas de garder le sanctuaire au frais, mais de symboliser la pureté et la renaissance.
Sur un concept unique, le Musée des Terres de la Bible accueille les visiteurs en face du Musée d’Israël. Et contrairement à ce que beaucoup ont pu penser lors de son ouverture en 1992, les objets exposés proviennent non seulement de Terre Sainte, mais également de pays dont les cultures anciennes ont précédé la nôtre.
Les artefacts qui sont exposés évoquent les peuples qui ont influencé Abraham, ces marchands qui n’ont eu de cesse de parcourir cette minuscule bande de terre qui allait devenir la terre d’Israël, et dont les coutumes et traditions ont fourni la toile de fond à la religion juive, à l’esprit juif et à la patrie juive.
Inauguré en 2008, le Pont à haubans multicolore a longtemps été critiqué pour son coût très élevé, et son style résolument contemporain, peu en phase avec l’idée que se faisaient les habitants de leur ville, à la fois ancienne et sainte.
Avec le temps, à force d’emprunter le pont, dans sa partie piétonnière vitrée, à bord du tramway ou sur la portion routière, ses détracteurs ont fini par s’habituer à son mât de 188 mètres et ses 66 câbles.
La “visite en lumière” passe devant le centre de haute technologie Har Hotzvim, puis dans le quartier haredi de Sanhédriah, qui renferme des grottes funéraires vieilles de près de 2 000 ans. On trouve également un cimetière créé pendant la guerre d’Indépendance, en 1948, lorsque les cimetières juifs traditionnels du mont des Oliviers n’étaient plus accessibles aux Juifs.
Le bus marque également l’arrêt au niveau du complexe russe de Jérusalem, construit en 1860.
Situé derrière ce qui est aujourd’hui l’Hôtel de Ville, le terrain était convoité par les Juifs et les Russes, mais les Turcs, qui régnaient à l’époque, l’ont vendue aux Russes, qui ont immédiatement commencé à y construire une cathédrale, un hôpital et des hébergements pour les milliers de pèlerins russes qui affluaient en Terre Sainte chaque année.
Les lumières de l’hôtel Sergei Palace, magnifiquement restauré, et de la cathédrale de la Trinité, de part et d’autre de l’enceinte, sont absolument magnifiques.
Inaugurée en 1872, la cathédrale a longtemps été ornée de dômes d’un vert rutilant, repeints en gris foncé en 1996. Pendant la guerre froide, ses prêtres étaient considérés comme des agents du KGB.
Le dernier arrêt se fait hors les murs de la Vieille Ville, à proximité du mont des Oliviers.
Des lumières illuminent le tombeau du prophète Zacharie et l’église Marie-Madeleine. Construite par Alexandre III de Russie, cette église est parée de dômes dorés en forme de bulbes. Ces dômes brillants se détachent d’un corps monumental du plus pur style russe, pour se dresser fièrement dans le ciel nocturne.
La visite nocturne est possible jusqu’en décembre. Pour plus d’informations sur la “visite en lumière” ou acheter des billets, consultez le site Internet du projet.
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Aviva Bar-Am est l’auteure de sept guides en anglais sur Israël.
Shmuel Bar-Am est un guide touristique agréé qui propose des visites privées et personnalisées en Israël pour les individuels, les familles et petits groupes.
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