Des milliers d’Israéliens exhortent Netanyahu à ne pas se rendre aux US sans valider l’accord
Alors que certains proches d'otages ont prévu d'accompagner le Premier ministre à l’occasion d'un discours au Congrès, d'autres affirment qu'il persiste à saboter l'accord "trêve contre otages"

Lors des manifestations organisées samedi soir à Tel Aviv pour réclamer un accord de cessez-le-feu et s’opposer au gouvernement de Benjamin Netanyahu, des milliers de personnes ont demandé au Premier ministre de ne pas effectuer le voyage qu’il a prévu de faire aux États-Unis cette semaine avant d’annoncer la finalisation d’un accord.
La Douzième chaîne a rapporté, en revanche, que plusieurs proches d’otages prévoyaient d’accompagner le Premier ministre aux États-Unis.
Parmi les passagers figurent Noa Argamani, qui a été sauvée de Gaza lors d’une opération de l’armée israélienne le mois dernier, et son père Yaakov ; Ditza Or, dont le fils Avinatan est otage ; Bat-Sheva Yahalomi, dont le mari Ohad est détenu, et des membres de la famille Bibas, dont le père de Yarden Bibas.
La Douzième chaîne a indiqué que certains membres de la famille qui prévoyaient de prendre l’avion avec le Premier ministre ont changé d’avis parce qu’aucun accord n’a encore été annoncé, mais sans fournir plus de détails.
Un groupe de familles d’otages a affirmé que Netanyahu sabote l’accord visant à libérer leurs proches et a prévenu qu’il protesterait contre sa visite aux États-Unis cette semaine s’il n’annonçait pas d’accord.
Einav Zangauker, dont le fils Matan est retenu en otage, a déclaré que le Premier ministre a saboté un accord parce « qu’il est plus important pour lui de sauver son siège que de sauver des vies ».

Zangauker a estimé qu’un accord aurait déjà pu être conclu, mais que Netanyahu a retardé les discussions et formulé de nouvelles exigences.
Alon Gat, dont la sœur Carmel Gat est détenue par le Hamas, a déclaré à Ynet qu’il avait décliné l’invitation de Netanyahu à se rendre avec lui à Washington la semaine prochaine, car il craint que le Premier ministre ne mette en danger la vie de sa sœur en retardant intentionnellement la conclusion d’un accord de libération d’otages.
« M. Netanyahu m’a invité à prendre le vol et, au début, j’ai pensé que cela pourrait être utile, que nous pourrions avoir un impact sur les choses », a-t-il déclaré. « J’ai cru que, pendant le vol, il annoncerait qu’il signait l’accord. Mais à mesure que l’échéance approchait, nous nous sommes rendu compte que cela n’allait pas se produire, et que c’était plutôt le contraire qui se produisait : il entrave les progrès et ne prend aucune décision. »
Il a ajouté qu’il pensait que d’autres familles qui devaient prendre l’avion avec la délégation de Netanyahu se joindraient à lui dans sa décision.

« Je ne pouvais pas vivre en sachant que je voyagerai avec lui et qu’à ce moment-là, à Dieu ne plaise, quelque chose serait arrivé à Carmel. Je sais que Netanyahu prend son temps. Je ne sais pas comment il vit avec cela », a-t-il ajouté.
A Tel Aviv, des militants de droite ont lancé des pierres sur les manifestants qui quittaient la manifestation hebdomadaire contre le gouvernement, ce qui a donné lieu à des affrontements entre les deux groupes, a plus tard indiqué La Douzième chaine israélienne.
Dans une vidéo diffusée en ligne, on voit un groupe de jeunes supposément de droite en train de jeter des pierres sur des manifestants tout proches puis d’affronter un groupe de manifestants, dont plusieurs membres arborent des t-shirts de Frères d’armes.
On voit alors des hommes se jeter les uns sur les autres, retenus par certains de leurs camarades, et un homme violemment poussé contre une clôture.
À Jérusalem, des milliers de manifestants se sont rendus sur la Place de Paris pour protester contre le gouvernement de Netanyahu et demander un accord immédiat sur les otages.
Révoltés par le voyage du Premier ministre aux États-Unis et par son discours devant le Congrès prévu la semaine prochaine, les manifestants arboraient une bannière sur laquelle on peut lire : « Pas de vol sans accord ».
Les manifestants se sont arrêtés sur la Place de Paris, à proximité de la résidence officielle de Netanyahu, mais ont continué de chanter avant le début d’un rassemblement commun des familles d’otages et des manifestants anti-gouvernement.
« Seule la fin de la guerre permettra de ramener les otages à la maison », a déclaré Maï Alvini-Peri, le petit-fils de Haïm Peri, enlevé par le Hamas à Nir Oz le 7 octobre et dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne au début du mois de juin.
« La fin de la guerre entraînera également la fin du gouvernement », a-t-il ajouté. « Vous pouvez donc tous comprendre pourquoi cette guerre dure si longtemps et pourquoi il n’y a toujours pas de libération d’otages. »