Des centaines d’auto-entrepreneurs manifestent à Tel Aviv
Des propriétaires de petits commerces et des auto-entrepreneurs qui demandent le soutien économique du gouvernement ont accusé les responsables de négligences face au virus

Des centaines de propriétaires de petits commerces et d’auto-entrepreneurs se sont rassemblés sur la place Rabin à Tel Aviv, jeudi, pour demander un accroissement des aides gouvernementales et un allègement des restrictions qui leur permettrait de reprendre le travail.
Les auto-entrepreneurs ne sont pas éligibles aux allocations chômage. Israël a, jusqu’à présent, accordé aux travailleurs indépendants un versement de 6 000 shekels pour les aider à traverser les difficultés posées par la pandémie et, la semaine dernière, un plan prévoyant une nouvelle allocation à hauteur de 70 % de leur salaire habituel a été voté, prévoyant une indemnité maximale de 10 500 shekels.
Roee Cohen, à la tête de Lahav, la chambre israélienne des organisations et des entreprises indépendantes, a déclaré pendant la manifestation que « pendant la crise du coronavirus, l’Etat a tourné le dos aux travailleurs et aux propriétaires d’entreprises indépendantes. Nous mettons en péril notre santé, ainsi que celle de nos familles, pour la justice et pour notre droit à l’auto-suffisance et à l’indépendance ».
« Nous demandons des compensations pour le temps perdu qu’a entraîné la fermeture de nos entreprises. Un demi-million de familles restent dans l’incertitude et dans une crise existentielle », a dit Cohen, selon Haaretz.
Les manifestants ont scandé les slogans « De l’air pour les chômeurs » et « Justice, revenu, égalité dans les dettes et égalité dans les droits ».
La police s’est efforcée de faire respecter les règles de distanciation sociale sur la place – où des mouvements de protestation avaient déjà précédemment réuni des manifestants qui avaient pris le soin de se tenir à distance les uns des autres.
Avant le rassemblement, la mairie de Tel Aviv avait fait placer des marqueurs visant à définir les espaces à respecter entre les manifestants, sur lesquels était écrit « Préservation de la démocratie, préservation de la santé ».
Les auto-entrepreneurs se plaignent des taxes des autorités fiscales depuis longtemps. Ils estiment que l’État engrange une grande part de leurs revenus mais n’offre aucun des filets de sécurité accordés aux salariés.
La semaine dernière, le cabinet, accusé de ne pas aider les firmes contraintes à fermer leurs portes pour cause de pandémie, a approuvé un plan d’assistance élargi à hauteur de huit milliards de shekels pour les auto-entrepreneurs et les petites entreprises durement frappées par le coronavirus.
Une subvention de 400 000 shekels maximum sera réservée aux petites entreprises et aux ONG en fonction du degré de déclin constaté de leurs activités, a fait savoir le ministère des Finances. Elle sera versée à partir du début du mois de mai par l’Autorité fiscale, a-t-il ajouté, sans préciser les critères d’éligibilité à ce versement.
Avec l’économie qui s’est presque arrêtée, les chiffres du chômage ont grimpé en flèche – atteignant les 1 093 000 chômeurs à la mi-avril, soit 26 % de la population du pays – un chiffre sans précédent. Le chômage s’élevait à 4 % avant le coronavirus.
Le gouvernement a aussi approuvé, au mois de mars, une enveloppe d’aide économique d’une valeur de 80 milliards de shekels – la plus importante de toute l’histoire israélienne – pour stimuler l’économie. Cette enveloppe comprend un fonds de 8 milliards de shekels à destination des petites entreprises, soutenues également par des garanties gouvernementales ; avec des prêts garantis pour les firmes plus importantes, un allègement des taxes foncières pour les entreprises ; des reports de paiement pour la TVA, les taxes municipales et les taxes sur le revenu ; des remboursements fiscaux accélérés et des subventions.
Pour les critiques, cette enveloppe est trop modeste par rapport aux mesures mises en place dans d’autres pays. Et sa mise en œuvre rencontre des difficultés, les banques tardant à prendre en considération des dossiers qu’elles rejettent ensuite, les estimant trop risqués en ce qui concerne les prêts appuyés par le gouvernement.
Jeudi également, des douzaines d’activistes de droite ont manifesté devant la Cour suprême, dénonçant une « dictature judiciaire ». Des contre-manifestants du mouvement « Drapeaux noirs » ont également organisé un mouvement de protestation à proximité.

La Haute cour doit prendre une décision la semaine prochaine sur la capacité du Premier ministre Benjamin Netanyahu à former un gouvernement, ainsi que sur la légalité de l’accord de coalition qui a été signé par Netanyahu et le chef de Kakhol lavan Benny Gantz.
« Est-ce que la présidente de la Cour suprême Esther Hayut a été élue ? », ont demandé les manifestants de droite. « Le peuple est souverain. »
La centaine de protestataires de gauche, qui ont conservé entre eux une distance de deux mètres, conformément aux règles de distanciation sociale, ont dénoncé « les appels à détruire la Cour suprême ».
Ils ont réclamé une protection pour le tribunal et la démocratie face aux « incitations » de la droite.
Le parti du Likud de Netanyahu a pour sa part estimé que le groupe de manifestants des « Drapeaux noirs » était « une réminiscence du fascisme ».
« Les manifestants et harceleurs d’extrême-gauche, qui portent des tee-shirts noirs et poussent des cris de guerre, sont une réminiscence des manifestations fascistes en tout point », a indiqué un porte-parole du Likud.