Des dizaines de Juifs iraniens auraient été interrogés, soupçonnés de liens avec Israël
Une Iranienne a déclaré à un média israélien avoir été témoin de l'arrestation de 10 de ses voisins juifs, précisant que les femmes avaient été libérées mais que les hommes étaient toujours en détention

Les autorités iraniennes ont convoqué au moins 35 membres de la communauté juive pour les interroger sur leurs liens avec Israël à la suite du conflit qui a opposé les deux pays pendant douze jours, a fait savoir samedi une organisation de défense des droits de l’Homme, alors que des informations non-confirmées ont fait état de l’arrestation de plusieurs responsables de la communauté juive soupçonnés d’entretenir des liens avec Israël.
Les autorités iraniennes ont sévèrement réprimé tout individu soupçonné d’avoir des liens avec Israël dans le sillage de la guerre lancée par Israël contre le programme nucléaire de la République islamique, le 13 juin. Depuis lors, plus de 700 personnes ont été arrêtées, a rapporté jeudi l’agence de presse iranienne Fars.
Selon l’Agence de presse des militants des droits de l’homme (HRANA), au moins 35 Juifs de Téhéran et de Shiraz ont été convoqués en vue d’un interrogatoire depuis le 23 juin, soit la veille de l’annonce par les États-Unis d’un accord de cessez-le-feu.
Elle a indiqué que les personnes convoquées ont principalement été interrogées sur leurs proches vivant en Israël et elles ont été sommées de ne pas les contacter – et de ne communiquer avec aucune autre personne vivant à l’étranger – pour le moment.
Un membre de la communauté juive iranienne qui a témoigné sous couvert d’anonymat a déclaré à HRANA que le nombre de personnes de la communauté convoquées était « sans précédent ». Il a dit être inquiet pour « le bien-être psychologique et social » de la communauté.
Samedi également, une Iranienne a déclaré à la chaîne d’information israélienne N12 qu’elle avait été témoin de l’arrestation de dix Juifs iraniens ces derniers jours.

Cette femme, qui s’est uniquement présentée sous le nom de Miriam, a déclaré à la chaîne d’information qu’elle avait vu six Juives et quatre Juifs être arrêtés à 1 h 30 du matin récemment.
Miriam, avec qui la chaîne d’information a déclaré avoir déjà parlé dans le cadre de reportages sur la vie en Iran, a expliqué que des hommes armés « ont sauté par-dessus le mur » dans la cour de son quartier. Ils ont menacé les habitants et il leur ont donné l’ordre de leur remettre leurs téléphones.
« J’avais caché le mien sous le tapis dès que j’ai entendu leurs voix », a-t-elle dit.
« Ils ont emmené dix personnes simplement parce qu’elles étaient Juives… les chargeant comme des moutons dans la voiture », a-t-elle ajouté.
Les six femmes ont depuis été libérées sous caution, a-t-elle précisé.
L’organisation franco-iranienne de défense des droits des femmes Femme Azadi a rapporté que des rabbins et d’autres chefs religieux à Téhéran et à Shiraz ont été accusés d’avoir des liens avec Israël, sans aucune preuve.
De son côté, le site d’information Ynet a rapporté que les autorités iraniennes ont arrêté plusieurs membres d’une même famille, confisquant leurs appareils électroniques.

Il a indiqué que les femmes ont ensuite été libérées, mais que les hommes, dont l’un serait un rabbin, sont toujours en détention.
Rani Amrani, de la station de radio israélienne Ran Radio, a déclaré samedi que la communauté juive iranienne avait récemment organisé un rassemblement, auquel ont participé des rabbins et de nombreux Juifs iraniens servant dans l’armée iranienne, afin de « dissiper tout soupçon d’espionnage ou, Dieu nous en préserve, tout soupçon de trahison ».
Il est difficile de dire si l’événement évoqué a été le même que celui qui avait été annoncé par l’agence de presse semi-officielle iranienne Mehr, qui avait diffusé jeudi des photos de la communauté juive de Téhéran réunie à la synagogue Abrishami pour un rassemblement en soutien au guide suprême iranien Ali Khamenei et à l’armée iranienne après la guerre avec Israël.
Entre 8 000 et 10 000 Juifs vivent en Iran, selon les estimations, ce qui signifie que la république islamique possède la deuxième plus grande population juive de tous les pays du Moyen-Orient, après Israël.
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Au total, depuis le début de la guerre le 13 juin, le régime iranien a arrêté plus de 700 personnes soupçonnées d’entretenir des liens avec Israël, et au moins trois personnes ont été exécutées après avoir été reconnues coupables de collaboration avec l’État juif.
Téhéran annonce régulièrement l’arrestation et l’exécution d’individus soupçonnés de travailler pour des services de renseignement étrangers, notamment israéliens, le pays qu’il menace régulièrement de destruction.
L’Iran est le deuxième pays au monde en termes d’exécutions, après la Chine, selon des organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International.
Après qu’Israël a attaqué l’Iran, en date du 13 juin, afin de déjouer ce que Jérusalem considérait comme des menaces existentielles à son existence en lien avec le programmes nucléaire et balistique iraniens, Téhéran a promis des procès rapides pour les personnes arrêtées pour collaboration.
Au cours de cette guerre de douze jours, qui semble avoir pris fin mardi avec un cessez-le-feu négocié par les États-Unis, Israël a lancé des frappes aériennes visant les principaux responsables militaires du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), des scientifiques spécialistes du nucléaire, des sites d’enrichissement de l’uranium et le programme de missiles balistiques. Les États-Unis ont également frappé des installations nucléaires iraniennes clés à Natanz, Fordo et Ispahan.
L’Iran a riposté aux attaques israéliennes en lançant plus de 550 missiles balistiques et environ un millier de drones en direction d’Israël. Selon les autorités de la Santé, les attaques iraniennes ont fait 28 morts et des milliers de blessés en Israël. Les missiles ont touché des immeubles d’habitation, une université et un hôpital, causant d’importants dégâts. L’Iran a également tiré sur une base américaine au Qatar après les frappes américaines.