Israël en guerre - Jour 342

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Des Israéliens se sentent chez eux sur une île brésilienne lointaine

Alors que l'été s'installe dans l'hémisphère sud, les habitants de Bahia s'attendent à une nouvelle vague massive de quelque 5 000 touristes israéliens

  • Un couple israélien à Second Beach à Morro de Sao Paulo, Brésil. (Renato Santana/ CORREIO/ via JTA)
    Un couple israélien à Second Beach à Morro de Sao Paulo, Brésil. (Renato Santana/ CORREIO/ via JTA)
  • Les panneaux à la réception de l'hôtel Sampa no Morro sont en hébreu. (Marcus Gilban/JTA)
    Les panneaux à la réception de l'hôtel Sampa no Morro sont en hébreu. (Marcus Gilban/JTA)
  • La famille Santos pose à l'endroit où l'on peut lire sur la photo : "J'étais aussi avec Marcos et sa famille", à l'hôtel Sampa no Morro. (Marcus Gilban/JTA)
    La famille Santos pose à l'endroit où l'on peut lire sur la photo : "J'étais aussi avec Marcos et sa famille", à l'hôtel Sampa no Morro. (Marcus Gilban/JTA)

MORRO DE SAO PAULO, Brésil (JTA) – L’été approche à grands pas et les plages époustouflantes de la côte nord-est du Brésil seront bientôt remplies de touristes du monde entier. Beaucoup d’entre eux seront des sababas.

Dérivé d’un mot d’argot israélien qui signifie à peu près « cool », sababas est le surnom donné par les habitants de ce village pittoresque et sans voiture aux randonneurs israéliens.

« Il y a une invasion d’Israéliens pendant l’été », explique Miguel Kertzman, président de la fédération juive de l’État brésilien de Bahia.

Kertzman estime qu’environ 5 000 touristes israéliens débarqueront à Salvador, la capitale de Bahia, entre décembre et les vacances du carnaval, fin février.

« La grande majorité d’entre eux sont des jeunes qui viennent de terminer leur service militaire et qui ont besoin de se reposer et de se détendre », dit M. Kertzman. « Il n’y a pas de meilleur endroit que Morro. »

Fondé en 1535, Morro de Sao Paulo – ou colline de Saint-Paul – est l’un des cinq villages de Tinhare, l’une des 26 îles d’un archipel situé au large de la côte atlantique brésilienne. Ce village de pêcheurs autrefois endormi a d’abord attiré les hippies et les routards dans les années 70 et est devenu une destination à la mode dans les années 80, mais la population de Morro est inférieure à 4 000 personnes.

Pourtant, plus d’une dizaine d’établissements le long de la rue principale du village affichent des panneaux en hébreu, dont une auberge, un restaurant, une agence de tourisme et une pizzeria. Les habitants arborent des tatouages en hébreu, les enfants du coin portent des noms israéliens et les drapeaux portent le mot hébreu pour « messie ». Pendant l’été, les clubs du bord de mer sont occupés toute la nuit.

Les panneaux à la réception de l’hôtel Sampa no Morro sont en hébreu. (Marcus Gilban/JTA)

« Pendant 22 ans, on m’a toujours dit ce qu’il fallait faire et ne pas faire. Nous allons directement de l’école à l’armée », explique Boaz Cohen, un routard. « Désormais, plus personne ne me dit ce que je dois faire. Si je veux faire la fête, je le ferai. J’aime me sentir libre. Je sais que j’aurai besoin d’aller à l’université et de m’occuper de l’avenir, mais pendant cette période de voyage, je n’ai aucune pression. »

Ortal Shani, 23 ans, pense que de nombreuses personnes viennent parce qu’il n’y a pas beaucoup de règles.

« Les gens dansent dans la rue, s’amusent, se sentent libres, boivent, fument. C’est une vie sans souci. C’est le paradis », commente-t-il.

Même le voyage qui dure 24 heures ne semble pas empêcher les Israéliens de se rendre dans ce paradis brésilien. De Tel Aviv, il faut compter 15 heures de vol pour Sao Paulo, suivies d’un vol de 2 heures 30 pour Salvador, la capitale de Bahia, puis de trois heures de bateau pour Morro.

Les Israéliens sont le deuxième groupe le plus important par nationalité (après les Argentins, qui ont un voyage beaucoup plus court), selon la municipalité de Cairu, qui comprend Morro de Sao Paulo.

Morro est de loin la destination la plus recherchée par les Israéliens qui réservent des séjours par l’intermédiaire de Tisot Drom America, une agence de tourisme dirigée par Mauricio Laukenikas, 44 ans, originaire de Rio et membre de la communauté juive de Salvador.

« Nous sommes prêts pour un autre été avec des milliers d’Israéliens. Leur nombre augmente chaque année », indique M. Laukenikas à JTA. « Morro abrite une nature luxuriante, beaucoup de fêtes. C’est devenu un point de rencontre pour les Israéliens, qui peuvent parler leur langue et être bien aidés par le centre Habad. »

Le rabbin Mendy Gerenstadt, (à droite), montre un panneau indiquant le centre Habad en hébreu sur la promenade le long de la plage à Morro de Sao Paulo. (Avec l’aimable autorisation de Beit Habad/via JTA)

Le centre local du mouvement hassidique Habad-Loubavitch a été ouvert il y a deux ans et est déjà devenu un lieu de rencontre pour les Israéliens à Morro. Il est dirigé par le rabbin Mendy Gerenstadt, 24 ans, né en Israël et arrivé au Brésil à l’âge de 3 mois, après que ses parents ont été envoyés comme émissaires au centre Habad à Sao Paulo.

« Les gens passent trois ou quatre semaines ici, et il n’y avait rien de juif dans le passé », confie Mendy Gerenstadt. « Nous organisons des prières et des cours, mais nous fournissons aussi une assistance sanitaire et une aide en cas d’urgence. Je me suis demandé quel était l’endroit qui avait le plus besoin d’aide, alors me voilà. »

Pendant la saison du carnaval, Gerenstadt fera venir à Morro quelque 90 kg de viande casher en provenance de la communauté juive de Belem, à plus de 1 000 km de là.

« Notre maison est un lieu où les Israéliens peuvent être en contact avec Israël et le judaïsme », explique-t-il.

En 2012, une vidéo sur YouTube a contribué à rendre Morro encore plus populaire auprès des Israéliens. Un rabbin brésilien avec une émission de télévision sur Internet a interviewé un jeune Afro-brésilien local, qui a incroyablement bien répondu en hébreu courant, y compris le « r » guttural israélien difficile à prononcer et plusieurs expressions argotiques.

« Les Israéliens sont mes amis, ils sont un cadeau de Dieu pour moi », y expliquait Marcos dos Santos, qui a été filmé avec son fils Assaf, un prénom courant en Israël.

La famille Santos pose à l’endroit où l’on peut lire sur la photo : « J’étais aussi avec Marcos et sa famille », à l’hôtel Sampa no Morro. (Marcus Gilban/JTA)

La passion de Marcos dos Santos pour les Israéliens a commencé par hasard. Élevé dans une famille pauvre à la campagne, il a déménagé à Morro il y a 15 ans, à la recherche d’un emploi. Il a été embauché dans un hôtel local, où il a rencontré un Israélien qui a été impressionné par la façon dont il traitait la clientèle et lui a proposé de lui apprendre l’hébreu.

« Il m’a dit que parce que les Israéliens passent plusieurs mois loin de leur famille, ils ont besoin d’une attention particulière », relate le Brésilien. « Pour lui, j’étais le meilleur. »

Aujourd’hui, il possède son propre petit hôtel, Sampa no Morro. La réception comporte plusieurs panneaux en hébreu, un drapeau israélien et deux menorahs offerts en cadeau par les invités. Un message peint en hébreu – « J’étais à Morro avec Marcos et sa famille » – est devenu une toile de fond populaire pour les selfies.

« Tout ce que j’ai aujourd’hui, je le dois aux Israéliens », confie ce chrétien évangélique de 33 ans à la Jewish Telegraphic Agency. « Je ne peux pas vivre sans hébreu. Je rêve même en hébreu. En hiver, quand il n’y a pas beaucoup d’Israéliens ici, je passe la journée à parler à mes amis israéliens sur WhatsApp. »

Tout ce que j’ai aujourd’hui, je le dois aux Israéliens

En 2017, la première saison de la série humoristique « Magic Malabi Express », diffusée sur la Dixième chaîne de télévision israélienne, a donné un second souffle à la popularité de Morro auprès des Israéliens. La série est une adaptation d’un livre autobiographique de Miki Geva, acteur et comédien israélien qui a visité l’île après son service militaire. La première saison a été tournée à Morro.

Selon Yasmin Tiker, une Israélienne de 24 ans qui loue des appartements à une clientèle composée à 80 % d’Israéliens, cette série a été un tournant décisif. Née d’une mère brésilienne qui a immigré en Israël, elle parle un portugais impeccable.

« Les Israéliens recommandent souvent des endroits qu’ils aiment, publient sur Internet, laissent des témoignages. Ils disent clairement ce qu’ils aiment et comptent beaucoup sur les conseils de leurs compatriotes », explique-t-elle.

« Il y a un lien entre les Israéliens, ce que je n’ai vu dans aucune autre nationalité. Il y a une grande solidarité entre eux, qu’ils se connaissent ou non. Si un Israélien a un problème, il ne se sentira jamais seul ici. »

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