Des Macédoniens dénoncent un scandale de corruption impliquant Israël
Les manifestations font suite à près de deux ans d'impasse politique au sujet d'un scandale de corruption qui menace la fragile démocratie
Quelque 30 000 manifestants ont manifesté en Macédoine dans le cadre d’un scandale faisant état de pots de vin et d’écoute électronique présumés et impliquant des Israéliens et qui menace la démocratie fragile du pays des Balkans.
Les manifestations du 12 mai à Skopje, la capitale de la république enclavée de 2 millions d’habitants, au nord de la Grèce, ont été organisées par les partis représentant les Albanais de souche en Macédoine, a rapporté le World Bulletin.
Ces faits se déroulent au milieu d’une vague de mécontentement populaire surnommée « la révolution de couleur », qui a commencé l’année dernière du fait de rapports d’écoutes téléphoniques illégales et de la publication d’un enregistrement audio considéré comme une preuve de la corruption.
Le principal parti d’opposition de Macédoine a publié l’enregistrement l’an dernier, disant qu’il comprenait la voix de Haim Hakeyny, un ancien haut fonctionnaire de l’establishment de la défense israélienne, Svetlana Kostova, alors ministre macédonienne de l’Intérieur, et Saso Mijalkov – ancien directeur de l’Administration pour la sécurité et le contre-espionnage (ou UBK) de Macédoine.
Mijalkov a démissionné quelques semaines après la révélation de cet enregistrement alors que la Macédoine plongeait dans la tourmente en raison de ces accusations.
Mijalkov et le Premier ministre d’alors, Nikola Gruevski, auraient en effet mis sur écoute plus de 20 000 personnes, y compris leurs rivaux et des journalistes, sans autorisation.
Ils ont démissionné respectivement en mai 2015 et janvier 2016 du fait de ce scandale. Cela a déclenché une enquête spéciale impliquant des dizaines de suspects.
Une nouvelle élection a été fixée pour le mois prochain, mais les partis d’opposition qui ont organisé la manifestation du 12 mai et le principal parti d’opposition ont déclaré qu’ils ne participeraient pas, citant la décision du président du mois dernier de pardonner les suspects. Ensemble, ils représentent 64 des 123 sièges du Parlement, soulevant des inquiétudes sur la validité du scrutin prévu pour le mois prochain.
Dans l’un des enregistrements, un homme identifié comme étant Haim et un autre homme nommé Alon peuvent être entendus, parlant de Mijalkov à une femme identifiée comme étant Kostova par le parti d’opposition qui a publié les enregistrements : l’Union sociale-démocrate de Macédoine. Le parti d’opposition a déclaré que les enregistrements avaient été effectués il y a deux ans.
« S’il nous donne le feu vert pour envoyer tout l’argent, alors ça va bouger », dit Haim, ajoutant qu’il croit que « Alex a parlé avec l’entreprise parce qu’il est un peu incertain, il est très stressé ». Saso, le prénom de Mijalkov, est un diminutif d’Alexandre.
Dans d’autres enregistrements de discussions entre Mijalkov et Kostova, ils évoquent un compte bancaire privé et un dépôt attendu de plusieurs millions de dollars, selon un rapport du mois dernier dans le quotidien israélien Maariv.
L’agence d’informations macédonienne Netpres a rapporté que la somme était de 6,2 millions de dollars, assignés pour un transfert depuis Israël dans le cadre de l’équipement d’une « unité spéciale de la police ».
Selon le journal économique israélien The Marker, l’équipement pourrait avoir été utilisé pour les écoutes électroniques.
Mijalkov a déclaré aux médias macédoniens que l’argent était une subvention du gouvernement israélien pour les actions anti-terroristes.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a refusé de commenter l’affaire, a rapporté Maariv. Hakeyny a nié toute implication dans des pots de vin, mais a refusé d’élaborer, selon Maariv.