Des membres du kibboutz Reïm quittent Tel Aviv et rentrent chez eux dans un sud « plus sûr »
Les survivants du pogrom font face à un nouveau traumatisme, car les succès remportés dans la guerre contre l'Iran les amènent à se demander où se trouvait l'armée le 7 octobre 2023

Dans un revirement de situation imprévu, de nombreux habitants du kibboutz Reïm, évacués après que leur communauté a été dévastée lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, sont à nouveau en fuite, cette fois-ci pour rentrer chez eux.
Au cours des derniers jours, alors que les missiles balistiques iraniens continuaient de bombarder sans discernement le nord et le centre d’Israël, densément peuplés, un grand nombre de membres du kibboutz ont quitté leur logement temporaire dans deux tours situées au sud de Tel Aviv pour rentrer chez eux, a déclaré dimanche le secrétaire du kibboutz.
« La majeure partie de la communauté se trouve à Reïm en ce moment », a déclaré Zohar Mizrahi au Times of Israel, ajoutant : « On ignore s’ils resteront là-bas, ou s’ils retourneront à Tel Aviv. »
Une porte-parole du kibboutz Kerem Shalom a déclaré que quelques familles évacuées étaient également rentrées chez elles. Mais d’autres kibboutzim ont déclaré que personne n’était revenu depuis le début des représailles iraniennes, suite au lancement par Israël, le 13 juin, de l’Opération « Rising Lion ».
Reïm est la première des huit communautés frontalières que l’État espère voir réinvesties cet été par leurs membres et résidents, les bâtiments endommagés lors de l’assaut sanglant et barbare mené par le Hamas ayant été réparés.
Jusqu’à vendredi, jour où Israël a attaqué des cibles nucléaires et militaires iraniennes, entraînant une riposte de la République islamique avec des tirs de missiles balistiques sur l’État juif, environ 200 des 428 habitants de Reïm étaient revenus au kibboutz. 170 vivaient encore dans les tours de Tel Aviv ou ailleurs dans le pays, selon Mizrahi.

Depuis qu’Israël a lancé vendredi son offensive contre les capacités nucléaires de l’Iran et d’autres cibles essentielles au régime islamique, les dégâts causés par les tirs de roquettes iraniens en représailles se sont principalement concentrés dans le centre et le nord du pays. Selon les autorités israéliennes, 24 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées à ce jour.
Le retour dans les mamadim – les abris anti-atomique – pour de longues périodes et l’attente que les missiles iraniens pénètrent dans l’espace aérien israélien suscitent des sentiments mitigés chez beaucoup de ceux qui se trouvaient chez eux dans la zone frontalière de Gaza lorsque les terroristes armés du Hamas ont envahi leurs communautés et se sont livrés à une vague de meurtres, tuant plus de 1 200 personnes et emportant de force 251 otages dans la bande de Gaza.
Dans de nombreuses maisons, ces pièces renforcées se sont transformées en pièges mortels lorsque les terroristes armés ont enfoncé les portes en acier et assassiné ceux qui s’y cachaient.
Ilanit Swissa, habitante du kibboutz Kfar Aza, l’une des communautés les plus durement touchées le 7 octobre, a eu la chance d’échapper au massacre qui a coûté la vie à dix de ses plus proches voisins. Pour des raisons inconnues, les terroristes qui ont envahi les lieux ont épargné la maison où elle se cachait avec son compagnon, sa fille et sa mère.
Comme beaucoup d’habitants de Kfar Aza, Swissa, dramaturge, metteuse en scène de théâtre et de cinéma, et productrice, réside dans un logement temporaire au kibboutz Shefayim, dans le centre d’Israël.
Elle a expliqué avoir longuement réfléchi avant de prendre la route vers le sud.
« C’est absurde », a-t-elle déclaré. « Mais je n’ai pas l’énergie nécessaire pour refaire nos valises après avoir réussi à instaurer une certaine routine dans notre caravilla [maison préfabriquée] à Shefayim. »
Swissa a précisé que sa famille habitait dans une maison temporaire équipée d’un mamad, mais que de nombreux autres évacués de Kfar Aza vivant à Shefayim n’avaient pas cette chance et devaient se rendre dans des abris anti-bombes mobiles à l’extérieur ou se réfugier dans des miklatim – abris anti-atomiques – collectifs.

« C’est très compliqué », a-t-elle déclaré.
« J’espère que cette [confrontation avec l’Iran] mettra un terme au chapitre du 7 octobre. J’espère que le monde changera, que les otages rentreront chez eux et que nous parviendrons à mettre fin à toute cette folie qui nous frappe depuis le 7 octobre. Je me demande comment le Hamas a osé faire cela. Soit ils réussiront et ce sera la fin d’Israël, soit un nouveau Moyen-Orient verra le jour. [La guerre contre l’Iran] nécessite du temps, de la patience et de la foi. Tous ceux qui ont la foi, quelle qu’elle soit, doivent la mobiliser », a-t-elle ajouté.
Batia Holin, également originaire de Kfar Aza, vit avec son époux Nachum dans un logement provisoire au moshav Kfar Monash, dans le centre d’Israël, près de sa fille Rotem, qui loue un appartement au moshav Tzur Moshe. Le 7 octobre, Rotem et ses deux jeunes enfants ont passé quatre heures traumatisantes avec des terroristes dans leur mamad à Kfar Aza. Son mari, victime d’un accident de voiture, se trouvait à l’hôpital. Lorsque les six terroristes, qui les retenaient en otage, leur ont ordonné de les suivre jusqu’à leur voiture, Rotem a refusé et les terroristes sont miraculeusement partis. La famille est l’une des deux seules du quartier à avoir survécu aux massacres du Hamas.
Il y a deux mois, après un nouveau report de la date d’emménagement dans leur logement temporaire au kibboutz Ruhama, dans le sud d’Israël, Batia et son époux ont quitté leur petit appartement provisoire du kibboutz Shefayim pour une agréable maison avec jardin à Kfar Monash, qui leur rappelait leur foyer. Mais celle-ci ne dispose pas de pièce sécurisée.

« Nos voisins d’en face ont un mamad et nous ont invités à les rejoindre », a raconté Holin au Times of Israel dimanche.
« Mais ce n’est pas très confortable de se lever à 3 heures du matin. Hier soir, nous ne sommes même pas sortis du lit. »
« Nous pensions que personne ne saurait où se trouvait Kfar Monash et que tout irait bien », a-t-elle plaisanté.
« Nous n’avons pas d’autre choix. »
« Notre fille n’a pas de pièce protégée », a poursuivi Holin.
« Ce sont de vieux bâtiments. Lors de la première nuit des attaques de missiles, ils se sont réfugiés dans un espace censé être protégé dans le moshav, mais qui ne l’était pas vraiment. La deuxième nuit, ils ont dormi avec leur famille à Kfar Hess [un moshav voisin]. Mais ces conditions sont inacceptables. »
Holin a déclaré que la guerre avec l’Iran lui rappelait la guerre du Golfe, qui avait débuté en 1990 lorsque le défunt dirigeant irakien Saddam Hussein avait envahi le Koweït, avant de tirer des missiles sur Israël au début de l’année suivante.
« Les guerres auxquelles je suis habituée sont beaucoup plus proches », a-t-elle déclaré.

« Ce sont des guerres [contre le Hamas] où les missiles tombent avant qu’il y ait le temps de donner l’alerte. Depuis près de deux ans maintenant, je vis dans une situation de guerre qui n’en finit pas. Quelle vie est-ce donc ? »
« Les gens parlent de l’extraordinaire efficacité de notre armée et de nos services de renseignement en Iran », a fait remarquer Holin.
« Je me demande où ils étaient le 7 octobre. Pourquoi tant de personnes sont-elles mortes ? Comment se fait-il qu’ils aillent jusqu’à Téhéran mais soient incapables de ramener 53 otages de Gaza ? S’ils pensent pouvoir tuer le chef des Houthis [groupe terroriste yéménite], ils ne peuvent pas faire 100 mètres depuis ma maison pour ramener les otages ? Il s’agit manifestement d’une question de priorités. »
Deux otages originaires de Kfar Aza sont toujours retenus captifs, les jumeaux Gali et Ziv Berman, qui seraient tous deux en vie.

Danny Rahamim, un kibboutznik de longue date du kibboutz Nahal Oz, situé à la frontière avec Gaza, qui vit actuellement avec son épouse Siobhan et une partie de sa communauté dans la ville de Netivot, située au sud du pays, a confié que rester assis dans le mamad lui donnait une impression de « déjà-vu ».
« C’est très difficile », a-t-il poursuivi, soulignant que la question des otages avait disparu de l’agenda public depuis vendredi. Deux otages enlevés à Nahal Oz sont toujours retenus à Gaza : Omri Miran, qui serait toujours en vie, et le corps d’un stagiaire agricole tanzanien, Joshua Mollel, assassiné pendant sa captivité.
« À la télévision, on ne parle plus des otages. Ça nous rend fous », a déploré Rahamim.
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