Des pointes de flèches de l’ère des Maccabées découvertes dans la Tour de David
Une soixantaine de pointes de flèches en bronze et fer dormaient depuis des dizaines d’années dans une boîte

Le musée de la Tour de David à Jérusalem a récemment révélé l’existence de dizaines de pointes de flèches en bronze et fer datant de l’époque des Maccabées.
Ces artefacts, étonnamment bien conservés, n’ont pas été découverts sous des mètres de terre par des archéologues chevronnés, mais dans une boîte en carton pleine de poussière, derrière un vieux climatiseur, dans l’une des tours de garde de la Tour de David, qui fait l’objet d’une rénovation de grande ampleur.
« J’étais avec l’un des conservateurs et je ne pouvais pas en croire mes yeux », se rappelle Eilat Lieber, directrice du musée de la Tour de David, à propos de la découverte des cinq boîtes derrière un climatiseur rouillé.
« J’ai tout de suite pris mon portable pour appeler Renee Sivan », l’un des plus grands archéologues, qui a fouillé la Tour de David dans les années 1980, explique Lieber au Times of Israel ce mardi.
Sivan pense que les archéologues les ont, à l’époque des fouilles, mises de côté avec l’idée de publier un article sur les marques complexes – les lettres grecques epsilon et beta – de certaines pointes de flèches en bronze, avant de les oublier et de les abandonner à leur sort pendant des dizaines d’années.
La Tour de David se dresse, telle une sentinelle à l’entrée de la porte de Jaffa, dans la Vieille Ville, méli-mélo de cultures conquérantes avec ses murs de pierre datant de la période du Premier Temple, des Ottomans, d’Hérode ou des Hasmonéens, avec une pincée d’influences musulmanes, Croisées et mameloukes dans la cour. L’importance géographique du lieu en fait un passage obligé pour tout conquérant de passage.
« Si vous vouliez gouverner la ville, il fallait être ici pour protéger la ville », explique Lieber.

Il n’est donc pas surprenant que les pointes de flèches ne soient qu’une partie des innombrables débris de guerre qui jonchaient le sol, à proximité des anciens murs hasmonéens de la Tour de David. On y a trouvé des balles pour fronde ornées d’icônes d’arcs de foudre ailés et une centaine de balistes, boules de pierre soigneusement sculptées qui étaient jetées depuis les murs comme des missiles à fragmentation.
Au sein de l’équipe entièrement féminine d’archéologues de la Tour de David, Reut Kozak explique que le grand nombre d’artefacts avait impressionné archéologues et chercheurs.
« Cela témoigne de l’importance des sièges qui ont eu lieu, ici à Jérusalem. Le combat était tout sauf facile : la bataille était intense », ajoute-t-elle. Certaines armes datent de 132 ou 133 de notre ère, pendant la révolte de Bar Kochba.
La découverte de ces pointes de flèches tombe à point nommé pour la Tour de David, qui procède à la rénovation de son musée et a parfois du mal à retrouver la trace des artefacts issus des premières fouilles, remis à l’Autorité des antiquités d’Israël comme l’exige la loi israélienne. Dans les années qui ont suivi, de nombreux artefacts ont été prêtés de manière permanente à des musées d’Israël.

Une histoire ancienne et un hologramme des années 80
Lorsqu’il ouvre ses portes, en 1989, le musée de la Tour de David est un musée ultramoderne et révolutionnaire.
« Lorsque le musée a ouvert ses portes au public en 1989, le concept était très novateur. C’était la fin des années 80, et les gens étaient fous de graphisme et des écrans », rappelle Lieber. À l’époque, l’utilisation d’écrans pour raconter l’histoire des lieux était révolutionnaire pour un musée, confie-t-elle. Le musée présentait des courts métrages, des graphiques animés et même un hologramme mais, de façon assez peu logique, aucun artefact original.
« Ces dix dernières années, les écrans et la technologie se sont imposés partout, et les originaux sont devenus rares », poursuit Lieber.
« Aujourd’hui, le public est en quête d’authenticité, de preuves originales, surtout pour ce qui est des médias, de ce qui est vrai et de ce qui est faux. »

« Il était clair pour nous, et surtout pour moi en tant que conservatrice, que nous aurions besoin des originaux et de leur puissance symbolique pour bâtir notre nouveau concept, dans une conversation directe avec le passé », ajoute Lieber.
Elle est bien consciente de la beauté architecturale des lieux, mais elle sait aussi qu’elle peut être intimidante, alors que le lien avec de petits artefacts est plus facile à nouer pour les visiteurs, qui peuvent les relier à leur existence actuelle.
Un nouveau musée pour une histoire ancienne
La rénovation de la Tour de David, en projet depuis une dizaine d’années, devait commencer en mars 2020. En janvier 2020, les dirigeants du site réfléchissent à la manière de mener à bien un rénovation de grande ampleur tout en accueillant un demi-million de visiteurs par an.
Lorsque la pandémie suspend temporairement tout mouvement touristique, le musée en profite pour commencer des travaux qu’elle devrait terminer sous peu, bien plus tôt que prévu.
Le nouveau musée devrait ouvrir ses portes au printemps prochain, avec dans ses collections des centaines d’artefacts découverts sur place. Il y aura également des animations multimédia pour expliquer l’histoire du lieu. Au risque de décevoir les nostalgiques des années 80, il n’y aura cette fois pas d’hologramme.

La Tour de David organise des visites en anglais pendant Hanoukka pour relier l’histoire de la fête aux murs de pierre que les visiteurs peuvent voir et toucher, pour donner vie à la révolte des Maccabées contre les Grecs et la reprise de Jérusalem, avec l’huile miracle qui a brûlé durant huit jours.
Le site renferme des sites de fouilles extrêmement bien conservés de la vie quotidienne hasmonéenne à l’époque des Maccabées. On y trouve notamment des maisons privées, situées près des murs d’origine de la ville de Jérusalem.
La sculpture traditionnelle en pierre hasmonéenne, plus grossièrement taillée que les pierres hérodiennes lisses, constitue l’essentiel des murs d’origine de la ville.
« Ces pointes de flèches font partie de l’histoire que nous racontons aux visiteurs, et particulièrement en ce moment, pour Hanoukka », explique Leiber.
« Avec ce genre de preuves, l’histoire prend une toute autre dimension. Voir de ses yeux les preuves de l’histoire telle qu’elle s’est écrite est incomparable. »