Des pourparlers de paix enlisés
En échange de la poursuite des négociations de paix, Abbas expose ses multiples "conditions"
Israël a rejeté mardi les demandes de Mahmoud Abbas pour une prolongation des négociations de paix, complètement enlisés à une semaine de l’échéance de la période de neuf mois impartie pour parvenir à un accord.
« Celui qui présente de telles conditions ne veut pas la paix », a affirmé à l’AFP un haut responsable gouvernemental israélien qui a requis l’anonymat.
Lors d’une rencontre mardi à Ramallah (Cisjordanie) avec des journalistes israéliens, le président Abbas a répété qu’il était disposé à prolonger les pourparlers au-delà de la date butoir du 29 avril, comme le souhaite Israël, mais à condition que le gouvernement de Benjamin Netanyahu gèle la colonisation et accepte de discuter de la délimitation des frontières du futur Etat palestinien.
« Pendant cette période, il faut un gel complet de la colonisation » israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem Est, a déclaré M. Abbas.
« Il faut déterminer les frontières entre l’Etat d’Israël et l’Etat de Palestine durant les un, deux ou trois mois » supplémentaires de négociations, a affirmé le président palestinien.
Les Palestiniens veulent un Etat sur les lignes d’avant la guerre des Six Jours en juin 1967.
Abbas réclame aussi la libération du dernier groupe de prisonniers palestiniens qu’Israël s’était engagé à relâcher fin mars dans le cadre des pourparlers de paix.
« Il n’y aura pas de gel (de la construction) à Jérusalem », a répondu le haut responsable israélien, ajoutant, à propos du tracé des frontières, qu’Israël « n’a jamais accepté que ce sujet soit abordé séparément » des autres contentieux.
« Il est impossible de déterminer les frontières avant un accord sur les autres dossiers restants », a-t-il souligné.
Enfin, évoquant la question des prisonniers, le responsable israélien a réaffirmé que l’Etat hébreu avait l’intention d’expulser certains de ces détenus vers la bande de Gaza ou à l’étranger, ce que refusent les Palestiniens. « Cela a été clairement expliqué aux Palestiniens. A aucun moment Israël ne s’est engagé à ne pas procéder à des expulsions », a-t-il assuré.
Le démantèlement de l’AP
Ces pourparlers sont complètement enlisés même si une énième entrevue a réuni négociateurs israéliens et palestiniens mardi à Jérusalem en présence du médiateur américain Martin Indyk. Comme lors des précédentes rencontres, aucun progrès n’a été enregistré, selon les médias israéliens.
Des dirigeants de l’Autorité palestinienne ont brandi la menace de dissoudre cette entité gouvernementale afin de faire porter à Israël la responsabilité de la gestion de leur territoire en tant que puissance occupante.
Le département d’Etat américain, qui supervise le processus de paix, a aussitôt mis en garde contre « ce type de mesure extrême », avertissant qu’elle aurait « de graves conséquences » sur l’aide financière américaine aux Palestiniens.
L’Autorité a été créée à la suite des Accords d’Oslo (1993) pour administrer les zones autonomes des Territoires.
Les Palestiniens ont cependant minimisé mardi leur menace de dissoudre l’Autorité.
« Aucun Palestinien ne parle de démanteler l’Autorité palestinienne », a déclaré à l’AFP le négociateur en chef Saeb Erekat, démentant que les Palestiniens aient pour le moment l’intention de « rendre les clés » à Israël de l’administration des Territoires.