Des Syriens inquiets après la tentative russe de réduire l’aide humanitaire
Selon Amnesty, cette aide humanitaire est "vitale" : "Pour des millions de Syriens, c'est la différence entre avoir de la nourriture et mourir de faim", explique une responsable
Des déplacés syriens dépendants de l’assistance humanitaire étaient inquiets jeudi après que la Russie, alliée du régime, a tenté de réduire l’aide internationale en provenance de Turquie et destinée à plus de deux millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie en guerre.
La motion russe a été rejetée par le Conseil de sécurité de l’ONU, mais l’autorisation pour la livraison d’aide via la frontière turque expire vendredi.
Quelque 2,8 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie, notamment dans le dernier grand bastion rebelle d’Idleb, selon les Nations unies.
Dans un camp de déplacés d’Idleb, Abu Salem, père de quatre enfants, affirme qu’il est impensable, pour beaucoup de réfugiés qui ont perdu leur maison après neuf ans de guerre, de vivre sans cette aide.
« Pourquoi l’interrompraient-ils », interroge cet homme de 48 ans, dans une tente près de la ville de Maaret Misrin, dans la province d’Idleb.
« Il y a des gens dans le besoin. Ils ont quitté leurs maisons (…) pour venir vivre dans une tente en plastique sans même un ventilateur. »
L’aide est jusqu’à présent acheminée via deux points de passage à la frontière turque. Celui de Bab al-Salam qui mène vers la région d’Alep, et Bab al-Hawa, qui dessert la région d’Idleb.
La Russie et la Chine ont mis leur véto jeudi à une extension d’un an des livraisons d’aide.
À la place, Moscou a tenté de supprimer les livraisons via le premier point de passage et de limiter à six mois celles par le second, mais cette proposition a été rejetée mercredi.
Ibrahim Husrum, 24 ans, a déclaré qu’il n’était pas surpris par le dernier veto de la Russie après des années de soutien de l’aviation de guerre russe au régime de Damas contre les rebelles et les jihadistes, y compris à Idleb.
« Les Russes nous ont déplacés de nos maisons, nous ont bombardés et nous ont tués », a ajouté ce père de deux jeunes garçons. « Maintenant, ils sont passés à l’aide que nous recevons. »
Pour Sherine Tadros, d’Amnesty International, cette aide humanitaire est « vitale ».
« Pour des millions de Syriens, c’est la différence entre avoir de la nourriture à manger et mourir de faim », explique-t-elle.
La guerre en Syrie a fait plus de 380 000 morts et des millions de déplacés depuis le début de la guerre en 2011 avec la répression des manifestations antigouvernementales.