Devant les juifs slovaques, le pape exprime sa « honte » du passé
Le souverain pontife a déploré que le nom de Dieu ait souvent été utilisé "dans la folie de la haine" durant la Seconde Guerre mondiale pour le massacre des juifs slovaques
Le pape François a exprimé lundi sa « honte » pour le massacre des juifs slovaques, déplorant que le nom de Dieu ait souvent été utilisé « dans la folie de la haine » durant la Seconde Guerre mondiale.
Le pape argentin, qui s’exprimait devant la communauté juive de Slovaquie à Bratislava, sur une place où était érigée jadis une synagogue détruite sous le communisme, a en outre une nouvelle fois condamné toute forme d’antisémitisme.
Trois jours avant l’arrivée du pape, Bratislava avait présenté ses excuses officielles pour l’héritage sombre de l’époque du président Jozef Tiso, un prêtre catholique qui accepta d’envoyer des dizaines de milliers de juifs dans les camps de la mort allemands.
« Le nom de Dieu a été déshonoré : dans la folie de la haine, durant la Seconde Guerre mondiale, plus de cent mille juifs slovaques ont été tués. Et puis, lorsqu’on a voulu effacer les traces de la communauté, la synagogue a été détruite », a dénoncé le pape François.
« Ici, devant l’histoire du peuple juif, marquée par cet affront tragique et indescriptible, nous avons honte de l’admettre : combien de fois le nom ineffable du Très-Haut a été utilisé pour commettre des actes indicibles d’inhumanité ! Combien d’oppresseurs n’ont-ils pas déclaré : ‘Dieu est avec nous’ ; mais c’était eux qui n’étaient pas avec Dieu », a-t-il ajouté. Sans toutefois pointer spécifiquement du doigt Jozef Tiso.
Après la création en 1939 de la première République slovaque, un pays totalitaire satellite de l’Allemagne nazie, plusieurs lois anti-juives ont servi de base aux déportations de dizaines de milliers de juifs slovaques.
Dans la foule, Samuel Richard Toth, un étudiant de 22 ans, confie à l’AFP que la présence du pape était un « moment fort », véhiculant « la vision d’une Europe dépourvue d’antisémitisme » dont il a pourtant été témoin dans le pays « sous la forme de plaisanteries inappropriées et de discours de haine contre les juifs ».
Selon une étude publiée l’an dernier par Globsec, un groupe de réflexion slovaque, 51 % des Slovaques estiment que « les juifs ont trop de pouvoir et contrôlent secrètement les gouvernements et les institutions du monde entier ».
Richard Duda, président de l’Union centrale des communautés juives de Slovaquie, espère lui que la présence du pape François contribuera à améliorer les relations entre catholiques et juifs. A l’image de sa propre vie: « avec ma chère épouse, nous sommes un couple indissoluble judéo-chrétien depuis plus de trois décennies », a-t-il confié devant le pape.
Moins de 300 survivants restèrent dans le pays à l’issue de la guerre. Aujourd’hui la communauté ne compte plus qu’environ 2 000 personnes.