Annexion de pans de Cisjordanie : Dublin, l’UE et l’ONU mettent en garde Israël
L'accord de coalition de Netanyahu et Gantz stipule que l'annexion de la vallée du Jourdain et des implantations en Cisjordanie pourra faire l'objet d'un vote dès le 1er juillet

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a mis en garde le nouveau gouvernement israélien contre l’application de la souveraineté israélienne à certaines parties de la Cisjordanie.
« Un nouveau gouvernement israélien doit encore être formellement mis en place, et je souhaite que ce processus se déroule bien. Cependant, je pense qu’il est important, en tant qu’ami et partenaire d’Israël, d’être très clair sur la gravité d’une telle mesure », souligne-t-il dans une déclaration.
« L’annexion de territoires par la force est interdite par le droit international, y compris la Charte des Nations unies, quels que soient le moment et le lieu où elle se produit, en Europe ou dans le reste du monde. C’est un principe fondamental dans les relations entre les États et l’État de droit dans le monde moderne. Aucun État ne peut ignorer ce principe à sa guise », ajoute-t-il.
L’accord de coalition paraphé en début de semaine par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, stipule que l’annexion de la vallée du Jourdain et de toutes les implantations en Cisjordanie pourra faire l’objet d’un vote au sein du cabinet ou de la Knesset dès le 1er juillet.
Selon les termes de cet accord, la formation centriste Kakhol lavan n’est pas autorisée à faire obstruction à un vote sur le sujet, mais ses députés ne sont pas obligés de voter en faveur de l’annexion de la vallée du Jourdain.
De son côté, l’Union européenne a de nouveau exprimé jeudi son opposition à l’annexion de la Cisjordanie.
« L’Union européenne réitère que toute annexion constituerait une violation grave du droit international. L’Union européenne continuera à suivre de très près la situation avec ses répercussions plus larges, et agira en conséquences », a déclaré le ministère des Affaires étrangères de l’Union européenne Josep Borrell dans un communiqué.

Tout en soulignant que l’UE ne reconnaissait pas la souveraineté israélienne en Cisjordanie, Borrell a déclaré que le groupe travaillerait étroitement avec le nouveau gouvernement israélien pour lutter contre le coronavirus.
« La coopération technique se poursuit et sera renforcée dans tous les aspects de l’épidémie. La santé de nos citoyens et la gestion des conséquences économiques du coronavirus constituent une grande priorité partagée », a-t-il déclaré.
Ce à quoi le ministère israélien des Affaires étrangères a répondu en dénonçant la déclaration européenne.
« Il est regrettable que Josep Borrell, qui prétend être responsable des relations extérieures de l’Union européenne, ait choisi cette façon de souhaiter la bienvenue à un nouveau gouvernement et non pas comme à un partenaire central de l’UE et préfère voir les relations entre Israël et l’UE à travers le prisme de la pandémie et du « statut des territoires », a déclaré le ministère dans un communiqué.
Le ministère a également remis en question la décision de M. Borrell de publier ce communiqué, affirmant qu’il ne l’avait fait qu’après avoir échoué à obtenir le soutien de tous les États membres de l’UE.
« Nous nous demandons quels États l’honorable gentleman a choisi de représenter », a déclaré le ministère.
Le ministre des Affaires étrangères Israel Katz a remercié les Etats de l’UE qui ont refusé de soutenir le communiqué de M. Borrell, mais il ne les a pas nommés.
« Je remercie nos amis en Europe qui se sont opposés à l’annonce de Borrell et ont empêché l’adoption du texte au nom de l’UE. Ces États reconnaissent la valeur des relations avec Israël et nous continuerons à faire progresser les relations entre Israël et l’Europe avec eux », a-t-il déclaré.
Selon une source diplomatique, l’UE n’a pas procédé à un vote sur l’approbation du texte et la réunion a davantage porté sur le calendrier que sur le fond.
De même que pour les Nations unies. Le coordinateur spécial de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a mis en garde jeudi contre une annexion par Israël de zones en Cisjordanie, qui représenterait un « coup dévastateur à la solution à deux États » préconisée par la communauté internationale.
Lors d’une visioconférence du Conseil de sécurité, qui tient une réunion chaque mois sur le conflit israélo-palestinien, le responsable de l’ONU a relevé que la pandémie de Covid-19 avait entrainé « des exemples de coopération sources d’inspiration, au-delà les lignes de front, dans la bataille commune contre le virus ».
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« Mais la confrontation et les combats se poursuivent avec un bilan humain de la guerre qui continue de croître », a-t-il déploré.
« La perspective dangereuse d’annexion par Israël de parties de la Cisjordanie occupée est une menace croissante. Si une telle décision était mise en oeuvre, elle constituerait une violation grave du droit international, porterait un coup dévastateur à la solution à deux États, fermerait la porte à un renouvellement des négociations et menacerait les efforts visant à faire avancer la paix régionale », a affirmé Nickolay Mladenov.
« J’engage fermement les dirigeants israéliens et palestiniens à prendre des mesures vers la paix, à rejeter les mouvements unilatéraux qui ne feront qu’approfondir le fossé entre les deux peuples et saper les chances de paix », a-t-il ajouté.
Mercredi, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s’en était remis à l’Etat hébreu pour décider « en dernier ressort » d’annexer ou non des pans entiers de la Cisjordanie.