El Al abandonne son rabais post-7 octobre pour le transport des dons de matériel à l’armée
Le transporteur national déplore de ne pas gagner d'argent dans le cadre de ce programme ; les militaires rejettent l'idée qu'il n'y aurait plus de pénurie d'équipement
JTA – El Al, le transporteur national israélien, a mis un terme à un programme de rabais mis en place pour les bagages contenant des dons de matériels divers – un programme qui avait été mis en œuvre rapidement après l’attaque commise par le Hamas, le 7 octobre, dans un contexte de pénurie d’équipements militaires et médicaux.
La compagnie a indiqué avoir pris cette décision dans la mesure où d’autres options de transport qui avaient cessé d’être accessibles quand la guerre avait commencé l’étaient à nouveau, ajoutant que le besoin de dons, par ailleurs, a baissé avec des achats faits par l’armée qui se sont renforcés.
« Le 7 octobre, nous avons compris qu’il y avait un effort national majeur à fournir et nous étions aussi les seuls à encore offrir des services vers les États-Unis », a commenté Shira Kesselgross, responsable des communications avec les entreprises chez El Al, auprès de la Jewish Telegraphic Agency.
« Il y a eu beaucoup de dons dans un premier temps mais grâce à Dieu, l’armée est finalement parvenue à se tenir seule sur ses deux jambes et à assurer ses approvisionnements. Nous avons vu la demande diminuer de manière spectaculaire et en conséquence, nous avons repris notre politique habituelle. »
Après le 15 juin, envoyer des sacs d’équipements en Israël exigera, pour les organisations caritatives, un paiement d’environ 200 dollars par sac à la place des 50 dollars qui étaient exigés jusqu’à présent grâce au rabais consenti par El Al.
El Al a livré des dizaines de milliers de sacs par le biais de ce programme, a noté Kesselgross. Le poids des sacs pèse sur la note de carburant des vols et la cargaison occupe un espace qui ne peut être vendu aux autres entreprises qui souhaitent envoyer leurs produits en Israël en payant le prix fort.
« 50 dollars était un prix symbolique pour couvrir certains coûts », a-t-elle expliqué. « Nous n’avons pas gagné d’argent dans ce programme ».
Le point de vue du transporteur, qui estime que les besoins de dons ont chuté, reflète celui de l’armée israélienne qui déclare qu’il n’y a plus de pénurie d’équipement.
Ce qui n’est pas le positionnement adopté par les commandants sur le terrain et par les officiers en charge de la logistique, qui disent que cette ligne officielle est mensongère et que de nombreux soldats ne bénéficient actuellement que de casques de qualité médiocre et que certains équipements, comme les viseurs, ne sont pas disponibles en nombre suffisant.
De leur côté, les organisations caritatives qui collectent des dons aux États-Unis et les bénévoles issus de la société civile, en Israël, continuent à répondre à de nombreuses demandes soumises par les soldats, tous les jours, tout en reconnaissant qu’ils délivrent de moindres quantités d’équipements, le flot de dons provenant des Juifs de Diaspora ayant diminué.
Bergen County Lev Echad, une organisation caritative du New Jersey, estime avoir envoyé plus de 11 000 sacs en Israël depuis le 7 octobre, selon Brian Nave, qui est bénévole au sein de ce groupe.
Et il continue à transmettre 20 à 30 sacs par semaine – ce qui représente une baisse significative par rapport aux derniers mois – mais les équipements envoyés, comme des drones et autres appareils électroniques, ont tendance à être plus cher, ajoute Nave.
Nave déclare être déçu de la décision prise par El Al – mais il répugne toutefois à critiquer la firme qui, pendant la guerre, a enregistré des profits records dans la mesure où El Al a été le seul transporteur à opérer depuis et vers Israël.
« Ça va tout rendre beaucoup plus cher mais c’est compréhensible », indique-t-il. « Je ne vais pas me mettre en colère contre eux – ils ont été nos partenaires. Mais cela va coûter beaucoup plus d’argent aux Juifs ».
Israël reste en état de guerre à Gaza – mais le pays a réduit le déploiement de ses troupes de manière significative après avoir mobilisé des centaines de milliers de réservistes. Par ailleurs, les tensions restent fortes dans le nord du pays alors qu’Israël fait face aux hostilités du Hezbollah, qui tire des roquettes depuis le Liban.
El Al observe de près la situation sécuritaire et pourrait remettre en place un programme de rabais en cas d’escalade militaire, déclare Kesselgross.
« Si nous constatons soudain une nouvelle nécessité militaire en raison d’une nouvelle campagne majeure sur un front ou sur l’autre, nous sommes prêts à remettre en place un programme de rabais d’urgence », dit-elle.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.