El Al suspend ses vols vers Moscou après le crash d’un avion vraisemblablement abattu par la Russie
La liaison interrompue pour une semaine ; les défenses aériennes russes auraient abattu l'avion d'Azerbaijan Airlines détourné d'une zone ciblée par les drones ukrainiens
![Des secouristes sur le site du crash d'un avion de ligne d'Azerbaijan Airlines près de la ville d'Aktau, dans l'ouest du Kazakhstan, le 25 décembre 2024. (Crédit: Ministère des situations d'urgence du Kazakhstan/AFP) Des secouristes sur le site du crash d'un avion de ligne d'Azerbaijan Airlines près de la ville d'Aktau, dans l'ouest du Kazakhstan, le 25 décembre 2024. (Crédit: Ministère des situations d'urgence du Kazakhstan/AFP)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2024/12/12.27-Aktau1-640x400.jpg)
La compagnie aérienne israélienne El Al a annoncé jeudi la suspension de tous ses vols entre Tel Aviv et Moscou pour la semaine à venir, des responsables azéris ayant affirmé que l’avion de ligne qui s’est écrasé mercredi au Kazakhstan aurait été abattu par les défenses antiaériennes russes.
La chaîne publique Kan a également rapporté que la suspension était motivée par les attaques de drones ukrainiens visant des aéroports en Russie. Plus tôt mercredi, le ministère russe de la Défense avait annoncé avoir intercepté 59 drones ukrainiens au-dessus de plusieurs régions.
En citant les « développements dans l’espace aérien russe », El Al a déclaré qu’elle réévaluerait la reprise des vols la semaine prochaine et tiendrait ses passagers informés de l’évolution de la situation.
El Al, qui assure cette liaison cinq fois par semaine, est l’une des dernières compagnies occidentales à desservir Moscou, malgré les sanctions imposées après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. Selon le Bureau central des statistiques (CBS), Israël compte environ 1,3 million de russophones — soit environ 13 % de sa population — dont beaucoup sont citoyens russes et ont des proches en Russie.
La piste d’un missile russe semblait privilégiée jeudi pour expliquer le crash de l’avion d’Azerbaijan Airlines ayant fait 38 morts au Kazakhstan la veille, selon un responsable américain sous couvert de l’anonymat et des médias citant des sources azerbaïdjanaises.
Des experts avaient aussi évoqué la possibilité que l’appareil, qui transportait 67 personnes, ait été abattu par erreur par la défense antiaérienne russe, même si cette hypothèse n’a pas été confirmée de façon officielle.
Voilà ce que l’on sait de ce crash.
Défense antiaérienne
Les premières informations pointent vers la responsabilité d’un système russe de défense antiaérienne, a affirmé jeudi un responsable américain s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
????New video by Azerbaijani source Calibre from the crash site of the Azerbaijan Airlines plane. This hole does not appear to be caused by a bird #BREAKING pic.twitter.com/sKtdkNewIS
— Vega (@Vega12991453) December 25, 2024
L’Azerbaïdjan pense également qu’un missile russe est à l’origine de ce crash, ont indiqué des médias azerbaïdjanais et internationaux en citant des sources anonymes au sein du gouvernement de ce pays du Caucase.
Selon cette version, l’appareil Embraer 190 aurait été touché en s’approchant de Grozny, et aurait poursuivi son vol vers le Kazakhstan, où il s’est finalement écrasé.
Des experts militaires et d’aviation avaient eux aussi affirmé, commentant des impacts visibles sur l’épave de l’appareil, qu’il avait pu être abattu par accident par un système russe de défense antiaérienne.
L’avion reliait l’Azerbaïdjan à la république russe de Tchétchénie, où des attaques de drones ukrainiens avaient été rapportées ces dernières semaines.
Mercredi, les autorités russes avaient fait part de frappes de drones dans deux régions voisines de la Tchétchénie, l’Ossétie du Nord et l’Ingouchie, à des centaines de kilomètres de la ligne de front ukrainienne.
« Les traces qu’on voit sur l’avion laissent quand même penser que c’est assez probable » qu’il ait été abattu par un missile, a déclaré à l’AFP Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA).
Un blogueur et expert militaire russe, Iouri Podoliaka, a assuré sur Telegram que ces traces étaient similaires à celles qui pourraient être causées par « un système de missiles anti-aériens ».
Un ancien expert du BEA, sous couvert d’anonymat, a aussi cité comme élément « le témoignage d’un passager qui aurait reçu des éclats dans son gilet de sauvetage ».
![](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2024/12/12.27-Aktau2.jpg)
Théorie des oiseaux
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé jeudi qu’il « serait inapproprié d’émettre des hypothèses avant les conclusions de l’enquête ».
Les autorités du Kazakhstan, proche allié de la Russie, ont aussi dénoncé des « spéculations » et ouvert une investigation.
Azerbaijan Airlines a affirmé dans un premier temps que l’avion avait percuté une nuée d’oiseaux, avant de retirer cette information.
Cette version a aussi été évoquée mercredi par l’agence de l’aviation civile russe (Rosaviatsia).
L’ancien expert du BEA a jugé la théorie peu probable. Des impacts d’oiseaux sur la structure, « ça n’empêche pas l’avion de voler », a-t-il dit.
Le département régional du ministère kazakh de la Santé a lui fait état de « l’explosion d’un ballon » à bord de l’appareil.
Etrange trajectoire
L’avion assurait mercredi un vol entre Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, et Grozny, capitale de la république caucasienne russe de Tchétchénie.
Mais il s’est écrasé de l’autre côté de la mer Caspienne, près du port d’Aktaou dans l’ouest du Kazakhstan, situé très à l’est de sa destination initiale.
L’ancien directeur du BEA, Jean-Paul Troadec, a estimé que la trajectoire suivie par l’avion était « une grosse inconnue » de l’affaire.
L’agence de l’aviation civile russe (Rosaviatsia) avait indiqué mercredi qu' »en raison d’une situation d’urgence à bord de l’avion, son commandant avait décidé de ‘se rendre’ vers un autre aérodrome – Aktaou a été choisi ».
Le site spécialisé Flightradar24, qui suit les vols, a indiqué que l’appareil avait subi durant son vol « d’importantes interférences GPS ».
L’avion a un temps « cessé d’envoyer des données de positionnements » puis a envoyé des données « probablement fausses », avant que la situation ne revienne à la normale, a affirmé le site.
Victimes
L’avion transportait 62 passagers et cinq membres de l’équipage.
Selon le ministère kazakh des Situations d’urgence, 38 personnes ont été tuées et « 29 survivants, parmi lesquels trois enfants, ont été hospitalisés ».
Il y avait 37 ressortissants azerbaïdjanais, six ressortissants kazakhs, trois citoyens kirghiz et 16 citoyens russes à bord de l’appareil, selon le ministère kazakh des Transports.
Les corps de quatre victimes ont été rapatriés jeudi en Azerbaïdjan, selon la compagnie Azerbaijan Airlines, le retour de 14 blessés étant aussi attendu dans la journée.