Israël en guerre - Jour 538

Rechercher

En Irak, des Yazidis retrouvent les camps après les combats au Sinjar

Communauté kurdophone, la minorité yazidie a été persécutée des siècles durant en raison de ses croyances, avant de subir de plein fouet la violence de l'EI

Des Yazidis déplacés dans le camp de Chamishko pour personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) dans la ville de Zakho, dans le nord de la région autonome kurde d'Irak, le 5 mai 2022. (Crédit : SAFIN HAMED / AFP)
Des Yazidis déplacés dans le camp de Chamishko pour personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) dans la ville de Zakho, dans le nord de la région autonome kurde d'Irak, le 5 mai 2022. (Crédit : SAFIN HAMED / AFP)

Joundi Khodr Kalo est policier dans un village de la région du Sinjar. Quand des affrontements ont éclaté entre des combattants yazidis et l’armée irakienne, il a dû quitter une nouvelle fois sa terre natale, comme des milliers d’autres.

La majorité des 10 000 déplacés accueillis ces derniers jours au Kurdistan irakien, dans le nord de l’Irak, ont déjà goûté aux conditions de vie précaires des camps. Ils avaient fui une première fois Sinjar, foyer historique de la minorité yazidie, avec l’arrivée en 2014 du groupe Etat islamique (EI).

« La dernière fois, on a été déplacé par peur de l’EI. On était resté six ans dans un camp », se souvient M. Kalo, 37 ans, arrivé le 2 mai avec sa femme et ses cinq enfants dans le camp de Chamishko, près de la ville de Zakho.

Cela faisait deux ans à peine qu’il avait retrouvé son village. « Malgré les difficultés, on se débrouillait au quotidien, soupire-t-il. Mais dernièrement, la situation s’était détériorée ».

Deux jours de combats d’une rare intensité ont opposé les 1er et 2 mai l’armée irakienne et les Unités de résistance du Sinjar, faction armée affiliée aux rebelles kurdes turcs Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Mais depuis longtemps, la région vit au rythme des escarmouches. « Quotidiennement on entendait les bruits des tirs et des explosions, on a eu peur pour nos familles », raconte M. Kalo.

Des Yazidis déplacés dans le camp de Chamishko pour personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) dans la ville de Zakho, dans le nord de la région autonome kurde d’Irak, le 5 mai 2022. (Crédit : SAFIN HAMED / AFP)

« Surpopulation »

Communauté kurdophone pluri-centenaire adepte d’une religion ésotérique monothéiste, la minorité yazidie a été persécutée des siècles durant en raison de ses croyances. Avant de subir de plein fouet la violence de l’EI.

Parmi les déplacés récemment arrivés au Kurdistan autonome, nombreux sont ceux qui, après avoir fui une première fois l’EI, étaient rentrés chez eux en 2020 seulement, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Le long des allées de Chamishko, où vivent plus de 22.000 personnes, s’alignent les tentes faites de bâches épaisses. A l’intérieur, les mêmes matelas de fine mousse posés au sol, où sont assises de vieilles femmes au visage soucieux.

Près des bureaux de l’administration, des dizaines d’hommes et de femmes forment deux files devant un camion distribuant des cartons d’aides alimentaires : un kilo de sucre, du thé, du riz, de la farine, du lait. De quoi tenir une semaine.

Des Yazidis déplacés reçoivent une aide alimentaire dans le camp de Chamishko pour personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) dans la ville de Zakho, dans le nord de la région autonome kurde d’Irak, le 5 mai 2022. (Crédit : SAFIN HAMED / AFP)

Quelque 1 711 familles du Sinjar, soit 10 261 personnes, sont arrivées la première semaine de mai au Kurdistan, selon un responsable local. Aujourd’hui, 964 familles vivent dans des camps. Les autres ont trouvé refuge chez des proches.

« Les camps sont surpeuplés et il y a un risque d’accès limité aux services de base, à cause d’une baisse de financements humanitaires », a indiqué à l’AFP un porte-parole du HCR, Firas al-Khateeb.

Son agence soutient les « solutions durables » permettant aux gens de retrouver leurs maisons, dit-il. « Mais tout retour doit être volontaire, respecter la dignité humaine, et se faire dans un environnement pacifique. »

Selon les autorités irakiennes, le calme est revenu au Sinjar. Mais la dernière poussée de fièvre illustre les tensions qui couvent dans un secteur où sont impliqués une multitude d’acteurs.

« Personne ne rentrera »

Les Unités de résistance du Sinjar, dont les combattants sont aussi affiliés aux ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi, accusent l’armée de vouloir prendre le contrôle de leur région.

L’armée souhaite, elle, faire appliquer un accord négocié par Bagdad avec le Kurdistan irakien, qui stipule le retrait des combattants yazidis et du PKK.

Les forces kurdes irakiennes participent à une opération soutenue par des frappes américaines dans la ville de Sinjar, dans le nord de l’Irak, le 12 novembre 2015, pour reprendre la ville au groupe État islamique et couper une ligne d’approvisionnement clé vers la Syrie. (Crédit : AFP / SAFIN HAMED)ye

Des « renforts militaires » ont été dépêchés au Sinjar pour « imposer l’hégémonie de l’Etat », a annoncé le commandement conjoint des forces de sécurité irakiennes dans un communiqué le 5 mai : « Nous n’autoriserons pas la présence de groupes armés. »

Le Sinjar est aussi la cible de raids aériens sporadiques menés par la Turquie voisine contre des bases du PKK, un groupe classé « terroriste » par Ankara.

Dans cette poudrière, les Yazidis sont des victimes collatérales.

Zaïm Hassan Hamad, 65 ans, a fui Sinjar une première fois à cause « des attaques de l’EI ». Aujourd’hui, avec ses enfants et ses petits-enfants, sa famille de 17 personnes se retrouve à Chamishko.

« Si on ne nous garantit pas sécurité et stabilité, cette fois-ci nous ne retournerons pas à Sinjar. On ne peut pas rentrer et à chaque fois être déplacés », lance-t-il: « Si le Hachd, le PKK et l’armée restent dans la région, les gens auront peur et personne ne rentrera. »

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.