En quittant le Congrès américain, Elaine Luria accuse ses collègues d’antisémitisme
La législatrice juive de Virginie s'insurge contre les "allégations de double loyauté", une remarque qui semble viser ses collègues démocrates Ilhan Omar et Rashida Tlaib
WASHINGTON (JTA) – Lors de son discours d’adieu au Congrès, la députée américaine Elaine Luria, démocrate juive de Virginie, a interpellé ses collègues de la Chambre des représentants qui, auraient véhiculé à son sujet le trope antisémite de double loyauté.
« La première fois que j’ai pris la parole à la Chambre des représentants, c’était lors d’une intervention en tant que femme juive pour dénoncer l’antisémitisme, qui connaît une montée rapide et alarmante et qui a même fait son apparition chez nos collègues dans notre propre chambre, sous la forme d’allégations de double allégeance envers ceux qui soutiennent Israël, notre allié le plus solide au Moyen-Orient », a déclaré Luria mercredi.
Luria semblait faire référence à ses collègues parlementaires démocrates Ilhan Omar du Minnesota et Rashida Tlaib du Michigan. En 2019, Tlaib avait attaqué les républicains qui soutenaient un projet de loi visant le mouvement de boycott d’Israël, déclarant dans un tweet : « Ils ont oublié quel pays ils représentent. »
La même année, Omar avait accusé l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), un puissant lobby pro-Israël, d’acheter de l’influence. Elle s’est excusée, mais peu de temps après, elle a déclaré qu’elle ne devait pas être réduite au silence pour avoir exposé les actions d’un « puissant groupe de lobbying » et pour avoir plaidé contre ceux qui déclarent « que c’est normal de pousser à faire allégeance à un pays étranger ».
Luria, élue en 2018 au sein d’une promotion de femmes politiques qui a profité du mouvement de colère contre l’ancien président Donald Trump, a été l’une des démocrates les plus étroitement alliées au lobby pro-israélien traditionnel. L’année dernière, elle a signé avec trois autres démocrates une lettre qui accusait Omar et Tlaib de tenir des propos antisémites. Un certain nombre de juifs progressistes défendent fidèlement Omar, affirmant que l’accuser d’antisémitisme est injustifié.
L’accusation selon laquelle les Juifs ont des loyautés envers des pays autres que celui où ils vivent et qu’on ne peut donc pas leur faire confiance remonte à des milliers d’années avant la création de l’État d’Israël, mais les liens des Juifs américains avec Israël ont alimenté les critiques du discours antisémite depuis 1948. L’ancien président américain Donald Trump a, à de multiples reprises, notamment lorsqu’il se trouvait dans le bureau ovale en 2019, invoqué l’idée que les juifs américains ne sont pas loyaux s’ils ne soutiennent pas entièrement Israël.
Ancienne commandante de la marine, Luria a remporté deux victoires dans un district à forte proportion d’anciens combattants de la marine, à tendance républicaine. Elle a joué un rôle déterminant dans l’enquête sur les actes frauduleux présumés de Trump, tout en sachant que cela pourrait se retourner contre elle dans son district. Dans une annonce expliquant pourquoi elle a voté en faveur de la destitution de Trump, elle a parlé du serment qu’elle a prêté à la Constitution en brandissant une vieille bible en hébreu. Elle a perdu de quelques points de pourcentage dans le 2e district de Virginie en novembre, à la fin de son deuxième mandat.
Luria a également évoqué la montée de l’antisémitisme et ses dangers, dans son discours mercredi.
« Je repense à ce premier discours que j’ai prononcé en tant que membre du Congrès et je suis encore plus inquiète aujourd’hui par la montée en flèche et l’omniprésence de l’antisémitisme », a-t-elle déclaré. « J’implore mes collègues de persévérer dans leur mission d’éradiquer ce fléau qu’est l’antisémitisme vil et pernicieux. »